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En 2004, l’armée accroît son coût d’Etat

Publie le jeudi 11 septembre 2003 par Open-Publishing

En 2004, l’armée accroît son coût d’Etat

En hausse, le budget de la Défense échappe à la rigueur.

Par Jean-Dominique Merchet (Libération),
jeudi 11 septembre 2003

L’année prochaine, conformément aux souhaits de Chirac, la France dépensera
40 millions d’euros par jour pour acheter des armements.

En forte hausse, le budget de la défense qui sera présenté le 25 septembre
va lourdement peser sur le déficit des finances publiques. Mais les
consignes de l’Elysée ont été claires : pas touche aux crédits militaires !
Jacques Chirac en fait une affaire personnelle, comme il l’a rappelé durant
l’été : « Je veillerai à ce que les engagements de la loi de programmation
militaire (2003-2008) soient respectés », a-t-il promis aux militaires le 13
juillet, tout en reconnaissant que « l’effort en termes budgétaires est
considérable ». Il a tenu promesse.

Faste. En 2004, les dépenses d’équipement vont ainsi progresser de 7 % pour
atteindre 14,8 milliards d’euros. La France dépensera plus de 40 millions
d’euros par jour pour acheter des armements. « Cet argent va à l’industrie et
il a un impact économique important », justifie-t-on au ministère de la
Défense.

Même les dépenses de fonctionnement seront pour l’essentiel épargnées. Le
niveau d’entraînement des troupes (heures de vol, jours en mer ou en
manoeuvres) est en effet inscrit dans la loi de programmation, tout comme le
recrutement des militaires. Les effectifs devraient augmenter de 1 200
gendarmes et de 177 personnels du service de santé. Seuls les personnels
civils subiront la règle du non-renouvellement total des départs en
retraite, et « plusieurs centaines » d’emplois seront supprimés. Mais au
total, la défense continuera à embaucher.

Pour les militaires, 2004 sera aussi faste que 2003. Cette année, les 800
millions d’euros « mis en réserve » dès janvier, en prévision d’une éventuelle
action en Irak, ont été débloqués. Mardi, alors qu’il an nonçait une
deuxième série d’annulations de crédits, le ministre délégué au Budget,
Alain Lambert, a précisé que « tous les ministères seront concernés, à
l’exception de ceux de la Défense et de la Justice ».

Dressant « la situation du budget de l’Etat au 31 juillet 2003 », un document
de Bercy constate que « les dépenses militaires demeurent dynamiques, leur
taux de croissance sur un an atteignant +9,2 %». Bercy fait grise mine et
exécute les ordres de l’Elysée en traînant les pieds : le poste de chef de
bureau Défense à la direction du budget est vacant depuis un an...

« Convenance ». La Commission européenne n’est pas plus ravie, surtout lorsque
le gouvernement propose de ne plus compter les dépenses de défense dans le
déficit public. Au prétexte, explique Raffarin, que la France est « un grand
pays avec un rôle international ». Relancée lors de la première université
d’été de la défense qui vient de se tenir à Arcachon, l’idée déplaît
fortement à Michel Barnier, certes membre de l’UMP mais d’abord commissaire
européen attaché au pacte de stabilité : « On ne peut pas faire cela. Cette
proposition sera perçue comme une convenance nationale utile à court terme.

D’ailleurs, j’entends dire en Finlande ou en Suède : pourquoi ne pas faire
de même avec les dépenses d’éducation ? » .