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EDF obtiendra-t-elle la retraite à 60 ans pour ses centrales ?

par sbastien

Publie le jeudi 18 avril 2013 par sbastien - Open-Publishing
4 commentaires

Vents contraires sur l’avenir du nucléaire. Deux épisodes parallèles et cruciaux, dans lesquels EDF joue un jeu ambigu, se déroulent ces jours-ci : l’évaluation de l’état de sûreté des centrales, et le débat national sur la transition énergétique.

D’un côté, l’Autorité de sûreté (ASN), indépendante, a rendu mardi son rapport : elle juge « globalement assez satisfaisant » l’état de sûreté du parc français. Des termes polis pour dire qu’il y a bien des progrès à faire.

De l’autre, Henri Proglio, patron d’EDF, va expliquer ce jeudi quelle part il peut et veut prendre à la transition énergétique.

« La prolongation de toutes les centrales »

Pris dans des contradictions impossibles, l’électricien national va tenter de faire la promotion des économies d’énergies et des renouvelables. Au milieu : la promesse de François Hollande de diminuer, d’ici à 2025, la part du nucléaire dans la production d’électricité.

Car le fond de la stratégie d’EDF, est bien de continuer à amortir son parc, c’est-à-dire de prolonger le plus possible la durée de vie de ses centrales. Jusqu’à 60 ans, comme cela se fait aux Etats-Unis, nous confirme l’électricien :

« EDF a l’intention de proposer la prolongation de toutes les centrales, qui sont toutes des réacteurs à eau pressurisée, sur le même modèle technologique que Fessenheim. Des discussions sont entamées avec l’ASN. »

Les chiffres ? De tout et n’importe quoi

Le gendarme du nucléaire nous confirme que EDF lui a écrit en ce sens dès 2009. A l’appui de cette demande, le rapport Energies 2050 remis à Eric Besson avait insisté sur le fait que cette option était « la moins chère ».

Problème : interrogé, EDF évoque un coût de 55 milliards d’euros d’investissements à réaliser, et fait circuler le chiffre de 500 millions d’euros par réacteur (il y en a 58).

Devant l’Assemblée nationale où il était questionné sur ce sujet ce mardi, le patron de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, a affirmé :

« Je ne sais pas d’où vient ce chiffre, je suis incapable de dire le prix. »

Le prix a toutes les chances d’être élevé, car l’ASN demande à EDF de s’aligner sur « l’état de l’art », c’est-à-dire sur le réacteur de troisième génération, l’EPR, en cours de construction à Flamanville (Manche).

« La prolongation à 60 ans se fait aux Etats-Unis », nous dit EDF. Oui mais là-bas ils doivent s’aligner sur les conditions de sûreté de la date de construction, et non sur les dernières en date, ce qui est bien moins cher.
Si François Hollande tenait sa promesse...

« Il faut une loi pour décider que la durée de vie maximale est de 40 ans, on ne peut pas se contenter de dire que la situation est globalement assez satisfaisante », estime Bernard Laponche, expert indépendant qui dénonce depuis longtemps les dangers du nucléaire.

Mais les efforts d’EDF pour obtenir de faire vieillir ses centrales pourraient se révéler vains si finalement la loi sur la transition énergétique, annoncée pour 2013, décidait de réduire la part du nucléaire.

Si François Hollande tenait sa promesse de ramener à 50% la part du nucléaire dans notre production d’électricité, les projets d’EDF n’auraient pas lieu d’être.

Le député EELV Denis Baupin, qui se préoccupe de ce sujet, remarque :

« On est en train de se rendre compte que le nucléaire est une technologie extrêmement coûteuse et incertaine, or au débat national sur la transition énergétique, tout le monde fait comme si la poursuite du nucléaire ne coûtait rien. Cette question majeure n’a jusqu’ici pas été posée dans le débat national sur la transition énergétique. »

Lors de son audition exceptionnelle devant le comité de pilotage du débat sur la transition, Henri Proglio réussira-t-il ce jeudi à faire valoir que la prolongation des centrales est au service de la transition ?

Rue89.com - le 17 avril.

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Messages

  • il est évident que la transition énergétique ne peut être que progressive , pour des questions de coût et d’indépendance , d ’ailleurs après la catastrophe de FUKUSHIMA , le gouvernement japonais avait pris la décision de fermer toutes les centrales et est vite revenu sur cette décision tant la facture était énorme .

    Ceci dit lorsque la commission conclut que les centrales françaises sont "globalement" fiables , je ne suis que "globalement rassuré " , à partir de ce rapport devraient être fermées par ordre croissant les centrales qui s’avèrent présenter un risque potentiel .

    Cet article à le mérite de traiter le problème de qui va assurer cette transition ? EDF ? des compagnies entièrement privées comme SUEZ , VEOLIA , VINCI , ? avec quel coût pour le consommateur ? il est clair qu au nom de l’écologie et de la sécurité , ce sont encore des grandes multinationales qui vont toucher le JACKPOT comme il en est actuellement avec le pétrole .

    La solution ne peut-être autre que l’ appropriation collective de tous les moyens industriels qui produisent de l’énergie .

  • Malheureusement ils ne crèvent pas tout seul dans leur cocotes minute.Dans les années 70 j’ai lu dans "la gueule ouverte"(journal écologiste politique de l’époque) une enquête où il était mentionné qu’aux états unis d’amèrique dans un rayon de 15 miles autour des centrales atomiques existantes on dénombrait 20 pour cent de cancers en plus de la moyenne générale.Actuellement à bagnols sur céze située à 7 km du centre atomique de marcoule le nombre de personnes atteintes par le cancer est effrayant.Alors c’est vrai on peut mourir de la connerie des autres,de ceux qui travaillent sans éthique,sans solidarité de classe et ce n’est pas réservé au nucléaire.

  • J’approuve et surtout la conclusion, mais pas ça :

    pour des questions de coût et d’indépendance , d ’ailleurs après la catastrophe de FUKUSHIMA , le gouvernement japonais avait pris la décision de fermer toutes les centrales et est vite revenu sur cette décision tant la facture était énorme .

    Coût ? Si on inclut tous les coûts dans la facture nucléaire, y compris celui du démantèlement et du stockage et contrôle des déchets mais aussi le juste prix payé aux fournisseurs d’uranium ( par ex les nigériens) , le prix du Kwh nucléaire devient exhorbitant.
    Indépendance ? Il ne me semble pas que nous ayons des mines d’uranium et la guerre impérialiste au mali montre à quoi tient notre indépendance énergétique .
    Le gouvernement japonais ? Le nouveau gouvernement japonais est encore plus à droite que le précédent et ce n’est vraiment pas une référence !
    Quant à la facture, là c’est clair ! La facture humaine leur paraît moins importante que les factures de leurs amis.
    Il faut aussi savoir que le Japon est actuellement à la merci d’une catastrophe potentielle pire que la première (le précédent gvt avait envisagé l’évacuation de ... Tokyo !), avec sa piscine de combustible usé en suspension et de nouveaux tremblements de terre importants.
    Il faut aussi savoir que l’oligarchie japonaise a d’autres solutions : actuellement on construit une ville japonaise parfaitement équipée... en Inde !