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Essais nucléaires : les Polynésiens attendaient les excuses du Président
par Lanouvellesam
Publie le vendredi 26 février 2016 par Lanouvellesam - Open-PublishingEntre 1960 et 1996, 210 essais nucléaires ont été menés par la République. Tout commence dans le désert algérien, puis en Polynésie française. 13 mégatonnes (unité d’énergie) ont été cumulées sur ces territoires impliquant environ 150 000 civils et militaires. Aujourd’hui, les Polynésiens sont en colère et affirment que ces essais nucléaires sont à l’origine de nombreuses maladies. En déplacement dans le Pacifique, le chef de l’Etat n’a pas eu d’autres choix que d’évoquer le sujet. Le président a été clair, en assumant l’entière responsabilité de l’Etat dans cette affaire : il reconnaît l’impact environnemental et sanitaire causé par ces essais qui sont devenus synonymes de catastrophe sanitaire. Malheureusement François Hollande n’a pas présenté d’excuses au nom de l’Etat français. Depuis ce discours, les habitants n’ont pas caché leur déception.
Une visité présidentielle sous nucléaire
Il était attendu sur la question du nucléaire, le Président le savait. Sa visite éclair de 24 heures en Polynésie française était sous le signe d’une question cruciale : les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996. Devant un auditoire composé essentiellement des élus locaux polynésiens, François Hollande l’a reconnu « solennellement » : Les essais conduits entre 1966 et 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa ont eu un « impact environnemental, ont provoqué des conséquences sanitaires et ont entraîné, c’est un paradoxe, des bouleversements sociaux quand ils ont cessé », a-t-il dit. Un aveu qui rejoint les grandes lignes de la loi de janvier 2010 relative à la « reconnaissance et à l’indemnisation des victimes des essais ». La différence aujourd’hui c’est le président qui le dit mais ce n’est pas pour autant que la population du fenua est satisfaite par ces annonces politiques qu’elle qualifie de médiocre. Toutefois, François Hollande a annoncé le prolongement de la dette nucléaire.
« Le millard de Chirac »
Le président n’a pas cherché à se détourner. Il reconnaît l’impact sanitaire et environnemental. Il a également stipulé dans ses propos vouloir. « Tourner la page sur le nucléaire », les Polynésiens attendaient le mot « pardon » dans son discours. Un mot qui à les entendre serait une forme de soulagement pour tout le mal qu’ils sont obligés de subir. Les essais nucléaires c’est aussi un archipel qui compte des atolls inhabitables à jamais et 1000 dossiers médicaux déposés par les victimes. À ce jour, 20 malades dont quatre Polynésiens ont été indemnisés. En Polynésie, on parle de « la dette nucléaire » (également surnommée « le milliard de Chirac »). Le président a annoncé le maintien de cette indemnité d’un montant de 90 millions d’euros. Une rente annuelle accordée par l’Etat à la fin des essais en 1996, sous la présidence de Jacques Chirac. Le montant a été réduit à plusieurs reprises. Le pardon imprononçable a laissé entrevoir une succession de promesses. Parmi elles, François Hollande a parlé de la dépollution de l’atoll de Hao en utilisant « les méthodes les plus modernes » où des métaux lourds souillent les sols. Un engagement qui ne convainc pas.
Au vue de la réaction des habitants, « reconnaître » ce n’est pas « pardonner ». Entre « je reconnais les impacts des essais nucléaires » et « je vous demande pardon au nom de l’Etat » le fossé est large…dans le cœur des Polynésiens…
L’Etat français achète le silence des polynésiens
Finalement l’Etat français n’a pas le courage et l’humilité de demander pardon aux Polynésiens… Pour cacher cet état de fait et essayer de compenser leur immense déception, il accorde une autonomie, met en place des dispositifs de défiscalisation, fournit une aide financière, etc… A tel point que l’on a l’étrange impression que l’Etat essaie d’acheter le silence des Polynésiens… Grave erreur car la Polynésie est une terre de caractère ! On peut imaginer la relation entre la France te le pays comme une histoire d’amour qui bat de l’aile : un des membres du couple ayant fauté, sa moitié attend que le fautif reconnaisse son erreur et s’excuse. Dans le cas contraire, la partie trahie et blessée rompt l’engagement, tourne le dos à l’ex et trace sa route… C’est finalement ce qui risque de se passer : face à l’incapacité de la France de s’excuser, les velléités d’indépendance polynésiennes ne vont qu’augmenter…