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Et si nous parlions du Communisme… ?

Publie le jeudi 25 octobre 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Compte rendu de la réunion du 18 octobre 2007

Et si nous parlions du Communisme… ?

A l’initiative du Comité de la Gauche Populaire de Nîmes-centre*

* Notre Comité de la Gauche populaire est un espace ouvert. Les participants aux activités de notre comité se sont rencontrés dans le collectif de la gauche antilibérale. Suite à l’échec de la candidature commune, nous avons fait le choix de poursuivre notre activité de recherche du rassemblement antilibéral en faisant la campagne de Marie-George Buffet. Composé de communistes, de syndicalistes, de simples citoyens, il comprend des membres et des non membres du PCF. A l’occasion de l’Assemblée extraordinaire du PCF en décembre 2007, nous avons fait le choix de débattre ensemble des questions posées aux membres du PCF, mais, comme nous le pensons, aussi à tous ceux que l’avenir de la Gauche, du communisme ou de la transformation sociale intéresse.

Le Comité de la Gauche populaire avait invité publiquement à débattre à propos des questions :

Le communisme ! Quel avenir ? Quel projet ? Quelle construction politique ?

(32 présents et une dizaine d’excusés, plus de deux heures de débats attentifs et sereins)

A/ En introduction au débat, trois phrases de Marx qui permettent de baliser le questionnement.

(a) "Pour nous, le communisme n’est ni un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent présentement."

(b) "A la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous." (Manifeste)

(c) "Les producteurs associés règlent rationnellement l’échange matériel avec la nature, le soumettent à leur contrôle collectif, au lieu d’être dominés par lui comme par un aveugle pouvoir ; ils l’accomplissent avec les efforts les plus réduits possibles, dans les conditions les plus dignes de leur nature humaine et les plus adéquates à cette nature. " (Capital III)

Ces phrases célèbres ont été souvent mal lues et mal interprétées. Le texte d’origine est parfois cité à contresens et encore plus souvent sa signification est ignorée.

a/ Marx s’opposait alors à l’utopie imaginaire que certains développaient à propos d’une société idéale et ce n’est qu’assez récemment que la définition du communisme comme processus a été mise en avant et développée. Ce qui bouleverse une conception du changement de la société en stades scandés par des révolutions pacifiques ou non (passage à une démocratie avancée, puis au socialisme enfin au communisme) telle que le stalinisme l’a vulgarisée.

b/ De même, combien de fois n’a-t-on entendu, de la part de nos adversaires mais malheureusement pas que d’eux, que le développement collectif conditionne le libre développement de chacun… La phrase de Marx ouvre en fait tout l’espace au développement des personnes comme condition (attention ne pas lire "moyen") de l’émancipation de tous, ce qui change radicalement l’articulation que l’on doit penser entre appropriation sociale des moyens de production et émancipation des personnes. Rien de mécanique qui permet de passer de l’une à l’autre, l’expérience soviétique est là pour nous le montrer : le retour vers le capitalisme sauvage s’est déroulé sans opposition réelle, majoritaire, et encore plus significatif le retour massif à la religion montre que l’évolution des personnes ne s’était pas construite sur un socle solide.

La lutte des classes se déroule principalement entre classes bourgeoise et prolétaire, du fait du capitalisme comme mode de production dominant qui clive la société selon le rapport à la propriété des moyens de production. La classe des indépendants, artisans, paysans, petits commerçants, qui possèdent leur propre outil de production est prise en tenaille entre prolétarisation (dépossession de leurs moyens de production par les capitalistes) et intégration dans la classe bourgeoise par capitalisation sur leurs moyens de production. La classe ouvrière est un sous-ensemble de la classe prolétaire, la réduction de la classe prolétaire à une "classe ouvrière" n’a pas permis de penser correctement les articulations avec tous ceux qui ne sont pas ouvriers, mais n’ont cependant que leur force de travail à vendre…

c/ Enfin, il a été très peu travaillé en théorie et en pratique sur ce que signifie "producteurs associés" qui "règlent rationnellement l’échange matériel avec la nature, le soumettent à leur contrôle collectif" et encore moins sur les producteurs associés qui "accomplissent (l’échange matériel) avec les efforts les plus réduits possibles, dans les conditions les plus dignes de leur nature humaine et les plus adéquates à cette nature". Ce qui pose les questions de la maîtrise collective de la production et de la réduction des efforts (travail mais aussi, par conséquent, ressources matérielles et énergie) dans un cadre qui respecte la dignité humaine. Nous sommes loin d’un productivisme acharné et bien entendu d’un marché libre et non faussé !

B/ Les questions principales débattues

1/ Définir le communisme

Il est difficile de ne pas se référer à Marx quand il est question de communisme ! Bien que dans la dernière période la référence à Marx et Engels ait été un peu oubliée, rayée même des statuts du PCF. En effet, si le mot existait avant lui, il l’a repris et lui a donné une ampleur particulière en le faisant entrer dans le langage courant à partir du Manifeste. (Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il y avait la mention du "bonheur commun" comme but de la société.)

L’idée centrale est donc que le communisme est un mouvement réel, en cours, qui abolit l’état actuel des choses, en particulier le mode de production hégémonique, le capitalisme. A ce titre, il n’est pas une société parfaite, idéale, à construire, sur le mode d’un paradis, auquel il faudrait contraindre la réalité.

Marx précise, en 1848, que le dépassement du capitalisme implique d’une part l’abolition de ce mode de production et d’autre part l’émancipation des prolétaires (dégagement des dominations, aliénations et discriminations de toutes sortes). Les formes de l’exploitation capitaliste sont bien sûr principalement celles de l’exploitation de la force de travail des salariés, mais le capitalisme a utilisé ou utilise d’autres formes d’exploitation, colonialistes ou patriarcales qui existaient avant lui.

De la même manière que le communisme n’est pas un idéal ou un état à créer il n’est pas non plus une norme qui servirait à décider a priori ce qui est communiste et ce qui ne l’est pas..

2/ Abandonner le mot communisme ?

La discussion est actuellement ouverte sur la possibilité de ne plus employer ce terme de communisme, trop chargé pour certains de connotations négatives (les "valises de plomb" qui nous empêcheraient d’avancer et qu’il nous suffirait de poser !).

Deux positions sont présentes dans le débat, le communisme est un ensemble historique, de symboles, de pratiques, de personnes dont on ne peut pas écarter tel ou tel aspect : c’est un héritage à prendre et à comprendre tout entier, changer de nom ne résoudrait rien. Pour d’autres, il faudrait abandonner communisme pour un terme plus neutre tel que transformation sociale ou changement radical, anticapitaliste, afin de pouvoir élargir le rassemblement nécessaire pour faire changer les choses réellement, au risque de diluer ou de faire disparaître tout cet héritage historique.

Cette question est pratique et politique. En effet, le mot sert de repère, d’identification, pour tous ceux qui luttent pour leur émancipation. Depuis la Révolution, il existait un courant "communiste", associé aux républicains et quand Marx arrive à Paris en 1842, les communistes sont les plus actifs dans les luttes syndicales. Marx se rallie au communisme et travaille à le sortir de son étroitesse originelle. De 1871 à 1917, le terme disparaît au profit de celui de socialisme (le parti socialiste se développe dans cette période). A partir de 1917, le communisme est associé à la révolution russe, qui désigne pourtant l’état nouveau comme une union de "républiques socialistes"… Et ce sera pour le meilleur et le pire, l’idéologie dominante en retiendra le pire qu’elle donne pour le tout. Quant au meilleur… qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Dans le discours dominant, le communisme est identifié à l’URSS, à Staline, et si cela ne suffit pas la Chine, Cuba, la Corée du nord sont convoquées pour démontrer que le communisme est obligatoirement de caserne, totalitaire, sans liberté ni épanouissement, voire que le capitalisme y est plus sauvage qu’ailleurs (en Chine par exemple). Nous avons donc une bataille idéologique à mener :

 pour déconstruire ces expériences en tenant compte des conditions historiques dans lesquelles elles se sont déroulées et à quelles aberrations théoriques elles ont été soumises ;

 pour reconstruire un véritable contenu au communisme qui ne se réduit pas à l’économie, pas plus que la propriété collective des moyens de production n’est le contraire de l’émancipation personnelle et que l’objectif du communisme est justement une humanisation de l’homme.

La dimension processus est de ce point de vue essentielle mais difficile à faire comprendre : il est plus simple d’énumérer les caractéristiques du paradis que de dire comment l’atteindre ou comment le construire… Mais ne pas voir qu’on dépossède les gens du même coup de leurs capacités d’émancipation est une erreur que nous commettons chaque fois que nous définissons le communisme comme un idéal ou comme un état de choses à créer selon un modèle préétabli.

Ainsi le mot est associé à des expériences "socialistes" perçues négativement du fait de toutes les erreurs ou crimes commis en son nom. La question est de savoir d’ailleurs si ce sont des expériences ratées ou dévoyées. Car l’hégémonie d’un parti, même s’il se dit communiste, ne fait pas le communisme ! C’est donc toujours un chantier de travail et une bataille que de réfléchir sur ces questions et d’essayer d’en donner une qualification juste : c’est une base importante dans l’action politique quotidienne pour faire émerger une société dont le mode de production ne serait plus capitaliste.

3/ Le communisme aujourd’hui ?

Deux dimensions à la question : le communisme comme processus de dépassement du capitalisme et de l’émancipation personnelle, le communisme comme intervention pratique dans le cours de ce processus.

Comment l’idéal s’articule avec l’idéologie. Quel rapport à la croyance ? Marx n’a pas écrit une bible (lui qui disait ne pas être marxiste), les phrases que l’on peut extraire de ses textes ne sont pas de dogmes : il faut se garder d’un double écueil, les déformer (ce qui a été fait abondamment par les opposants et malheureusement par ceux qui disaient les réaliser) ou les prendre au pied de la lettre comme une vérité indépassable. Mais ces textes sont importants en ce qu’ils marquent une rupture par rapport aux conceptions antérieures sur l’économie politique et la politique entre autres, et leur pourvoir d’éclairage du réel n’est pas épuisé.

Marx n’utilise pas de considérations proprement sociologiques (c’est une science qui émergera plus tard) mais peut-être qu’aujourd’hui notre réflexion pourrait-elle s’enrichir des acquis sociologiques ? La lutte des classes, la définition fine des diverses classes et sous-classes permettraient de mieux adapter nos interventions. Cela pose la question du rapport entre la politique et les sciences au sens large. La politique est une pratique complexe qui s’appuie sur les connaissances apportées par les sciences, mais il y a des dimensions de négociations, de clarification des enjeux et des contradictions qui ne se réduisent pas à des théories scientifiques, même si nous avons à faire un effort pour théoriser la pratique politique pour sortir d’un pragmatisme sans boussole.

Il y a bien sûr la propriété collective des moyens de production et d’échange et Marx est pour le contrôle réglé de la production, en opposition au marché :

Soutenir un processus qui enclenche la transformation, en reprenant des valeurs qui ne sont pas celles des expériences déjà réalisées. Il est nécessaire de donner des réponses communistes aujourd’hui… mais être au pouvoir est perçu comme mettre le pied dans "le social-démocrate".

Y a-t-il contradiction entre changer immédiatement des choses qui sont injustes, irrationnelles, et le faire dans une perspective de plus long terme ? Cela revient à définir une politique du possible. Il y a des pas en avant mais rien n’est acquis de manière irréversible : il n’y a aucun mécanisme dans la pensée de Marx. C’est parce qu’il y a sans cesse production et reproduction des rapports sociaux que ceux-ci peuvent à la fois se maintenir et changer.

Regardons ce que font les autres, en Amérique latine par exemple.

La question de la caractérisation des propositions, actions dans le cours du processus communiste est posée : réformisme ou révolution ? Changer les choses dans la société c’est du communisme ? Il nous faut revenir à l’essentiel.

4/ Quelle forme d’économie créer pour anéantir le capitalisme ?

L’exploitation capitaliste est un rapport social et nous devons considérer la totalité de la société et de son fonctionnement, y compris sa dimension domestique, entre les hommes et les femmes ou sa dimension internationale, entre le Nord et le Sud.

Dépasser le capitalisme implique la disparition du salariat : n’est-ce pas en agissant sur ce point que l’on pourrait faire mal au capitalisme ?

Marx n’a pas dit ce qu’il y avait précisément derrière "communisme", c’est le développement historique qui remplira les blancs…

Dans le cours du processus communiste, on peut se demander s’il n’y a pas de plus en plus de rapports sociaux communistes qui se développent : ils sont à repérer, à soutenir, à inventer s’ils n’existent pas encore.

Nous devons distinguer ce qui relève de la transformation du mode de production et de ses conséquences (en rapport avec une histoire de longue durée), et ce qui relève de la politique, des politiques qui sont conduites soit en accompagnement soit en opposition avec les lignes de forces naturelles du mode de production capitaliste (les impacts de ces politiques sont évaluables plus rapidement).

Nous devons définir davantage ce qu’est une nationalisation, faire attention que c’est un ensemble propriété et gestion que l’on doit changer si l’on ne veut pas échouer comme dans les expériences précédentes. De même, il nous faut défendre un autre financement de la sécurité sociale ou des retraites.

5/ Pourquoi agissons-nous ?

Certains répondent : pour le bonheur des gens, pour la solidarité. Mais nous avons laissé grignoter les acquis. Nécessité de revenir au pourquoi de l’existence des communistes.

Imaginer un projet de société en désespère d’autres, en revanche se mobiliser au quotidien pour changer ce qui peut l’être les motive.

Revenir au réel à transformer, car c’est bien l’objectif : modifier le réel sans s’y fondre. Il est à comprendre par la réflexion et par l’action.

Cette recherche de l’essentiel, certains regrettent de ne plus la trouver dans le parti communiste. Ils ont besoin d’une parenthèse de réflexion intégrant les apports de Marx et l’histoire du parti communiste. Double réflexion sur le réel immédiat, quelles sont nos racines et quel projet ? Attention au risque de vouloir faire entrer la réalité dans la théorie. Des approfondissements indispensables sur le pouvoir, la propriété et l’écologie.

Le communisme est un processus qui ne se déroule pas spontanément, sans intervention. Nous sommes en guerre idéologique, il nous faut donc débattre avec les gens car la pauvreté ne donne pas forcément de bonnes idées, ne pas faire seulement avec eux… Nous avons besoin de nous nourrir idéologiquement (de théorie) ! Les reculs idéologiques sont partout, même dans les services publics où des agents perdent de vue les fondements de leur mission et des salariés imaginent de conserver tout leur salaire (direct + cotisations) et qu’ils se débrouilleraient ainsi mieux qu’avec la solidarité.

6/ Quel parti communiste pour agir ?

Quelle place le parti communiste occupe-t-il dans la lutte des classes ? Comment se définit-il ? Rassemblement de tous ceux qui veulent mettre en commun, principalement mais pas seulement, les moyens de production et d’échanges. Rassemblement de tous ceux qui en même temps veulent lutter contre les dominations et les discriminations, de tous ceux qui agissent collectivement pour faciliter le dépassement du capitalisme, etc.

A qui s’adresse-t-il et comment ? Intervenir auprès des gens qui sont en difficulté pour les aider concrètement aujourd’hui par une solidarité active ; les communistes ont toujours eu cette volonté mais pas simplement pour faire acte de solidarité, ils parlent politique, ils travaillent avec eux. Ces gens ont besoin de changement, ils l’expriment : comment aller davantage à leur contact ? Ils manquent aussi dans la lutte. Mais comment s’y prendre ? Comment expliquer sans faire de la "pédagogie" alors qu’ils sont dans une grande misère culturelle aussi. Même des salariés, mobilisés dans des luttes syndicales découvrent avec surprise les modalités de l’exploitation capitaliste et alors que dire à ceux qui sont exclus…

Agir avec eux, tels qu’ils sont, est-ce suffisant ?

Il est évident que la théorie de nos actions doit nous aider malgré le nombre de personnes qui n’agissent pas ou qui ont des actions apparemment sans signification (brûler des voitures ou des équipements collectifs). Nous devons nous situer dans un échange, donner et recevoir, attention de ne pas créer une espèce de dette à notre égard qui serait aliénante. Le débat sur les objectifs et l’action donne un sens à ces rencontres.

Pour certains si le PCF a des carences, ils ne pensent pas trouver mieux ailleurs…

La question du parti et de son organisation sera approfondie dans le prochain débat mais des contradictions importantes sont relevées dès maintenant.

Il est difficile de concevoir un processus communiste sans Parti pour faciliter les rencontres et lutter contre les aliénations, mais on trouve de fortes aliénations et dominations dans l’organisation…

Si l’on reste des individus isolés on continuera à faire de la philosophie. Le capitalisme financier, libéral, met en concurrence les peuples et les individus entre eux : pour s’émanciper nous avons besoin de nous rassembler, de créer un collectif....

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Nîmes le 25 octobre2007.

Compte-rendu réalisé par Jean

Pour se tenir au courant du front de la lutte dans le Gard : http://forum-alternative30.hautetfort.com/

Contact : cgpa-mgb@aliceadsl.fr

Messages

  • Pas la peine d’être long et confus. Moi, je suis pour un parti communiste qui ré-adopte le manifeste de Marx-Engels de 1848 toujours valable à 90%. Et en particulier cette phrase : "Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie toute entière", ce qui implique que ce parti doit militer pour que : "le gouvernement moderne ne soit qu’un comité qui gèrerait les affaires communes du prolétariat tout entier". (le prolétariat étant l’ensemble de ceux qui doivent travailler pour vivre).

    CN46400

    • méfions nous de ce qui se veut " succinct et simpliste " nous avons vu ou ça mène .

    • Ah bon, et ça mène où ? Et le confus ça mènerais pas, par hasard, à la collaboration de classe !

      CN46400

    • Le problème c’est que les 10% qui restent concernent la stratégie et qu’elle s’est avérée totalement fausse.

      Rémi la Garonne

    • Tu devrais développer un peu. Pour moi les 10% c’est le programme en 10pts qui est à "actualiser", et les critiques des autres courants du socialisme qui, à l’époque, existaient sous une autre identité qu’aujourd’hui, soit 15 pages à revoir sur les 94 de l’édition de 67 (ES). En tout cas je pense que c’est pas dans la gadoue actuelle qu’on sera capable de sortir un texte aussi clair et mobilisateur que celui-là !

      CN46400

    • "Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie toute entière",
      "le gouvernement moderne ne soit qu’un comité qui gèrerait les affaires communes du prolétariat tout entier"

      La grande leçon du XXeme siècle est justement de sortir et de mettre en pleine lumière qui gère.

      Ou autrement dit : un parti, ou une poignée de gens dévoués et volontaristes, qui gèrent à la place de la gestion démocratique directe de travailleurs libres individuellement et collectivement, finit toujours par se constituer en caste qui nourrit sa place d’un double mouvement : opposition à la classe bourgeoise et dictature contre les travailleurs. Avec comme moyens les méthodes traditionnelles de l’idéologie et des moyens répressifs de toujours, utilisées par toutes les classes dominantes.

      Les méthodes répressives et de domination dans les entreprises par ces castes empruntent donc à 90% au gouvernement bourgeois des entreprises.

      Ce qui renvoie à l’autre phénomène cité dans le texte à juste titre : ." Rien de mécanique qui permet de passer de l’une à l’autre, l’expérience soviétique est là pour nous le montrer : le retour vers le capitalisme sauvage s’est déroulé sans opposition réelle, majoritaire, et encore plus significatif le retour massif à la religion montre que l’évolution des personnes ne s’était pas construite sur un socle solide".

      Mais en se consacrant sur ce qui se passe dans la tête des travailleurs sans relever cette affaire énorme que la nomenclatura dirigeante exerçant dictature contre les travailleurs s’est transformée d’un pan en classe bourgeoise.

      Ou autrement dit, à quelques notables exceptions honorables près, l’essentiel de la couche dirigeante des "partis communistes" (je mets les guillemets car là ça s’impose) de ces pays, qui se distinguait par les leçons de communisme données au monde entier et à ses travailleurs au niveau des discours, est devenue classe bourgeoise !

      Ca amène donc énormément à réfléchir sur la nature des dévoiements des processus de ruptures avec le capitalisme et les mécanismes concrets qui aboutissent à l’autonomisation de castes qui très rapidement utilisent les méthodes bourgeoises de gouvernements d’entreprises et rapidement ne rêvent qu’à devenir classe bourgeoise et bien après aboutissent leur mue terminale en bourgeoisie quand cette dernière, internationalement, leur laisse l’espace bienveillant nécessaire pour muter.

      Classe ouvrière cassée, terrorisée, brisée, mœurs et cultures, idéologies bourgeoises dans un système, idéologies de la soumission, mouvements ouvriers fracassés, expliquent en grande partie la placidité des classes ouvrières de ces sociétés face à la re-transformation de sociétés post-capitalistes ("post" ?) en sociétés capitalistes. Mais également éclairent aussi sur un aspect méconnu de la lutte des classes dans les pays de l’Est. Celui marqué par la domination d’une caste qui, en l’absence de la classe dominante bourgeoise, devient calife à la place du calife, avec des méthodes de califes.

      L’appréciation donc de cette question doit réellement être réglée à sa juste valeur. Et que la lutte de la classe travailleuse, dans une société qui a malmené la bourgeoisie, pour limiter l’autonomisation d’une caste gestionnaire, si pures que soient à l’origine les intentions volontaristes des êtres qui la composent, est essentielle, un des moteurs permanents de la lutte pour le communisme.

      D’abord savoir également que rien n’est jamais acquis, que des circonstances historiques, économiques et sociales, sont souvent déterminantes pour les trajectoires des sociétés qui engagent un bras de fer avec la domination bourgeoise.

      Copas

    • Le prolètariat, qui, rappelons-le, compte l’essentiel, "l’immense majorité" disait Marx, de la population d’un pays comme la France, ne peut exercer sa "dictature" sur la bourgeoisie que s’il y trouve son intérêt. S’il n’y trouve pas, ou plus, ses avantages, il se porte aux "abonnés abscents" avant de resubir la "dictature" de ceux, les néobourgeois, "une infime minorité" disait Marx, qui profitent de la défaite des prolétaires. Défaite, de toutes façons, provisoire.

      Reste à savoir, quand, le prolétariat aura tiré tous les comptes. En particulier ceux du "comité" qui devait gérer les "affaires communes du prolétariat tout entier", et qui a échappé au contrôle du prolétariat. Le comité de la bourgeoisie n’échappe jamais, lui, au contrôle de la bourgeoisie. Sans doute y a-t-il une raison ? Il suffit de la dénicher ;

      CN46400

  • Et si nous parlions d’abord des stratégies pour y parvenir en évitant les conneries du passé. ?

    Rémi la Garonne

  • Très bonne réflexion des Nîmois sur le communisme ,mais il convient aussi d’imaginer une stratégie de lutte qui fasse converger les 85 % de citoyens français en dessous de 2000 euros par mois,ce qui ne veut pas dire que certains de ceux qui gagnent plus ne rejoignent pas ce combat de classe légitime (cadres moyens et supérieurs,paysans moyens et commerçants-artisans,professions libèrales et petits - moyens patrons .).Cette alliance stratégique est nécessaire pour abattre le capitalisme et le mouvement communiste dans sa diversité est aux avant-postes pour la rendre gagnante.Il faut donc construire vite cette alliance par des signes forts comme la réhabilitation de Trotsky aux côtés de Lénine comme grande personnalité révolutionnaire et théoricien.Ne pas hésiter à citer Marx-Engels dans l’approfondissement théorique et bien d’autres comme Rosa Luxembourg et les socialistes utopiques du 19ème siècle.Retrouver et approfondir nos racines marxistes sans dogmatisme sont de nouveau au centre de l’actualité d’aujourd’hui après la longue "digestion" de l’échec de L’URSS et satellites.Le renouveau révolutionnaire de certains pays d’Amérique Latine ne peut que nous encourager dans ce sens,de même que les succès économiques de la Chine,du Vietnam avec l’application d’une "NEP" Boukharinienne adapté à leur pays en voie de développement accélèré.

    L’organisation d’un parti révolutionnaire d’une manière "horizontale", sans centralisation d’une direction nationale et personnalités voyantes médiatiquement, permettra aux adhérents-militants d’expérimenter et décider l’action politique dans l’entreprise et un territoire.Refuser le centralisme dit démocratique,le "chef de file" ou la "tête de liste",le secrètaire de section ou le secrètaire départemental reste un idéal autogestionnaire à mettre en place dans les faits pour enfin "refuser la délégation de pouvoir" .Certains diront que ce n’est pas possible,alors comment abattrons-nous le capitalisme et sa verticalité du pouvoir si nous copions ses méthodes de direction ? Je pense que dés maintenant nous devons nous appliquer à nous-même la fin de la délégation de pouvoir et l’auto-gestion.Les élections municipales qui se préparent sont le fac-similé de la délégation de pouvoir malgré les discours participatifs.La reconduite des formules d’alliances à l’ancienne pour empêcher la droite de contrôler les villes et villages ne gênent en rien le capital qui détruit méthodiquement l’Etat par une décentralisation territoriale qui obligera les élus dit de gauche de devenir "impopulaires" par l’augmentation des impôts nécessaires pour donner vie à cette décentralisation .Il faut donc réinventer une démocratie citoyenne nouvelle sans "Dieu,Maître et Tyran" comme le dit si bien" l’internationale" .Le "sauveur supême" c’est le peuple et rien que le peuple.La créativité communiste n’est pas au bout de ses peines.Les échecs subis doivent nourrir la réussite,l’auto-critique n’étant pas flagellation christique .Soyons optimistes car la victoire "relative " du capital ces dernières années n’est que le fruit de nos erreurs stratégiques et de nos divisions entre révolutionnaires pressés ou pas.L’illusion social-démocrate fait encore beaucoup de mal mais elle n’a aucun avenir car les "munitions sociales" se sont particulièrement restreintes et même ont disparues face à la logique du capitalisme financier mondialisé.Nos socialistes sont grosjean comme devant car ils n’ont plus rien à offrir au peuple comme friandises sucrées qui calment les coups de bâton des exploiteurs .

    Bernard SARTON,section d’Aubagne