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Euskal Herria : Nouvelle barrière populaire face à la répression
Publie le mardi 14 mai 2013 par Open-Publishing“Herri harresia” (“barrière populaire” en langue basque). L’expression n’a jamais pris autant de sens que ces dernières semaines. Pour empêcher les arrestations de militants basques, une nouvelle forme de résistance est en train de prendre forme. Après les mobilisations de Donostia ou Rome (cf. encadré), le modèle de désobéissance est à nouveau à l’épreuve. Plus de 200 personnes se sont réunies vendredi après-midi dans le village d’Ondarroa (Bizkaia) pour empêcher l’interpellation d’Urtza Alkorta par la police autonomique basque, l’ertzaintza.
Vendredi soir, à l’heure du bouclage, des dizaines de manifestants affluaient vers ce nouvel “Aske Gunea” (“espace libre”, en langue basque).
Urtza Alkorta, jeune femme condamnée en février dernier à cinq ans de prison ferme pour collaboration avec ETA, a reçu en avril l’ordre de se présenter aux autorités pénitentiaires.
Désobéissant à cet ordre, elle a déjà échappé à deux interpellations : l’ertzaintza s’est rendue à deux reprises chez elle, en vain.
Comme lors des épisodes de Donostia – qui ont vu des centaines de personnes protéger six jeunes condamnés à de la prison ferme pour leur appartenance au mouvement Segi –, les manifestants mobilisés dans l’Aske Gunea s’organisent pour passer plusieurs jours et nuits sur la place. À chaque “alerte” – sirène qui annonce l’arrivée des forces de l’ordre –, les manifestants s’assoient autour de la personne visée par l’interpellation. Dans la capitale du Gipuzkoa, le barrage humain composé de plus de 800 personnes a fonctionné pendant près d’une semaine malgré l’arrivée massive de renforts de police. Vendredi 19 avril, une centaine de policiers était finalement venue à bout de la “résistance” en interpellant les six jeunes ainsi protégés.
Bayonne, Ispoure, Donostia ou Rome
Les péripéties liées à l’interpellation d’Aurore Martin ont donné des idées. Le 21 juin 2011, la militante de Batasuna, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, échappe à une interpellation à Bayonne grâce à la mobilisation du voisinage. L’événement sera très médiatisé et donnera suite à une vaste campagne de soutien à la jeune femme.
Déjà, le 21 février 2011, ce sont huit jeunes militants de l’organisation Segi, eux aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, qui s’étaient présentés devant les médias à Ispoure. Ils seront par la suite hébergés et protégés par des élus du Pays Basque Nord avant leur interpellation et leur remise aux autorités espagnoles.
C’est le même principe de la barrière populaire qui est appliqué le 13 avril dernier avec la création de l’Aske Gunea de Donostia, qui connaîtra un vaste écho médiatique.
Hors des frontières du Pays Basque, “Herri harresia” commence aussi à se développer. Pour tenter d’empêcher l’interpellation à Rome du militant basque Lander Fernández, environ 90 manifestants italiens se sont opposés aux forces de sécurité le 27 avril dernier.
11/05/2013
Antton ROUGET
http://www.lejpb.com/paperezkoa/20130511/402326/fr/Nouvelle-barriere-populaire-face-a-repression