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Déstabilisation ou révolution

par mallers

Publie le samedi 19 septembre 2015 par mallers - Open-Publishing

Cela peut sembler paradoxal : d’un côté on éjecte de plus en plus de travailleurs de la production qui sous l’effet de la concurrence et de la productivité sont remplacé par des robots ; et d’un autre côté , le corps humain devient une source d’investissement économique et symbolique pour de plus en plus de gens . Ces 2 aspects ne sont en fait que les revers d’une même médaille qui se retrouvent dans le déni de la personne humaine dans sa singularité . Même si la force de travail humaine est dévalorisée , le corps reste un marché économique tout du moins pour ceux qui ont les moyens financiers de se faire rafistoler des parties du corps , augmenter leurs capacités musculaires ou se remodeler esthétiquement suivant certains standards du marché . Pour l’immense majorité de la population mondiale , leur corps " colle " encore à ce réservoir de main d’oeuvre censée se vendre à un prix dérisoire sur le marché du travail ; chacun est en concurrence avec tous les autres pour marchander sa force de travail au coût le plus bas qui intéressera encore le capital pour une durée de plus en plus limitée dans le renouvellement des cycles d’accumulation capitaliste .
Même si le capital occidental n’a pas programmé à l’avance l’arrivée des migrants et leur potentiel de main-d’oeuvre à bas coût , on comprend qu’il y ait actuellement des tiraillements entre les dirigeants européens pour savoir comment gérer cet afflux . Les grands pays industriels à la tête de l’Europe comme la France et l’Allemagne ne se gênent pas d’ouvrir , dans des proportions certes relatives , les frontières considérant cette manne comme une main-d’oeuvre plus corvéable et un marché de consommation ; pour les autres petits pays européens , le problème est tout différent car ils sont aux premières loges ( Hongrie , Grèce , Turquie , Croatie , Serbie ) pour recevoir ces réfugiés ; de plus la plupart d’entre eux dans la région des Balkans , ont été marqués historiquement par des conflits interethniques issus des redécoupages de frontières au lendemain de la Première Guerre mondiale après que les Empires Austro-hongrois et Ottoman aient volé en éclats ; des pays comme la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ont payé très cher le démembrement du Bloc de l’Est en 1991 ; fragilisés par les guerres entre communautés ethniques et religieuses , ils ne peuvent qu’être méfiants vis à vis de ces réfugiés qui arrivant par milliers sont des sources de déstabilisation sociale et financière .
Dans la deuxième moitié du XIX ème siècle , les migrants européens et asiatiques arrivaient par millions sur les côtes nord américaines dans un pays neuf en pleine expansion économique . Actuellement , la rapacité coloniale des pays occidentaux en Afrique et en Asie déstabilisent de plus en plus de pays par le moyen de la guerre économique si ce n’est pas la guerre tout court créant d’énormes secteurs géographiques d’instabilité alimentant les rebellions terroristes . Ces migrants du XXI ème siècle arrivent dans des pays frappés de plein fouet par la crise économique et leur marché du travail ne peut absorber qu’une quantité limitée de travailleurs potentiels low-cost . Que les pays érigent des murs pour se protéger de cet afflux de déracinés ou qu’ils les reçoivent pour mieux les exploiter en les mettant en concurrence avec leurs travailleurs locaux , aucune solution que propose le capital n’est viable à long terme . La machine capitaliste mondial étant définitivement en panne - même si subsistent momentanément des poches de croissance - ne peut qu’accentuer la misère pour tout le monde et favoriser davantage les conflits sanglants entre communautés si elles ne trouvent par elles-mêmes les ressources politiques et morales pour construire une civilisation plus humaine débarrassée des catégories mortifères du capital et de ses gérants , les Etats .

https://sniadecki.wordpress.com/2015/09/13/biagini-lafontaine/