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Ecoles du Gers : La Dépêche exulte…
Suite à la mobilisation de vendredi dernier, La Dépêche exulte à la une du journal : la « carte scolaire entre rires et larmes ».
Vendredi dernier, les écoles gersoises s’étaient très fortement mobilisées avec l’appui des syndicats SNUipp-FSU et SE-Unsa, la CGT et Sud. devant la préfecture d’Auch pour manifester leur colère face aux fermetures de classes dans le département.
Réduisant le CDEN (Conseil Départemental l’Education Nationale) à un show télévisé « avec des heureux et des malheureux comme chaque année », « le bonheur s’est exprimé avec chants et concerts de trompette devant les grilles de la préfecture ».
Philippe Martin, Président du Conseil départemental et député de la 1ère circonscription du Gers, n’est pas à une hypocrisie près. Alors qu’avec sa collègue député socialiste Gisèle Biémouret, Hélène Bernard, rectrice de l’Académie de Toulouse, Jean-Marc Sabathé, préfet du Gers, René-Pierre Halter, Inspecteur d’Académie et Aimery de Montesquiou, sénateur maire, en délicatesse avec la justice pour l’association des maires du 32 il a signé le protocole pluriannuel, ce même Philippe Martin est venu rejoindre les manifestants, on se demande bien pourquoi, les assurant de son soutien, serrant quelques mains puis allant vite s’engouffrer à la préfecture pour ressortir quelques heures plus tard et sortir du chapeau le nom des heureux gagnants.
Le collectif gersois pour l’école a déjà publié une analyse du fameux protocole qui sous le jargon employé revient à rationaliser la pénurie et justifier les fermetures de classe et les suppressions de postes.
Mais cela n’aura pas empêché Martin de tenter à la sortie, de s’approprier le résultat des luttes : « tout n’est pas parfait mais il faut voir d’où on (qui c’est ‘on’ ?!) est parti ». Et Philippe Martin ne manque pas d’air non plus quand il déclare : « c’est à nous élus, de mettre en place une organisation pertinente, d’anticiper sur tout ça ». Du coup nous sommes en droit de légitimement se poser la question : que n’a-t-il fait toutes ces années au Conseil départemental ?
Alors, peut-on se satisfaire de ce résultat ? Les fermetures de classe passent de 20 à 13 avec en prime l’ouverture de quelques postes ou demi-postes.
Quel est le bilan du CDEN du 24 avril :
- 7 classes (et écoles) sauvées ;
- une classe maternelle à Pouylebon ;
- une classe maternelle à Samatan ;
- une classe élémentaire à Arago (Auch) ;
- l’école primaire (2 classes) de Beaucaire ;
- l’école de Lagarde-Hachan (1 classe) du RPI St-Elix-Theux / Lagarde-Hachan ;
- l’école de Préchac (1 classe) du RPI Préchac / Ju-Belloc.
- Par contre, la DASEN – toujours adepte du principe que ce qui est gagné ici est perdu là – a récupéré 3 postes :
- annulation de l’ouverture de classe à l’école élémentaire Lucie Aubrac à L’Isle-Jourdain ;
- annulation de 2 départs en formation CAPASH (formation permettant d’intégrer un RASED).
Par ailleurs, les membres du CDEN présents (élu•e•s, associations complémentaires de l’école, syndicats et FCPE) ont voté à l’unanimité le vœu des syndicats et de la FCPE pour une rallonge budgétaire et le retour des écoles du Garros dans l’éducation prioritaire.
La mobilisation a porté ses fruits mais il y aurait donc malgré tout 5 fermetures d’écoles et 10 fermetures de classes à la rentrée prochaine dans le Gers…
À suivre… comme l’an passé l’objectif est de maintenir une mobilisation solidaire jusqu’aux vacances pour obtenir une rallonge de postes pour le Gers et éviter les fermetures en milieu rural notamment…
En réalité les socialistes poursuivent ce mouvement inexorable de « rationalisation » année après année contribuant à la désertification des zones rurales. Dans un département comme le nôtre, chaque fermeture de classe, ou d’école, entraîne la fermeture du bureau de poste, puis de la dernière épicerie etc., avec à chaque fois le départ presque programmé des jeunes, des paysans et la mort du village.
Pour justifier la fermeture de classes uniques dans les villages on invoque la modernité, la nécessité de grouper les ressources, alors que les instituteurs qui ont travaillé dans ces écoles le savent bien, le bilan pédagogique sur l’enseignement et le bien-être des enfants est au contraire très positif. Mais qui se soucie d’écouter les professionnels ?
Les écoles du Garros
Parents, enseignants et parents d’élèves étaient venus aussi dans une belle démonstration de convergence des luttes avec leur propres revendications, toujours insatisfaites et on décidé de …camper sur leur position dans les jardins du Conseil départemental, luttant toujours pour leur réintégration dans le dispositif d’éducation prioritaire, superbement ignoré par la DASEN.
Et le moral des troupes ?
Interrogé à ce sujet, l’une des figures de proue du mouvement nous confiait son inquiétude, le combat exemplaire, mené depuis des mois pourrait s’effilocher par les divisions entre les gagnants et les perdants, la fatigue et la lassitude, l’usure d’une lutte qui dure depuis des mois et l’incapacité à fédérer nationalement contre la politique budgétaire du gouvernement, alors que des centaines d’écoles sont touchées, quelquefois même empêchés par certaines directions syndicales.
Grand, toujours plus grand
Dans le secteur agricole il faut regrouper les terres, mettre en place des élevages industriels monstrueux pour faire face au marché mondial.
Dans l’Industrie, les usines sont agglomérées pour construire des pôles multi-nationaux.
Dans le secteur santé, il faut fermer les petits hôpitaux pour construire de véritables usines hospitalières.
Les communes étant trop petites, on les regroupe en communautés de communes.
Les régions sont trop petites : construisons des régions plus grandes aptes à concurrencer la Californie.
Quand à l’urbanisme, quel n’est pas l’élu qui ne rêve d’être à la tête d’une mégalopole ?
Et bien sûr dans l’éducation on ne peut pas être en reste et ignorer la concurrence mondiale pour les universités… Mais c’est à tous les échelons que l’on doit voir plus grand en commençant par les maternelles, les écoles, les collèges, les lycées etc.
Et c’est ainsi qu’en Angleterre, qui a toujours une longueur d’avance sur les conneries que l’on peut faire en France, on a mis en concurrence les écoles, les collèges, les lycées, les collèges professionnels et les universités, les gros mangeant les petits, le tout pour atteindre la taille de grandes usines à apprendre.
La conséquence de toute cette évolution, c’est une hyper-urbanisation, avec autour quelques sanctuaires de campagne-musée. Est-ce que c’est ce que l’on souhaite pour nos territoires ?
http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article1420