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Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction
Publie le lundi 19 février 2007 par Open-Publishing13 commentaires
Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction
Par Jonathan Steele
Des experts confirment que le président iranien n’a pas appelé à ce qu’Israël soit "rayé de la carte". Des rapports disent qu’il a servi à renforcer les faucons occidentaux.
Mon récent commentaire, expliquant comment les propos du président iranien avaient été salement déformés lorsqu’il a prétendument appelé à ce qu’"Israël soit rayé de la carte", a causé une petite tempête bienvenue. Les faucons occidentaux et israéliens se sont saisis de cette phrase pour redoubler leurs suspicions sur les intentions du gouvernement iranien. Il est donc important de faire la lumière sur ce qu’il a réellement dit.
J’ai pris ma traduction sur le site internet de l’infatigable Professeur Juan Cole, "le régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps", où elle se trouvait depuis des semaines.
Mais il semble que ce soit surtout grâce au Guardian, qui lui a donné de l’importance, que le New York Times, qui fut l’un des premiers journaux à déformer les propos de Mahmoud Ahmadinejad, est sorti dimanche dernier avec un article défensif tentant de justifier la traduction d’origine de son journaliste : "rayer de la carte". (Soit dit en passant, pour ceux qui parlent le farsi, la version originale se trouve ici.)
Parmi ceux qui ont rejoint la foule des "rayer de la carte", on retrouve David Aaronovitch, un éditorialiste du Times (de Londres), qui a attaqué hier mon analyse. Je ne perdrai pas mon temps avec lui puisque sa connaissance du farsi est aussi minimale que son latin. Le pauvre homme pense que le pluriel de casus belli est casi belli, inconscient que casus est la quatrième déclinaison et que son pluriel est casus (avec un u long).
Ethan Bronner, du New York Times, et Nazila Fathi, qui travaille pour le bureau de Téhéran, ont une argumentation plus sérieuse. Ils ont consulté plusieurs sources à Téhéran. "Sohran Mahdavi, l’un des traducteurs les plus en vue en Iran, et Siamak Namazi, le PDG d’une firme de consultants à Téhéran, qui est bilingue, disent tous deux que "rayer" ou "balayer" sont plus corrects que "disparaître", parce que le verbe persan est actif et transitif, écrit Bronner.
Le New York Times poursuit : "Le deuxième problème de traduction concerne le mot ’carte’. Les mots de Khomeyni étaient abstraits : ’Sahneh roozgar.’ Sahneh signifie les pages du temps ou l’histoire. Personne n’a remarqué ce changement et les agences de presse ont à nouveau utilisé le mot ’carte’.
Ceci, de mon point de vue, est le point crucial et je suis heureux que le NYT accepte de dire que le mot ’carte’ n’a pas été utilisé par Ahmadinejad. [...].
Si le président iranien a fait une erreur et utilisé le mot "safheh" plutôt que "sahneh", ce ne serait pas de grande importance. [...] La question significative est que les deux phrases se réfèrent au temps plutôt qu’à l’endroit. Ainsi que je l’avais écrit dans mon message d’origine, le président iranien exprimait un vague souhait pour le futur. Il ne menaçait pas d’une guerre initiée par l’Iran pour supprimer le contrôle d’Israël sur Jérusalem.
Deux autres sources bien établies pour cette traduction confirment qu’Ahmadinejad se référait au temps, pas au lieu. La version du discours du 26 octobre 2005, diffusée par le Middle East Media Research Institute [l’Institut de Recherche des Médias du Moyen-Orient], le MEMRI, et basé sur le texte en farsi communiqué par l’Agence de Presse des Etudiants Iraniens, dit : "Ce régime qui occupe al-Qods [Jérusalem] doit être éliminé des pages de l’histoire". (Notez bien : pas ’rayé’, bien que ce soit plus long si vous essayez de trouver quatre mots accrocheurs et facilement mémorisables avec lesquels inciter à la colère contre l’Iran).
Le MEMRI (sa version du discours est disponible ici) est dirigé par un ancien officier du renseignement militaire israélien et a parfois été attaqué pour des déformations présumées de citations en farsi et en arabe au bénéfice de la politique étrangère israélienne. A cette occasion, ils ont soutenu le point de vue à tendance pacifique qu’a exprimé Ahmadinejad.
Enfin, nous en arrivons au service d’écoute de la BBC qui envoie chaque jour des centaines de traductions en anglais hautement respectées d’émissions provenant de partout dans le monde à ses abonnés - surtout des gouvernements, des services de renseignement, des groupes de réflexion et autres spécialistes. Je les ai approchés cette semaine au sujet de cette controverse et un porte-parole de l’unité marketing du service d’écoute, qui n’a pas voulu que son nom soit utilisé, m’a dit que leur version originale était "éliminé de la carte du monde".
En résultat de mes enquêtes et de la controverse générée, ils s’étaient retournés vers les présentateurs de langue natale farsi qui avaient traduit le discours à partir d’un enregistrement audio rendu disponible le 29 octobre 2005 par la télévision iranienne. Voici ce que le porte-parole m’a dit à propos de la section "rayé de la carte" : "Le permanencier a vérifié à nouveau. C’est une expression difficile à traduire. Ils étaient sous pression pour fournir rapidement une traduction et ils cherchaient la bonne phrase. Avec plus de temps pour penser, ils auraient dit que la traduction devrait être "éliminé de la page de l’histoire".
La BBC diffuserait-elle une correction, étant donné que la question était devenue si controversée ? ai-je demandé. "Ce serait longtemps après la version d’origine", fut leur réponse. J’interprète cela comme "probablement pas", mais nous verrons.
Enfin, j’ai approché Iradji Bagherzade, le fondateur de naissance iranienne et président de la célèbre maison d’édition, IB Tauris. Il a pensé très fort au mot "roozgar". "Histoire" n’était pas le terme juste, a-t-il dit, mais il ne pouvait pas décider entre plusieurs alternatives meilleures "à notre époque", "ces temps-ci", "notre époque", "temps".
Ainsi, nous l’avons. A commencer par Juan Cole, puis par les experts du New York Times, en passant par le MEMRI et les permanenciers de la BBC, le consensus est qu’Ahmadinejad n’a pas parlé de cartes. Il proposait, comme j’insiste dans mon article d’origine, un vague souhait pour le futur.
Un tout dernier point. Le fait qu’il ait comparé l’option qu’il désirait - l’élimination du "régime occupant Jérusalem" - avec la chute du régime du Shah en Iran fait qu’il est clair comme de l’eau de roche qu’il parle de changement de régime, pas de la fin d’Israël. Alors écolier opposant au Shah dans les années 70, il n’a sûrement pas été en faveur de l’élimination de l’Iran de la page de l’histoire. Il voulait seulement que le Shah parte.
La même chose en ce qui concerne Israël. Le président iranien est sans aucun doute un opposant au sionisme ou, si vous préférez cette phrase, au régime sioniste. Mais un nombre substantiel de citoyens israéliens le sont aussi, des Juifs comme des Arabes. Les traditions antisionistes et non-sionistes en Israël ne sont pas insignifiantes. Donc nous ne devrions pas diaboliser Ahmadinejad sur ces seuls critères.
Est-ce que cet ergotage à propos de phrases est important ? Oui, bien sûr ! En quelques jours, après le discours d’Ahmadinejad, le Premier ministre israélien d’alors, Ariel Sharon, appelait à ce que l’Iran soit expulsé des Nations-Unies. D’autres dirigeants étrangers ont cité la phrase contenant le mot carte. Les Etats-Unis mettent de la pression sur leurs alliés pour qu’ils soient durs avec l’Iran.
Permettez-moi de donner le dernier mot à Juan Cole, avec lequel j’ai commencé. "Je suis entièrement conscient qu’Ahmadinejad est hostile à Israël. La question est de savoir si ses intentions et ses capacités conduiraient à une attaque militaire et si, par conséquent, une guerre préventive est prescrite. Je dis non et cette philologie assommante fait partie de la raison pour dire non".
Traduit de l’anglais par [JFG-QuestionsCritiques]
The Guardian, 14 juin 2006
article original : "Lost in translation"
Par Jonathan Steele
http://questionscritiques.free.fr/edito/Jonathan_Steele/traduction_discours_Ahmadinejad_140606.htm
Messages
1. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 18:14
et la conférence des négationistes de la shoah était également une erreur de traduction......????
1. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 20:04
Selon Wikipédia (http://en.wikipedia.org/wiki/Holocaust_conference#_note-0), citant le journal allemand Der Spiegel du 12 décembre, le Ministre des Affaires Etrangères iranien, M. Manouchehr Mottaki, a déclaré que la conférence ne cherchait « ni à nier ni à prouver la réalité de l’holocauste [...] mais à permettre aux universitaires de profiter d’une atmosphère scientifique appropriée pour exprimer leurs opinions en toute liberté sur un sujet historique ».
2. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 21:03
wolfowitz c’est l’homme qui a provoqué l’agression coloniale en Irak La propagande nos journalistes prostitués parlent de terrorisme d’ attentats de violence C’est, désormais, dans l’esprit de wolfowitz un monstre manifestement pire que Hitler par comparaison à ce qui se passe en Irak. Ça vous semble du délire ? Imaginez vous que l’Amérique le plus puissant pays au monde, est dirigée par un Président qui est tombé totalement et inconditionnellement sous l’influence de l’idéologie straussienne Une trentaine de faucons de l’administration Bush sont pétris de cette idéologie. Les conséquences possibles de cette situation font frémir. Sans foi, ni loi, ni moralité, manipulant les autres, méprisant les masses, les straussiens américains ont commencé à étendre leur ombre malfaisante sur le monde.
Les usa en Irak
détruisant des maisons, des écoles, des universités, des centrales électriques, des rues, des ponts, des vergers, des plantations et en annihilant des familles entières qui dormaient dans l’intimité de leurs maisons. Ils n’hésitent pas à utiliser des armes de destructions massives notamment à uranium appauvri UA238. Le gaz « efficace » utilisé par l’Allemagne nazie n’avait pas « d’effet tueur » à long terme. Le gaz d’oxyde d’uranium (UA 238) qui flotte dans l’air, invisible, inodore, sans saveur, utilisé par l’Administration sioniste néo-fasciste de Bush, a tué des centaines de milliers de civils, tue les Irakiens pas encore nés, ses propres soldats, ceux de la coalition et leurs futurs enfants, grâce aux malformations congénitales et aux cancers induits par les radiations.
FAUT AVOIR PEUR DE QUI
Il suffit de voir la réaction de l’occident face au 11 septembre
je comprend le président Iranien
3. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 21:39
Qu’est-ce que le philosophe Léo Strauss a à voir avec Bush ? Rien, sinon qu’il était professeur, que c’était un libéral et que Wolfowitz a vaguement suivi ses cours. Léo Strauss est mort en 1973, bien avant l’arrivée au pouvoir de Bush et même de Reagan. 82 71 n’a évidemment pas lu une seule ligne de Léo Strauss mais il aime parler "d’idéologie straussienne" parce que ça sonne juif et que la théorie paranoïaque du grand complot a besoin d’un grand méchant juif qui tire les ficelles.
2. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 19:40
l’Occident est le meilleur en tout, surtout dans les traductions qui l’arrange... TZ.
3. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 19 février 2007, 22:08
Oú peut-on trouver les déclarations originales citées dans cet article ?
4. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 00:30
Le 10 novembre 2005, j’avais reçu ce message...
« Le président Iranien n’a pas dit "Rayer Israel de la carte", mais "rayer "LE REGIME", ce qui est tout a fait différent, et même tout à fait légitime. Le texte est publié sur le site du patronat juif (une sorte de succursale commune du Medef et du Crif) que l’on ne peut pas soupçonner de sympathie pour l’Iran. »
Il y a aussi un lien vers le texte en persan... que je peut vous envoyer si vous le souhaitez.
Mais comme j’ignore le persan ou farsi...
...et, à l’époque, je l’avais bien envoyé à quelques personnes et médias mais...
louise
1. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 08:53
Pour un Israélien, la différence entre être physiquement "rayé de la carte" et vivre sous une république islamique dont rêve le Hamas ou le Hezbollah, c’est à peu près la différence entre crever dans un camp d’extermination et survivre dans un camp de concentration. De toutes façons, ces questions sont parfaitement oiseuses. Israël existe, il a 200 bombes pour se défendre et le sinistre régime iranien des mollahs, qui ne survit que par la terreur quotidienne exercée sur la population iranienne, disparaïtra bien avant ça.
2. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 09:39
Qu’israel rende les terres qu’il a volées aux arabes, et libère la palestine de son occupation criminelle, qu’il obeisse aux résolutions de l’onu, que ses dirigeants et ses soldats soient jugés et punis pour les violations des droits humains qu’il commet à l’encontre des civils, avant que des gens comme toi puissent se poser en donneur de leçons
je te rappelle que les dirigeants sionistes ont coopéré avec les nazis, tu n’as pas à confondre juifs et sionistes comme vous le faites sans cesse toi et "collègues" propagandistes, le sionisme n’est rien d’autre qu’une idéologie fasciste et intégriste qui a pour but de construire le grand-israel sur des terres volées par tous les moyens
3. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 14:44
J’en avais aussi fait état dans quelques réponses sur Bellaciao... mais elles ont disparues avec les posts y afférent.
C’est pas grave. L’important c’est qu’on commence réellement à regarder le fond des choses. Plutôt que les rideaux de fumée.
Surtout avec ce qui se prépare à nous tomber dessus, on n’en a pas fini avec l’hystérie collective et les désinformation orwellienne des médias mainstreams.
GL.
4. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 21:19
Et une fois les 200 bombes larguées, ce sera la fin de l’humanité ...
(pour s’en convaincre taper "Hiver Nucléaire" sur Google ou Wikipedia)
Et les écolières elles écriront quoi sur ces bombes ?
"De la part de Dieu par l’intermédiaire du peuple qu’il a élu" ?
"Pour tous les enfants du monde with love" ?
"A l’espèce la plus débile que la Terre ait jamais porté" ?
En tout cas, on voit qu’il y en a qui ont bien réfléchi aux conséquences
de se "défendre" avec les 200 bombes.
C’est peut être vrai que les mollahs sont des "fous de Dieu" , mais à lire
le post pécédent, c’est clair qu’il y en a de plus fous encore ... et en plus
ils ont 200 bombes nucléaires ... a moi la peur !
Gégé
5. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 08:32
analyse complete mot a mot du discours :
La Rumeur du Siècle, « Rayer Israël de la Carte »
3 Février 2007
http://www.geostrategie.com/cogit_content/analyses/LaRumeurduSicleRayerIsrald.shtml
1. Discours d’Ahmadinejad : Perdus dans la traduction, 20 février 2007, 13:54
Extrait :
"LA VÉRITABLE CITATION
Qu’a donc réellement dit Ahmadinejad ? Commençons par citer ses mots exacts en persan [4] : « Imam ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad. »
Ce passage ne signifiera rien pour la plupart des gens, mais un mot cependant devrait faire dresser l’oreille : « rezhim-e ». C’est le mot « régime », prononcé comme le mot anglais [« regime », NdT] avec un son supplémentaire – « eh » - à la fin. Ahmadinejad ne se référait pas au pays-Israël ou au territoire-Israël, mais au régime israélien [5]. Il s’agit là d’une distinction cruciale, puisqu’il est impossible de rayer un régime de la carte [6]. Ahmadinejad ne se réfère même pas à Israël par son nom ; à la place, il utilise la périphrase « rezhim-e ishghalgar-e qods » (c’est-à-dire littéralement « régime occupant Jérusalem »).
Ce qui soulève une autre question : que voulait-il exactement voir « rayé de la carte » ? La réponse est : rien du tout. Puisqu’il n’a jamais utilisé le mot « carte ». Nulle part dans sa phrase originale en persan, ni d’ailleurs dans l’intégralité de son discours, n’apparaît le mot persan « nagsheh » qui signifie « carte ». Pas plus que la formule occidentale « rayer ». Et pourtant, on nous pousse à croire que le Président de l’Iran a menacé de « rayer Israël de la carte », bien qu’il n’ait jamais prononcé les mots « carte », « rayer » ni même « Israël ».
LES PREUVES DE LA DEFORMATION
Voici maintenant la citation dans son intégralité, directement traduite en anglais :
« The Imam said this regime occupying Jerusalem must vanish from the page of time »
[c’est-à-dire en français et tout aussi directement : « L’Imam disait que ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps. », NdT]
Traduction mot par mot :
Imam (Khomeini) ghoft (said) een (this) rezhim-e (regime) ishghalgar-e (occupying) qods (Jerusalem) bayad (must) az safheh-ye ruzgar (from page of time) mahv shavad (vanish from).
[Même chose en français :
Imam (Khomeini) ghoft (disait) een (ce) rezhim-e (régime) ishghalgar-e (occupant = qui occupe) qods (Jérusalem) bayad (doit) az safheh-ye ruzgar (de la page du temps) mahv shavad (disparaître de). NdT"