Encore des violences homophobes : Oui Oui Oui réclame des sanctions et toute l’égalité !

La nuit dernière, un bar gay de Lille a été attaqué par une bande d’homophobes. L’équipe et les clients ont été brutalisés.

Ces nouvelles violences homophobes font suite à l’agression physique de quatre homosexuels à Paris le dimanche 7 avril. Ils s’inscrivent dans un climat d’homophobie décomplexée et de passage à l’acte : manifestations quotidiennes de la prétendue "Manif pour tous" et de ses comparses du GUD et du Printemps français ; poursuite des déclarations insultantes de parlementaires contre nos amours et nos familles ; appels à la violence de plus en plus explicites des leaders de l’opposition au mariage pour touTEs.

Ces violences sont inacceptables. Ces mots sont inacceptables. Ils doivent cesser.

Pour ce faire, le collectif Oui Oui Oui réclame deux choses.

D’une part, les responsables des violences physiques doivent être trouvés, et sanctionnés par la justice avec toute la rigueur nécessaire. Les personnes appelant à la violence politique, ou la pratiquant chaque soir dans les rues de Paris, doivent également être poursuivies, comme la loi le permet. Enfin, la droite doit arrêter de proférer quotidiennement des insultes homophobes. L’UMP doit faire cesser son association avec les fascistes et les extrémistes cathos, sur le dos des gouines et des pédés.

D’autre part, Oui Oui Oui demande au Gouvernement, non seulement de condamner clairement les violences et les propos homophobes, mais aussi d’affirmer qu’il ira rapidement jusqu’au bout de l’égalité. C’est l’hésitation ou la lâcheté qui laissent le terrain aux professionnels de l’homophobie. Manuel Valls n’a pas à recevoir les leaders de l’homophobie fanatique — il ne recevrait d’ailleurs pas, et heureusement, les leaders du racisme ou de l’antisémitisme.

La République est forte quand elle assume ses valeurs, aujourd’hui celle d’égalité. Oui, la PMA a été promise aux lesbiennes et femmes célibataires, elle doit être votée sans attendre. Oui, la filiation doit être réformée pour reconnaître les parents sociaux. Oui, les trans doivent voir leur transition simplifiée et obtenir les papiers qu’ils et elles souhaitent. Oui, oui, oui, le courage et l’égalité totale feront reculer l’homophobie.

C’est pourquoi Oui Oui Oui donne rendez-vous à touTEs vendredi 19 avril, 19h, métro Solférino.

Le collectif indépendant OUI OUI OUI a été créé par différents groupes, associations, organisa- trices/teurs de soirées, gouines, trans, pédés, hétéro-te-s et bi-e-s et simples citoyen-ne-s luttant pour une complète égalité des droits. Oui au mariage, Oui à la filiation, Oui à la PMA !

Retrouvez-nous sur www.ouiouioui.org
Compte twitter : Ty6 ouiouioui_
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Deux témoignages parus ce jour dans "Libération" (recueillis par Catherine Mallaval)

« Les élus légitiment l’homophobie »

Fred a 45 ans et il est chargé de mission à l’Association Aides

« J’en ai plein le dos. Franchement ras le bol de cette violence contre les homos. Moi, qui suis un vieux militant et qui ai fait plein de manifs, j’en arrive à me réjouir quand la préfecture de police rappelle à l’ordre les anti. Un comble ! Et je peux vous dire qu’en ce moment j’ai du mal à supporter ceux qui commencent leurs phrases, par : "Je suis pas homophobe mais…" J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que le mariage pour tous suscite autant de violence, pas à ce point.

« Depuis six mois, on se prend dans la face tous ceux qui se positionnent comme les garants de l’ordre moral, se pensent supérieurs et refusent qu’on nous accorde des droits qui ne leur enlèvent rien. On a eu beau expliquer, témoigner, montrer nos familles, rien à faire. Ça, c’est violent. Bien sûr, on savait qu’on aurait du Boutin. Les homos sont un tel fonds de commerce pour elle qu’on devrait lui demander de verser des royalties à SOS Homophobie. Et puis, il y a Barjot. C’est pareil : ridicule, caricatural. Mais, ce qui est vraiment choquant, c’est de voir l’UMP leur emboîter le pas et tenir des discours d’une violence insensée. Quand j’entends des élus reprendre les arguments de l’inceste, de la pédophilie, dire et redire qu’une famille, c’est un papa, une maman, qu’il faut penser aux enfants etc., je leur en veux. Ce sont eux qui banalisent l’homophobie. La rendent légitime.

« Et puis, il y a cette droite très dure, très conservatrice, ceux qu’on a vus faire des saluts hitlériens sur les Champs-Elysées lors de la dernière manif. Ce qui est incroyable, c’est que ces gens se soient retrouvés, agrégés sur notre dos. Soudés sur la haine d’une minorité, sur leur façon de nous considérer comme des sous-citoyens. Ce consensus est très dur à encaisser. Le PS a trop tergiversé. Je ne sais pas s’il y a davantage d’actes homophobes, mais je suis sûr que les homophobes se sentent plus décomplexés qu’avant. Moi, à 45 ans, je sais me défendre. Et je continuerai à militer pour la PMA. Moi, je suis "construit". Mais vous imaginez ce que cela peut produire sur des jeunes de 16-17 ans ? »

« Va-t-il falloir se cacher ? »

Laila a 22 ans, elle est étudiante et hôtesse d’accueil.

« Je suis égyptienne, en France depuis cinq ans.Avant le début des débats sur le mariage pour tous, je me disais qu’ici mon homosexualité n’était pas un problème. Je la vivais au grand jour sans souci, hors quelques réflexions de mecs sur les gouines. Mais depuis, je me suis rendu compte que l’homosexualité était tolérée, pas acceptée. Quand j’ai vu en janvier, dans la rue, plus d’un million de gens opposés au fait qu’on puisse aimer quelqu’un du même sexe et avoir des enfants, avecma copine, on en a pleuré.
« Le tournant a été là.Depuis, les débordements s’enchaînent. Il y a eu le débat au Parlement : je croyais que les députés étaient censés faire attention à ce qu’ils disent ! Puis, j’ai bondi le jour où j’ai découvert la vidéo du mouvement “printemps français” sur YouTube. Ils ont osé mettre des images de la place Tahrir. Moi, j’y suis allée à Tahrir. Le mouvement égyptien était destiné à obtenir des droits, pas à en refuser à d’autres ! Je n’ai pas supporté non plus Christine Boutin en victime sur les Champs-
Elysées.

« Qui sont les victimes dans cette affaire ? Les agressions se multiplient.Des actes clairement homophobes contre le
printemps des associations LGBT… Vous avez entendu Frigide Barjot dire “Hollande veut du sang”, Boutin parler de “guerre civile” ou encore le GUD [organisation étudiante d’extrême droite, ndlr] parler de descentes dans le quartier du Marais ? Ça devient
dangereux. C’est dingue, on voulait gagner en visibilité etmaintenant certains craignent de semontrer tant le discours
de haine s’intensifie.Va-t-il falloir se cacher ? Je n’en peux plus de voir tous les jours des tags avec écrit “on veut du boulot
pas du mariage homo”. Ah bon, on ne peut pas avoir les deux ? J’habite la Courneuve, l’autre jour notre pharmacien
nous a parlé de Brassens et de sa chanson Maman Papa. Comme par hasard ! Avant, il n’aurait pas osé. Au final, tout ce qui
s’est passé a donné de l’assurance aux homophobes. Il est vraiment temps que la loi soit votée. Et vite. »