Accueil > En hommage aux mineurs grévistes de 1948
En hommage aux mineurs grévistes de 1948
Publie le vendredi 6 novembre 2009 par Open-Publishing11 commentaires
61e anniversaire de la grève des mineurs de l’automne 1948
Quand la bourgeoisie française faisait assassiner les mineurs polonais
Hommage à Bartel Jansek
Approuvée démocratiquement par une imposante majorité d’ouvriers mineurs opposés à la remise en cause de leur Statut, la grève de l’automne 1948, allait être sauvagement réprimée par Le gouvernement présidé par Henri Queuille et composé de socialistes, radicaux et membres de la droite M.R.P. Gouvernement auquel appartenaient Robert Schuman, le père fondateur de l’Europe antisociale et liberticide et le pétainiste François Mitterrand.
Impitoyable répression qui allait entraîner la condamnation de 2700 « gueules noires » à de lourdes peines d’amendes et d’emprisonnement. Des centaines d’entre eux seront de fait licenciés des Houillères.
Le 7 octobre, Jules Moch, le ministre socialiste de l’Intérieur faisait assassiner en Moselle à coup de crosses par ses C.R.S., Bartel Jansek, un mineur d’origine polonaise. Le premier crime impuni d’une liste de quatre !
Le 22 octobre, le Conseil des ministres décidait que les étrangers participant aux manifestations seront tous expulsés, quelles que soient la durée de leur séjour et leurs attaches en France. Plusieurs dizaines de mineurs polonais furent ainsi renvoyés en Pologne en conséquence de cette décision, pour avoir simplement exercé un droit constitutionnel !
Norbert Gilmez, 88 ans, a lui-même été emprisonné à Béthune (62) durant ce conflit sanglant. Amnistié en 1981, sa demande de réparation vient d’être rejetée par les Prud’hommes de Nanterre, sous prétexte de prescription. A l’occasion du 61e anniversaire de la disparition, il a rédigé un communiqué que nous avons l’honneur de diffuser.
En hommage aux travailleurs victimes de la barbarie capitaliste…
Les Amis d’Edward Gierek
22,rue nationale
Rebreuve-Ranchicourt (62)
Communiqué de Norbert Gilmez, ancien mineur de jour -
l y a 61 ans, le 7 octobre 1948 à Merlebach.
PREMIER BILAN SANGLANT DU TERRORISME D’ETAT CONTRE LES MINEURS EN GREVES
Oui, hélas ! C’était bien en France. Les mineurs étaient en grève depuis le 4 octobre 1948. C’était une grève des plus revendicatives, une grève légale décidée massivement et démocratiquement par un référendum.
Qu’on en juge : sur un effectif de 259 204 mineurs, 243 702 exprimés, soit 94, 01 % des inscrits. Pour la grève : 218 616. Contre : 25 086. Donc pour la grève : 89 ,79 % des exprimés.
Avec les revendications sur les salaires, la sécurité, l’application de la loi sur les nationalisations, l’augmentation des retraites, il y avait en premier lieu posée par le référendum l’abrogation de la circulaire Lacoste du 13 septembre 1947, et des décrets du 18 septembre 1948 du même ministre Lacoste. Les circulaires et décrets étaient totalement illégaux, en violation flagrante du Statut du Mineur voté à l’unanimité par l’Assemblée nationale en juin 1946.
La grève était un droit légal selon le Statut du Mineur et garantie par la Constitution. Nul ne pouvait s’y opposer. C’est pourtant ce que fit Jules Moch, ministre de l’Intérieur. Alors que se déroulaient les discussions avec le ministre Lacoste (elles se sont poursuivies jusque dans la soirée du 5 octobre), Jules Moch dans la nuit du 3 au 4 octobre envoyait les C.R.S. occuper les bassins de Gardanne et de Lorraine.
Jules Moch avait choisi la force préméditée, organisée et très vite, au 4e jour de la grève le 7 octobre 1948 à Merlebach, on déplorait la mort de Jansek.
Tué par une balle perdue ? NON
Tué par une balle tirée à distance sans sommation ? NON
Tué par une balle tirée après sommation ? NON, NON, NON !
Mais sauvagement massacré à coups de crosses par des C.R.S déchaînés !
Alors pourquoi une telle sauvagerie ?
On n’allait pas tarder à le savoir ; à Creutzwald, c’est un sous-lieutenant des C.R.S. de Clermont qui déclare qu’on les avait envoyés en Lorraine en leur disant que la population était hitlérienne.
Il n’y a pas de mots pour qualifier à sa juste valeur ce mensonge ignoble, écœurant, meurtrier.
Il faut se replacer dans le contexte de l’époque. On était en 1948, un peu plus de trois ans après la fin de cette terrible guerre. Elles étaient encore ouvertes dans les familles, les plaies causées par l’occupant hitlérien. Il était encore vivace le souvenir des atrocités subies, vivace le souvenir des souffrances, des emprisonnés, des torturés, massacrés ou fusillés, guillotinés, vivace le calvaire des déportés et toujours sous nos yeux les survivants des camps de la mort.
Je me demande parfois ce que j’aurais fait à l’époque si j’avais été parmi ces C.R.S. Aurais-je été entraîné par cette hystérie collective vengeresse en pensant à mon oncle Maurice battu à mort, à mon neveu Joseph fusillé à 22 ans ?
Aurais-je frappé avec en tête ces strophes du Chant des Partisans : « Demain l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes. » Je ne sais pas quelle aurait été ma conduite ? Ce que je sais, si j’avais participé à cela, c’est que lorsque j’aurais appris la vérité dévoilée à Creutzwald, j’aurais démissionné comme l’a d’ailleurs fait l’ex-commandant F.T.P.F. Rippert.
Démissionner : facile à dire ? NON, je l’avais déjà fait en 1941, démissionnant de l’enseignement pour protester contre une injustice qu’on ne voulait pas réparer.
***
Dans un récent courrier à Madame LAGARDE, ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, j’ai rappelé que j’avais pris conscience de la véritable nature des interventions policières, brutales, meurtrières lorsque j’ai appris que le 15 décembre 2005, une personnalité du monde juridique, le Procureur général de la Cour d’Assises de Douai, au procès de Lionel Dumont avait déclaré s’adressant à l’accusé : « Monsieur, vouloir imposer ses idées par la force, cela s’appelle du terrorisme. »
***
C’est par la force que Jules Moch voulait briser la grève, par la peur, semant la terreur avec des brutalités amenant la mort atroce de Jansek. Par la force, par la mort pour imposer ces circulaires et décrets illégaux de Lacoste.
Le Conseil des Prud’hommes de Carvin, le 3 juin 1948, avait déclaré illégale la circulaire Lacoste du 13 septembre 1947, supprimant le salaire garanti. Et Lacoste avait été condamné à rembourser les mineurs du puits 10 de Leforest qui s’étaient mis en grève.
Et c’est pour faire appliquer par la force cette circulaire illégale condamnée par un tribunal de la République qu’on avait tué Jansek !
Oui, c’était bien du terrorisme, et l’utilisation de l’appareil d’Etat, fait que c’est bien un TERRORISME D’ETAT.
Les mineurs ont résisté à ce TERRORISME comme on se doit de RESISTER A TOUS LES TERRORISMES. Ils l’ont payé bien cher. Et pourtant la loi d’amnistie avec toutes ses possibilités y compris la réparation sur la base de la reconstitution de carrière ne leur est pas appliquée. Elle l’a été dans toutes les branches nationalisées, y compris au personnel civil du ministère de la Défense. Les survivants licenciés restent exclus de la loi d’amnistie.
L’article 13 de cette loi indique qu’en sont exclus :
« les faits constituant des manquements à la probité, aux bonnes mœurs ou à l’honneur »
C’était le cas des généraux factieux ayant porté les armes contre la France en Algérie ; un an après (la loi d’amnistie NDLR) le 23 novembre 1982, ces putschistes étaient réhabilités avec réintégration dans les cadres au titre de la deuxième section, une reconstitution de carrière.
Et les mineurs licenciés des grèves de 1948 – 52, les rares survivants attendent toujours le décret d’application de la loi d’amnistie.
Ils continuent de payer leur combat pour la légalité, leur résistance au terrorisme de l’époque.
Il serait temps que cesse cette injustice ?
Norbert GILMEZ
Messages
1. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 13:08, par Mengneau Michel
Mon père de la classe 43, avait fait peu de service militaire à la fin de la guerre. Par contre, il avait été remobilisé en décembre 48 à contre les mineurs. L’armée n’eut pas à intervenir. De toute façon, parmi la plupart de ceux qui étaient mobilisés pour la circonstance il y avait beaucoup d’anciens FTP qui voyaient d’un mauvais oeil le fait d’aller contre les grévistes, beaucoup voulaient mettre la crosse en l’air et épauler le mouvement de grève. Le gouvernement de l’époque s’en ai tiré à bon compte car si l’armée avait fait cause commune avec les grévistes on aurait fait un "remake" du Potemkine ce qui aurait peut-être influé l’avenir...
1. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 14:09
Sur le contexte politique de cette époque, les affrontement entre anciens résistants, défenseurs du programme national du CNR, héritiers de la résistance et militants ouvriers contre le gouvernement vous pouvez lire l’excellent bouquin de Robert Mencherini intitulé GUERRE FROIDE, GREVES ROUGES. Parti communisme, Stalinisme et luttes sociales en France, Les luttes " insurrectionnelles " de 1947-1948 qui revient sur ces épisodes qui trouvèrent des échos dans le nord et le sud de la France.
2. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 14:05, par Instit’ Petit Fils De Mineur "Rital"
Quelques "éclats" de gayette... (Chroniques Du Nord - Colette Magny) :
" Bou Bou Ye Ye
C’est le cri des femmes de mineur mains nues dans les rues...
Bien que fils de mineur moi je serai instituteur...
Le médecin des houillères comprend
Il ne vient pas voir ce qui se passe au fond
Faut descendre à la fosse pas une fois pas un jour
Mais 10 ans 15 ans savoir ce que c’est d’étouffer
De prendre des cailloux sur la gueule
Attendre des heures au bureau pour avoir un papier
Aller sous la pluie à bicyclette avec 40 de fièvre au centre...
Comment ça se fait qu’à 38 ans je suis là que je m’étouffe ?
Mon copain il m’appelle Le Vieux..."
Salut à toi Colette et merci de la part des "Chômeurs Consanguins etc etc..."
Nous n’avons rien oublié !!!
1. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 14:26
les paroles d’une chanson de Dominique Grange qui rend hommage aux "gueules noires" et une pub pour des copains du nord qui eux aussi se souviennent des luttes des mineurs.
Samedi 7 Novembre 2009
21h 30 : 8 € / 5 €
Concert de Dominique Grange
à l’Abattoir (Lillers 62)
Chanteuse engagée, restée fidèle aux idéaux anticapitalistes et anti-impérialistes qui ont bercé sa jeunesse, notre amie et camarade Dominique Grange se produira au café-concerts l’Abattoir de Lillers (à une dizaine de km de Béthune dans le Pas-de-Calais) ce :
samedi 7 novembre à partir de 21h 30.
Dans les années 1970, Dominique Grange avait lié connaissance avec Joseph Tournel et André Théret, deux anciens mineurs, membres comme elle du mouvement maoïste de la Gauche prolétarienne. Plus récemment, elle s’était déplacée dans le Ternois, pour manifester sa solidarité avec deux syndicalistes du Béthunois en butte à la répression.
La présence de Dominique Grange dans le Nord est toujours un évènement !
Un concert à ne pas manquer !
Gueule noire
Paroles :Dominique Grange
Musique : traditionel américain, adapté par Dominique Grange
À corps perdu le mineur trime
Faut bien qu’les gosses mangent à leur faim
Dans la taille au fond de la mine
Il se couche, il a mal aux reins
Les pierres et le charbon
Lui écorchent les mains
Sa peau est criblée de charbon
Mais en-dessous les joues sont blêmes
La toux déchire ses poumons
La mort frappe toujours les mêmes
Dans la mine la mort
Frappe toujours les mêmes
Refrain :
Homme de couleur, sous le charbon
Crie ta douleur, nègre blanc
Gueule, gueule ton désespoir
Gueule, gueule, gueule noire
Et s’il allait ne pas remonter
S’ils me le ramènent en civière
Les femmes elles broient de noires idées
Comme si leurs hommes étaient à la guerre
Elles n’oublient pas les morts
De Liévin, de Foulquières
J’ai pas dormi de toute la nuit
Dans ma poitrine y a comme du feu
Et le docteur qu’est-ce qu’il t’a dit
Il a trouvé que j’allais mieux
Pourtant, regarde- moi,
Je crache comme un vieux
Refrain
Et pour mon père c’était la même chose
Quand il est mort, à trente-six ans,
Pour constater la silicose
Y a fallu faire une autopsie
Ma mère a serré les poings mais n’a rien dit
Tous ceux qui crèvent de silicose
Dix ou vingt ans avant les autres
Les hommes emmurés dans les fosses
Agonisant dans l’obscurité
Ce ne sont pas les morts de la fatalité
Homme de couleur, sous le charbon
Crie ta douleur, nègre blanc
Gueule, gueule ton désespoir
Gueule, gueule, gueule noire
2. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 22 novembre 2010, 11:55, par Pierre PROUVEZE
connaissez-vous l’origine du cri "Bou BOU Ye YE" de la chanson de Colette MAGNY dont vous donnez un extrait (et merci pour cela) ? je suis en recherche de témoignages et d’infos de tous ordres pour un film que je prépare sur Colette MAGNY.
amicalement
3. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 8 octobre 2015, 11:20, par mizote
La question remonte à 5 ans ! J’ai une réponse mais sera-t-elle lue ?
3. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 16:24, par JMdS
Robert Schuman faisait partie des hommes politiques ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain.
1. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 17:38
Que faisait le PCF ?
Grace au "compromis historique" De Gaulle - Staline de 1944 il a sagement contribué à la liquidation des mineurs grévistes ce qui a fait naître le gauchisme en france...
2. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 23:26
LE PCF de pars son comportement à légitimé des paris plus à gauche que lui, ils n’o,nt pas toujours suivi les salariés....
3. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 23:26
des paris plus à gauche que lui
4. En hommage aux mineurs grévistes de 1948, 6 novembre 2009, 23:28
des partis plus à gauche que lui. (j’ai des touches qui fonctionnent mal)- :)