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Deux associations punies par l’Etat

Publie le vendredi 11 juin 2004 par Open-Publishing

L’événement

MALGRÉ la victoire des « recalculés » contre l’Assedic aux côtés
desquels elle s’est longuement battue, Marie-Simone Ivora, la présidente
de l’Apeis, à Stains, est catastrophée. La préfecture, qui n’a pas goûté
les propos d’un tract diffusé par l’association, lui a annoncé que sa
subvention ne serait pas renouvelée. La même punition sera infligée à
l’association Africa (lire ci-dessous), qui se consacre notamment au
soutien scolaire à La Courneuve.

La raison de la coupure des vivres de l’Apeis ne fait pas mystère. Au
début de l’année, l’association a imprimé un tract lors de son combat
pour les « recalculés » où Jean-Pierre Raffarin était comparé à un « 
maquignon ». Elle paie le prix fort pour cette insolence : la
suppression des 4 500 € de subvention, accordés depuis 1996, pour les
comités de La Courneuve et de Stains. « C’est la moitié du budget annuel
 », se lamente Marie-Simone Ivora. Un budget qui sert à faire vivre un
atelier d’insertion professionnelle où des chômeurs de longue durée
apprennent les techniques de l’entretien d’embauche et où les salariés
précaires étudient le droit du travail. « Cette décision est injuste car
elle brime les chômeurs », s’indigne la présidente de l’association qui
s’estime victime « d’un délit d’opinion ».

La préfecture se défend de
toute chasse aux sorcières mais souligne que si « les associations sont
libres de s’exprimer elle aussi est libre de choisir les projets qu’elle
entend financer ». Et le sous-préfet de Saint-Denis, Raymond Le Deun,
annonce clairement que « la subvention de l’Apeis a été supprimée parce
qu’elle a outragé le Premier ministre. Il ne s’agit pas du tout d’une
baisse de nos crédits ». L’Apeis de son côté a reçu le soutien d’une
cinquantaine de personnes, parmi lesquelles la députée PCF Marie-George
Buffet et le maire communiste de Stains, Michel Beaumale. Mercredi
prochain, l’association s’invitera à la préfecture de Bobigny afin de
rencontrer le préfet, Michel Sappin, et tenter d’infléchir sa décision.

Julien Constant

Le Parisien