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Écologie, une semaine ordinaire…

par md

Publie le lundi 22 juin 2015 par md - Open-Publishing
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Écologie, une semaine ordinaire…

Crise européenne et l’écologie pédagogique du PS

Encore la Grèce, la dette, le Grexit… ?
Vous n’y êtes pas du tout ! L’actualité, c’est NUTELLA ! On a frôlé l’incident diplomatique entre la France et l’Italie. Difficile de savoir qui a battu le niveau du ridicule entre Ségolène Royal qui s’en est pris à la pâte à tartiner préférée des enfants et de leurs parents, ou nos amis italiens prêts à défendre ce qui n’est vraiment pas le fleuron de la gastronomie transalpine.

Royal nous explique que Nutella c’est pas bien, ça contient de l’huile de palme. Et pour faire de l’huile de palme on déforeste. Jusque là, ce n’est pas faux, mais encore faudrait-il rajouter, que les Italiens sont loin d’avoir le monopole de l’utilisation de l’huile de palme.

L’agro-industrie française n’est pas à la traine.
Il est tout à fait vrai que l’huile de palme n’est pas bonne pour la santé. Pourquoi boycotter le Nutella plutôt qu’ interdire l’utilisation généralisée de cette huile par toute l’industrie agro-alimentaire, qu’elle soit française ou italienne ? Une fois de plus Royal fait une annonce pour faire croire à la volonté du gouvernement PS de nous enfumer sur leur politique écologique en préparation de la Conférence climat de Paris à la fin de l’année. Et en plus, une bonne partie du Nutella est fabriquée en France avec plus de 1 000 emplois à la clef. Mais bon, elle n’est pas ministre de l’économie.

Une ministre de l’écologie qui ne comprend rien à l’écologie.
En parlant des forêts tropicales elle a vraiment montré son incompétence. La ministre nous explique qu’il faut replanter des arbres. Comme si on pouvait recréer une forêt tropicale ou équatoriale et toute la biodiversité qui a mis des centaines de milliers d’années à se créer. Je suggère à Mme Royal de (re)lire Francis Hallé qui lui expliquera la différence entre une forêt et une plantation d’arbres, c’est un peu comme la différence entre une prairie sauvage d’alpage et une pelouse anglaise.
Mais avec Mme Royal on n’est jamais déçu, les bêtises viennent en cascade.
Nutella joue la partition de l’entreprise éco-responsable avec huile de palme certifiée sans danger pour l’environnement avec la bénédiction des ONG asservies au capital, le WWF et Isabelle Autissier en tête. Pour faire simple, les entreprises se mettent autour d’une table avec les ONG, signent un petit chèque, et tous va bien. Quelques dizaine de milliers d’autochtones déplacés et quelques orang-outangs mis en zoo plus tard, et on obtient de l’huile de palme durable. Et Royal acquiesce, c’est vrai, elle était mal renseignée. Vive le « progrès ». Et oui, pour Royal, les plantations prétendument responsable de palmiers, c’est le progrès !
Comme quoi l’écologie, c’est comme le Nutella, moins on en a, plus on l’étale !

Le salon du Bourget
Mais qu’est-ce que les Bourgetines et les Bourgetins ont bien pu faire pour mériter ça ? Après le salon du nucléaire, ils ont droit au bisannuel salon de l’industrie aéronautique. Avec de tels antécédents, on peut s’attendre au pire pour la COP 21 qui aura lieu au… Bourget.
Malgré la démonstration d’Airbus qui a réussi à faire voler un bi-place électrique ou le tour du monde de Solar impulse (cet avions solaire dont l’envergure est celle d’un A380, l’avion le plus gros au monde, mais qui ne peut transporter, lui, qu’une personne de manière très inconfortable et aléatoire), la réalité c’est que les avions commerciaux ne peuvent décoller qu’avec d’énormes quantités d’hydrocarbures. Pour être précis, 3 % des gaz à effet de serre sont dus à l’aviation civile. Mais par un petit tour de passe-passe, cette industrie est dispensée de tout effort en terme de lutte contre le réchauffement climatique. Pas de taxe carbone, pas d’objectif de réduction de GES. Ça vole, donc ça ne compte pas !

Mais les compagnies aériennes doivent malgré tout acheter leur kérosène, elles insistent donc pour que les avions soient de plus en plus économes en énergie. Boeing et Airbus ont donc fait des efforts avec de nouveaux modèles, chez Boeing c’est le Dreamliner, l’avion qui fait « rêver », et chez Airbus, c’est facile, on prend la référence de l’avion de base, et on rajoute « néo » à la fin. Et si ça vous fait penser à néo-libéral, c’est juste que vous avez l’esprit mal placé.
Résultat des courses, les prix des billets baissent, le nombre de voyageurs augmente, et in fine, les émissions de CO2 explosent. Comme quoi, deux vertus - des avions plus économes et des billets plus abordables - peuvent avoir des effets pervers.
Mme Royal, elle, s’en tient à la vertu, ignore le vice et en rajoute même une couche.
Pour rendre le transport aérien vraiment durable, elle a la solution : le bio-kérosène. J’en connais un qui doit être content, c’est Xavier Beulin. Alors que les nécro-carburants n’ont plus vraiment le vent en poupe, Sofiprotéol, sa société leader dans le bio-diesel (et les subventions d’État), a trouvé de nouveaux débouchés avec le kérosène.

Une petite note féministe sur le salon du Bourget, il fait beaucoup penser à un autre salon, à la porte de Versailles celui-là, celui de l’automobile. Il y a beaucoup de mecs en costards. Quant aux femmes, elles ont le choix entre bimbos ou serveuses…

Le miel de France
Pour ne pas être accusé d’anti-royalisme primaire, allons faire un petit tour du côté du ministère de l’agriculture, et de l’apiculture. Et là, rien ne va plus. On s’attend évidemment à ce que Stéphane Le Foll se soucie du sort des abeilles. C’est l’hécatombe dans les ruches et les néonicotinoïdes ne sont pas les seuls responsables, comme les apiculteurs de l’Ariège ont découvert cette année - les médicaments donnés au bétail ont aussi un effet mortel sur les essaims. Et sans abeilles, on va avoir de sérieux problèmes avec la pollinisation. La réalité, c’est qu’on se soucie des abeilles parce qu’on les élève, pourtant elles sont loin d’être les seules à polliniser les fleurs. Mais qui se soucie des bourdons ou autres guêpes solitaires, araignées ou papillons aussi en diminution ?

Mais le ministre ne soucie que du miel dont la production a été divisée par trois en France du fait des importations des ex-pays de l’Est ou de la Chine. Bon, on parle de miel mais il faut le dire vite, car une grosse partie n’a jamais vu la moindre alvéole. Le Foll a la solution, il faut créer un nouveau label : le « Miel de France ». On pourrait facilement arguer que la provenance est supposée être déjà indiquée sur l’emballage. Mais le chauvinisme marche toujours. On a déjà le meilleur système de santé, la meilleure éducation - même si cela a pu vous échapper -, on peut bien aussi avoir le meilleur miel. La France a beau être le plus gros utilisateur de pesticides d’Europe, notre miel est forcément le meilleur.
En fait, Le Foll a sa logique : tout industrialiser. Il se fiche et se contre-fiche des agriculteurs, éleveurs ou autres apiculteurs. Ses potes, sont les agro-industriels. Et la filière apicole c’est du grand n’importe quoi, des industriels, des gros apiculteurs, des plus petits, des tous petits, et, horreur absolue, des amateurs. Et comme le miel industriel c’est quand même de la m…, il faut un petit coup de pouce, ça s’appelle le « Miel de France ».

DDT
Tellement inoffensif qu’on peut le manger…
Après le « Printemps silencieux » de Rachel Carson, paru en 1962, et l’interdiction du DDT dans la plupart des pays, on se disait, que le DDT, c’était du passé. Outre le fait, que le DDT est toujours produit et toujours utilisé dans certains pays tropicaux, on s’aperçoit aujourd’hui que les effets du DDT nous poursuivent. Les femmes d’une cinquantaine d’année dont les mères ont été exposées au DDT ont quatre fois plus de chance de développer un cancer que les autres. Alors bien sûr, on peut être cynique et se dire que c’est triste pour elles, mais qu’aujourd’hui on ne fait plus les mêmes bêtises. Sauf que les pesticides d’aujourd’hui sont beaucoup plus puissants et tout aussi dangereux. Les jeunes femmes d’aujourd’hui sont les filles ET les petites-filles de femmes exposées à des pesticides cancérigènes. Rendez-vous dans vingt ans… à l’oncopôle le plus proche de chez vous.

Comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, le DDT est très lentement dégradable. En fait tous les molécules de la chimie de synthèse se dégradent très lentement : les molécules naturelles sont lévogyres (elles dévient la lumière vers la gauche), les molécules de synthèse sont dextrogyres (elles dévient la lumière vers la droite), les micro-organismes du sol ne reconnaissent que les molécules lévogyres et ne s’attaquent donc pas aux molécules de synthèse, d’où une très longue rémanence dans le sol. Du coup, comme plein d’autres polluants, le DDT s’est accumulé sur l’Arctique. Ce qui ne posait pas trop de problème tant qu’il était enfermé dans les glaces polaires (les ours blancs ont sans doute un autre point de vue !), mais avec le réchauffement polaire, le DDT réintègre le cycle de l’eau et on commence à assister à un retour vers l’expéditeur.

Roundup

Ce qui nous amène à l’autre polémique de la semaine : l’herbicide phare de Monsanto, le même que la firme de Creve Cœur dans le Missouri (ça ne s’invente pas !) nous a vendu comme le premier herbicide biodégradable et qui est maintenant reconnu comme cancérigène, et que l’on retrouve un peu partout dans la nature.
Ségolène Royal veut l’interdire. Enfin veut avancer son interdiction. Il est en effet prévu que les collectivités locales n’utilisent plus d’herbicides, suivies par les particuliers et par les agriculteurs… Et non, ça c’était une blague, les plus gros utilisateurs ne sont évidemment pas concernés par cette interdiction. Mais bons les agriculteurs industriels sont des gens raisonnables et bien informés par les techniciens (un peu commerciaux quand même) des prétendues coopératives agricoles.
Et les particuliers, alors ? Et bien, ça aussi c’est une entourloupe royale. Quand la ministre dit « interdiction », ce qu’elle veut dire c’est « pas de vente en libre service ». Vous ne le saviez pas, mais quand vous achetez quelque chose qui est vendu derrière un comptoir, vous achetez quelque chose d’interdit. Par exemple le steak chez le boucher… Ou les antibiotiques à la pharmacie.

Fermes-usines

Cette semaine avait lieu le procès en appel des inculpés de la ferme-usine des mille vaches. Cette même semaine on a appris de la propre bouche de Michel Ramery (le promoteur du projet), qu’il ne respectait la loi, qu’il y avait trois cents vaches de trop dans son usine. Sans parler de la maltraitance des vaches, des salariés aussi d’ailleurs, mais ça, ça va sans dire ! Pourtant, pour l’avocate générale de la Cour d’appel d’Amiens, les méchants ce sont les membres de la Confédération paysanne qui ont démonté une partie de la salle de traite de la ferme-usine. Ils doivent être punis et mis en prison. « Lanceur d’alerte », « intérêt général », « respect de la loi », ce sont tous des termes dont elle n’a pas entendu parler.

Flammanville

La saga de l’EPR continue. Avec de nouvelles malfaçons, des soudures cette fois-ci. Il y a quelques semaines,c’était la cuve qui était défectueuse. Ce qui n’a pas empêché Areva de l’installer quand même en toute connaissance de cause et probablement d’en vendre aux Chinois. Pour l’Autorité de sureté nucléaire, pas de souci, c’est réparable. C’est juste une question économique. Fastoche, on retire la cuve, ce qui implique de détruire une bonne partie de la construction de l’EPR, on la met à la poubelle et on recommence à zéro. Quelques milliards d’euros plus tard (pas de problème c’est nous qui payons l’ardoise sur notre facture EDF) et le tour est joué. Donc le budget qui a déjà été triplé va être quintuplé.
Ah, j’oubliais les soupapes de sûreté qui sont en régression technique par rapport aux centrales existantes, dixit l’ASN.
On résume, la dernière génération de centrales, supposée être plus sûre que les précédentes (qu’on nous avait déjà vendues comme sûres à 200 %) consiste en du béton fissuré, une cuve avec des défauts rédhibitoires, des soupapes de sûreté qui ne sont pas sûres et toujours plus de…
Déchets nucléaires

Areva ne sait plus quoi faire de ses déchets. Elle a donc demandé à augmenter les capacités de stockage de la Hague. Prévu au départ pour 12 000 conteneurs, le site est passé à 16 000 conteneurs et maintenant Areva veut passer à … 28 000, soit plus de deux fois et demie ce qui était prévu au départ.
Alors que le gouvernement fait une fixette sur le terrorisme, en voilà une cible facile pour les dits-terroristes… ! Ces conteneurs sont à l’air libre. Pas besoin d’un jumbo-jet pour les pulvériser…
Et le problème n’est pas prêt d’être résolu, car les meusiens semblent très remontés contre l’enfouissement de ces déchets à Bure…

Rejets dans la Loire

Pour ceux qui ont une confiance inébranlable en nos nucléocrates, le procès que l’Observatoire du nucléaire va intenter contre EDF et ses dirigeants pour rejets DÉLIBÉRÉS de plutonium (l’élément radioactif le plus dangereux) dans la Loire, devrait dessiller les yeux. Non seulement il y a eu un accident en 1980 à la centrale de Saint-Laurent les Eaux, mais en plus la direction d’EDF, qui visiblement ne savait pas quoi faire des déchets issus de l’accident ou plus probablement qui a cherché la solution la moins chère, a décidé de s’en débarrasser directement dans la Loire pendant plusieurs années.
Le capitalisme, champion incontesté de l’extinction des espèces

Toutes ces « bonnes » nouvelles, auxquelles il faut rajouter le réchauffement climatique en cours, permettent au capitalisme de battre un record toutes catégories : celui de l’extinction des espèces.
Non seulement nous vivons la 6e extinction des espèces. Mais celle-ci est la plus importante que la Terre ait connue. Les 5 précédentes ont eu lieu bien avant l’arrivée de l’Homme, et évidemment du capitalisme qui a réussi à faire plus fort que les météorites et les éruptions géantes de volcans.
Conclusion des scientifiques : « Si on permet que cela continue, la vie pourrait mettre plusieurs millions d’années à s’en remettre, et notre espèce même disparaîtrait probablement assez tôt ».
Autrement dit, nous sommes en train de vivre le plus grand suicide collectif de l’histoire. On peut, au choix, s’en réjouir - c’est radical, mais au moins on ne fera plus de conneries - ou choisir l’option NPA et passer illico-presto à l’écosocialisme. Ce qui tombe bien, puisque le PS aussi se dit écosocialiste. Si, si. Par un processus de mystification qui m’échappe, un parti qui n’est plus socialiste depuis longtemps et qui n’a jamais été écologiste, prétend aujourd’hui être écosocialiste.
À la semaine prochaine…
François Favre
http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article1634

Messages

  • Nutella nutélla !

    Pendant ce temps on parle toujours pas de Stambul.

  • Pourquoi à chaque fois qu’on parle de Nutella, les italiens ont l’impression qu’on parle d’eux ? Ce produit, devenu international, dépasse largement les frontières de la botte. Je ne suis pas d’accord avec les propos de Madame Royal, mais je ne partage pas cette posture nationaliste qui consiste à en faire une affaire d’état. Les italiens se sentiraient-ils investis d’une mission divine ?
    Par ailleurs, je pense qu’il est inutile de parler de remplacer l’huile de palme dans l’industrie agro-alimentaire, aucun autre corps gras n’offre de telles caractéristique physicochimiques (température de fusion, concrète à température ambiante, faibles couts de productions, etc) aussi les industriels ne pourrons et ne saurons utiliser un autre oléagineux (voir les surgelés Findus. Surcout : 2 millions d’Euros par an). Il est préférable d’améliorer la filière (labels de qualité, chartes de reforestation, pratiques culturales raisonnées, etc...) plutôt que de parler de boycott ruineux et improductif.

  • Mais qui se soucie des bourdons ou autres guêpes solitaires, araignées ou papillons aussi en diminution ?

    Peut-être bien les hirondelles, quasiment disparues sous nos latitudes et qui bénéficient d’une "protection des espèces" depuis 40 ans.
    Mais non ! En fait c’est le déréglement climatique car c’est bien connu qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.
    Excellent billet au passage. A savourer...sans modération.