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Etre condamné n’empêche toujours pas d’obtenir l’investiture de son parti en Italie

Publie le mardi 26 février 2008 par Open-Publishing
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de Jean-Jacques Bozonnet

Le quotidien de l’Eglise italienne, L’Avvenire, a été le premier à ouvrir le débat, en demandant aux démocrates chrétiens de l’Union du centre (UDC) de veiller à la moralité de leurs candidats, en vue des élections législatives des 13 et 14 avril. Le parti de Pier Ferdinando Casini n’a en effet jamais caché son intention de donner l’investiture pour le Sénat à "Toto" Cuffaro, ancien président centriste de la région Sicile, récemment condamné à cinq ans de prison pour avoir aidé des mafieux à se soustraire à une enquête judiciaire.

Depuis la mise en garde des évêques, un prurit de moralisation semble s’être emparé de la classe politique. Reprenant une idée de l’ancien magistrat vedette de l’enquête "Mains propres", Antonio Di Pietro, avec lequel il s’est allié, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) a décidé de bannir de ses listes, au nom d’un "code éthique", tout candidat ayant subi une condamnation en première instance. "J’espère que cette innovation pourra susciter des comportements analogues au sein de toutes les autres forces politiques", s’est réjoui Walter Veltroni, le leader du PD et principal adversaire de Silvio Berlusconi.

Déjà soulevée pour les élections législatives de 2006 par Pietro Grasso, le procureur national anti-Mafia, l’idée des "listes propres" avait fait long feu. Lors de la législature sortante, plus d’une trentaine de parlementaires ont siégé alors qu’ils étaient sous le coup d’une condamnation définitive pour des délits allant de la fraude fiscale à la corruption. Le nombre de ceux qui sont mis en examen ou seulement condamnés en première instance est encore plus grand, à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Silvio Berlusconi, qui devait comparaître ces jours-ci dans un énième procès pour corruption.

NEUF ANS DE RÉCLUSION

La droite a emboîté le pas de Walter Veltroni. Leader d’Alliance nationale (AN, droite conservatrice) - une formation appelée à se fondre avec Forza Italia, le parti du "Cavaliere", dans le Peuple de la liberté (PDL) - Gianfranco Fini s’est prononcé pour "plus de rigueur et de scrupules" dans la composition des listes, allant même jusqu’à suggérer que les hommes politiques mis en cause dans des affaires de corruption ou d’association mafieuse "puissent sauter leur tour dans l’attente d’un jugement définitif".

Sa position embarrasse ses alliés de Forza Italia : "Cela m’ennuie de laisser les parquets faire les listes avec des mandats d’arrêt et autres initiatives judiciaires", s’est inquiété Fabrizio Cicchitto, l’un des coordinateurs du parti berlusconien. Dans un courrier aux comités régionaux de candidature, la formation fixe cependant des critères de sélection : "D’éventuels procès pénaux concernant nos parlementaires ou éventuels candidats - à l’exclusion de ceux qui, comme nous le savons, ont une origine de caractère politique - constituent un motif suffisant d’exclusion de la liste", peut-on lire.

Face à l’émoi suscité dans leurs rangs, les dirigeants de Forza Italia ont précisé qu’il s’agissait de "critères contenus dans un document de travail provisoire", encore à discuter avec Alliance nationale. Le même jour, le parti de Silvio Berlusconi a confirmé l’investiture en Lombardie de l’un de ses fondateurs, Marcello Dell’Utri, condamné à deux ans d’emprisonnement pour fraude fiscale et fausses factures, et dont la condamnation à neuf ans de réclusion pour collusion avec la mafia, fin 2004 par le tribunal de Palerme, fait actuellement l’objet d’un recours en appel.

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