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Encore espérer après Brignoles ?
par Charles Hoareau
Publie le mercredi 9 octobre 2013 par Charles Hoareau - Open-Publishing7 commentaires
L’élection partielle de Brignoles secoue l’actualité de ce lundi.
Coup de tonnerre imprévisible ou conséquence attendue d’années de renoncements politiques sur le plan économique et de mise en œuvre de choix qui bafouent la souveraineté populaire ?
Coup de tonnerre sans doute, mais imprévisible certainement pas.
Situer la cause du mal, comme on l’entend ici ou là, à la division à « gauche » au 1er tour (sans même revenir sur la pertinence du classement à "gauche" d’EELV) alors que dans notre constitution, ce tour est justement celui de l’expression de l’identité des forces en présence, tandis que le 2ème est celui des alliances et des compromis éventuels, est totalement hors de propos. Comment justifier le pluralisme politique quand dans les moments forts de débat que sont les élections, on le nierait par des listes de « rassemblement » qui gomment forcément les raisons de ce pluralisme ?
Chercher à comprendre ce qui s’est passé à Brignoles ne veut certainement pas dire excuser.
Un des éléments du vote FN est l’absence de perspective politique.
– Il est clair pour de plus en plus de gens qu’il n’y a guère de différence dans les choix économiques et sociaux entre ce gouvernement et le précédent. Ne pas le dire clairement, ne pas se situer dans une opposition progressiste à ce gouvernement, expose les forces qui se réclament du camp du progrès à être jetées dans le même camp que ceux qui bafouent les droits du monde du travail. A Brignoles, le soutien affirmé du PS (jusque dans sa direction nationale) au candidat PCF, les bandeaux siglés du poing et de la rose portant son nom, loin de rassembler (la preuve !) ont grandement contribué à jeter le PCF et le Front de gauche dans le camp de ce gouvernement de toutes les attaques.et de tous les reculs sociaux. Voter contre (et surtout ne pas voter pour puisqu’il y a eu 2/3 de refus de vote) le candidat de « gauche » était perçu comme désapprouver le gouvernement.
– L’UE est de plus en plus dictatoriale pour faire passer partout sur son territoire des plans d’austérité afin de faire grandir les profits du capital. La désormais tristement célèbre « troïka » fait partout des ravages sans que ni l’UMP, ni le PS ne trouvent à redire. A contrario le FN, avec son discours sur la souveraineté nationale séduit. La question de la sortie de l’Euro et de l’UE a certainement pesé dans le scrutin de Brignoles.
– Dans ces conditions, s’entêter à répéter et répéter encore en tapant du pied « Europe sociale » sans se poser la question de la crédibilité de ce mot d’ordre (ce qui revient à dire « si le peuple n’est pas content, il faut changer de peuple ») contribue aussi au résultat de ce premier tour de Brignoles.
Où est aujourd’hui l’opposition résolue à ce gouvernement de régression sociale ?
A gauche ? Le PCF et le Front de gauche réfutent la notion même d’opposition !
Au NPA sans réelle implantation populaire, groupusculaire et en plein désarroi suite aux nombreuses scissions dont il a été récemment le théâtre ?
Où est aujourd’hui l’opposition frontale à cette alliance ouest européenne du capital dont on voudrait nous faire croire qu’elle peut constituer un jour un progrès pour les peuples ?
Ne trouvant pas de réponse à ces questions essentielles, à Brignoles et ailleurs le peuple se réfugie dans le nationalisme et se trompe de colère. Des années de pouvoir cultivant l’individualisme comme une vertu opposée à la solidarité renommée "collectivisme" et la banalisation continue du racisme ont fait le reste.
Le gouvernement peut-il changer de cap ? Prendre des mesures de progrès social ? Si on se réfère à ce qui se passe et s’est passé dans un passé plus ou moins récent en France et dans le monde, [1] OUI.
Oui si un mouvement politique et social résolu et « ferme sur les prix » ouvre des perspectives dans lesquelles le monde du travail pourra se reconnaître. Justice sociale, politique de paix, souveraineté populaire, protectionnisme au service d’un internationalisme de progrès en lutte contre le dumping social mondial doivent être non seulement nos priorités mais sont aussi le moyen de sortir de cette situation.
Rouges Vifs 13,avec d’autres, y travaille modestement mais opiniâtrement.
Assurément aujourd’hui l’espoir passe plus par la rue que par les urnes.
Pour l’instant.
[1] de la lutte des colombiens à celle des brésiliens en passant par les portugais ou en France celle des FRALIB
Messages
1. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 11:01
"Le gouvernement peut-il changer de cap ? Prendre des mesures de progrès social ? Si on se réfère à ce qui se passe et s’est passé dans un passé plus ou moins récent en France et dans le monde, [1] OUI.""
le gouvernement peut il changer de cap ?,
pouvoir,oui et encore...mais c’est vouloir qui pose probléme.
Il est au service du capital ,et pas pour faire du social,Hoareau est il en train de réver ?
1. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 13:01, par hoareau charles
Concernant le changement de cap, tout était dans le renvoi aux exemples (paysans colombiens pour n’en prendre qu’un)...
L’histoire est pleine d’acquis sociaux conquis par la rue avec un pouvoir aussi à droite que celui-ci.
Quant au "pour l’instant" de la fin, il ne renvoie à aucune illusion électorale, mais là aussi l’international nous apprend que la rue peut imposer des prolongements dans les urnes qui sont porteurs d’espoir : il n’y a qu’à regarder vers l’Amérique du sud. Tout dépend du programme et de la volonté de respecter la souveraineté populaire qui anime ceux qui se présentent aux suffrages...et cela renvoie au début de l’article.
2. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 12:08
"Où est aujourd’hui l’opposition résolue à ce gouvernement de régression sociale ? "
Où ? A gauche de la gauche de la "gauche", il existe des courants dont le NPA n’est pas le seul représentant.
3. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 14:28, par Vincenzo
Les électeurs de la vrai gauche qui voulaient sanctionner le gouvernement
n’avaient pas d’autre choix que l’abstention.
En effet, le candidat du PC était aussi celui du PS.
Conclusion : pour les municipales,il faut des listes Front de Gauche
totalement indépendantes du Parti Solférinien.
1. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 15:42, par gb26100
Et avec EELV ? Quelle bonne blague...
2. Encore espérer après Brignoles ?, 9 octobre 2013, 19:07, par Vincenzo
Je précise : des listes indépendantes du Parti Solférinien et de son satellite EELV.
4. Encore espérer après Brignoles ?, 10 octobre 2013, 19:42
Un militant comme Hoareau a de l’expérience et son analyse est juste . Pourtant il faut clarifier encore plus l’alliance électorale PCF-PS qui dure depuis Thorez et qui s’est amplifiée depuis le programme commun Mitterrand-Marchais-Fabre et qui a laminé électoralement le PCF et réduit son nombre de militants-adhérents sans pour autant toucher au noyau dur des militants vraiment communistes . Ces militants communistes ,qui pour certains ont créé leur propre chapelle ou groupuscules, sont pour la plupart encore membres du PCF comme moi .Une nouvelle génération l’ a rejointe surtout depuis l’accentuation de la crise du capitalisme et la formation du FDG . Mais cela ne suffit pas pour susciter un regard populaire vers ces révolutionnaires de plus en plus important pour renverser le capitalisme et ses agents élus ou non élus .
Le mécontentement populaire et citoyen est très agressif dans ce contexte historique de crise du capital et c’est pour ça que Marine Le Pen et le FN engrangent des pourcentages inimaginables ,sur fond d’abstention à 60-70%,sur des territoires autrefois influencés par les communistes. Trop d’élus communistes se sont habitués à l’alliance avec le PS et sont devenus des gestionnaires des intérêts patronaux avec une dose de pansement social alors qu’une municipalité dite communiste devait être un point d’appui à la classe ouvrière (dixit Thorez). Face à la montée de ce mécontentement Le FDG et le PCF reste sur une position politique défensive alors qu’il faut proposer une rupture totale avec le PS sur une base de lutte de classe intraitable contre la grande bourgeoisie affairiste et mondialisée. Il faut solennellement devant le peuple rompre toute alliance avec le PS en tant que parti et dire pourquoi et même faire une autocritique sur cette alliance électorale qui a trompé le peuple et la nation toute entière .
Il faut être clair en politique et les compromis boîteux des prochaines municipales vont entraîner pour la 1ère fois dans ce type d’élections une abstention massive pour ceux et celles qui ne veulent pas voter FN ou UMP-UDI et pour les plus en colère cela se traduira par un vote FN qui renforcera la crédibilité des Fascistes déguisés.L’histoire nous démontre dans des sociétés en crise que les démagogues se servent de la réthorique nationale et du social pour valider leurs idées en les rendant populaires et attractives , la bourgeoisie incapable de résoudre sa crise préférant soutenir ces démagogues avec ses moyens médiatiques pour éviter les idées communistes qui la renverseraient .
Nous sommes donc de nouveau ,sous une forme différente, en 38-40 avec le Pétainisme à l’horizon. Marine le Pen n’est pas Pétain mais elle en a la doctrine ,elle n’a pas un passé historique comme Pétain mais elle a les médias avec elle, son mouvement est rejoint comme sous Pétain par des transfuges de gauche et de droite . Le discours nationaliste , anti-immigrés,contre l’Europe et l’Euro font mouche . "Les Français d’abord" du FN concurrencent efficacement le slogan du FDG "Prenez le Pouvoir" apparaissant utopique aux yeux des masses populaires. Voilà ou nous en sommes après plus de 50 ans de 5ème république et 40 ans d’alliance électorale avec le PS oligarchique. L’histoire est cruelle pour les militants révolutionnaires et pourtant il faut toujours espérer un "déclic" dans la classe ouvrière,la jeunesse et l’immense masse des exploités du capitalisme.
Parfois nous avons l’impression de militer pour rien et pourtant il faut garder l’espoir car le système capitaliste est au bout du rouleau et du chaos peut surgir le nouveau comme le papillon qui sort de sa chrysalide.
Brignoles un cri d’alarme dévastateur qui doit obliger les militants communistes de tous horizons à l’union révolutionnaire en rejetant tous les valets masqués de nos ennemis de classe comme le PS . Le peuple exige la clarté et la vérité et aussi la vertu sans compromis . L’échec programmé des prochaines municipales et des Européennes devrait susciter un électrochoc salutaire vis à vis des militants encore influençés par l’alliance avec ce faux-frère appellé PS .
Des camarades sont en désaccord avec moi à Aubagne et ailleurs, et bien la vie tranchera comme on dit en langage marxiste .
Bernard SARTON ,section d’Aubagne