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Explosion de l’usine azf, un procés pourquoi faire ?

Publie le mardi 3 mars 2009 par Open-Publishing
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Approchez ! Approchez braves gens, honnêtes citoyens, y en aura pour tous les goûts,
du spectaculaire, du dramatique, et du suspense...

Voilà donc que s’ouvre le procès de la plus grande catastrophe industrielle française. Officiellement trente et un morts (ne sont pas comptabilisés les décès dus aux effets post-traumatiques survenus dans les mois qui suivirent), des milliers de blessés, des séquelles à vie. Des dégâts matériels considérables et secondaires.

Vendredi 21 septembre 2001.

Une population sacrifiée sciemment ; tout le monde savait que ça allait péter. D’ailleurs ça avait déjà pété. Plus de deux cents ans de poudrerie, d’abord royale puis républicaine, ça en fait des « accidents ».
Des milliers de rescapés, parce qu’il y avait sur le site chimique bien plus de produits, bien plus dangereux, qui auraient bien pu anéantir l’ensemble de la ville. Et tout le monde d’invoquer une chance inouïe.
Une population, soumise aux experts en gestion de crise majeure, maintenue en danger pendant plusieurs semaines, face à un pool d’usines chimiques éventrées répandant leurs produits toxiques aux mélanges explosifs ; sacrifiée par une préfecture qui cachait les risques et déclarait le confinement toujours de vigueur en cas de sur-accident ; alors que la moitié de la ville n’avait plus de fenêtres. Sacrifiée, parce que maintenue en place, alors que l’évacuation préventive des habitants des quartiers sinistrés en danger, aurait dû être organisée par les pouvoirs publics (comme c’est le cas lors de la neutralisation des vieux obus retrouvés proches des agglomérations).

Février 2009,

que juge t-on ? Une mise en danger volontaire de la vie d’autrui, une association de malfaiteurs à visée terroriste ? La mafia techno-industrielle, les multinationales et l’état, leurs ramifications politiques et économiques locales ? Que nenni, juste un « accident » pour lequel sont assignés devant le tribunal, deux lampistes de l’entreprise Total.

Un procès pour la vérité ?

Celle de la thèse officielle, décrétée deux jours après l’explosion par un procureur aux ordres. Vérité qui impose « le facteur humain » et la gestion désordonnée comme responsables de l’explosion. Vérité qui vise à dire qu’une telle explosion exceptionnelle ne se reproduira plus avec de nouvelles règles strictes d’exploitation.
Une seule vérité possible, accusant l’exploitant d’AZF, puisque comme nous l’a bien expliqué l’ancien premier ministre de l’époque, le sieur Jospin : « mettre en cause la Société Nationale des Poudres et Explosifs, c’est remettre en cause la force de frappe nucléaire française... ». De la pure raison d’état.
Et au final, la vérité qui sortira de la bouche d’un juge. La bonne plaisanterie. Le bas peuple en rigole mais ne peut croire à la mauvaise blague. « Le premier qui dit la vérité... il doit être exécuté ».Tra la la...la la... Et la vérité enterrée.

Un procès pour tourner la page ?

Comme si nous pouvions nous faire acheter par une vulgaire décision de justice, des indemnités et renier notre conscience, abdiquer face à la bête. Celle qui nous a pété à la gueule, comme pour nous rappeler que l’industrie guerrière est aussi une mangeuse de femmes et d’hommes, « innocentes victimes » de dommages collatéraux. Juste retour de bâton cette explosion ? Alors que la recherche et l’industrie toulousaine sont des fleurons de la technologie de destruction massive. SNPE, no futur ! Le livre est loin d’être refermé.

Un procès pour faire le deuil ?

Un rituel exutoire, une thérapie de groupe ? Quel mépris au bon sens, quel mépris envers ceux qui souffrent encore, souffrance engendrée par la perte d’un être cher, souffrances encore des séquelles du traumatisme.

Un procès pour l’exemple ?

Parce que nous sommes dans un état de droit et qu’il existe une justice. Parce que à affaire exceptionnelle, moyens exceptionnels : sept juges, quatre mois d’audience, une salle pouvant accueillir plus de mille personnes, 1 813 plaintes en parti civile, un bataillon d’experts, une nausée de force de l’ordre, le tout pour 3 800 000 euros HT... et des débats filmés pour la postérité, comme lors des procès Barbi et Papon pour crime contre l’humanité (70 médias, cinq chaines étrangères et plus de 300 journalistes). Une justice indépendante, et équitable qui s’adonne à un spectaculaire show médiatique dans le seul but d’apparaitre comme incontournable, réparatrice, régulatrice et apaisante pour les parties qui s’opposent.
Mais ne l’oublions pas, un même justice, qui au quotidien broie la vie de milliers de personnes, qui prononce de plus en plus de peines, de plus en plus longues, peines éliminatrices histoire de résoudre les problèmes sociaux. Une justice pourvoyeuse de l’industrie carcérale, industrie de la punition, aussi néfaste que l’industrie chimique ou nucléaire.

Alors, nous nous posons la question.

A qui profite le crime ? Sachant que la chimie lourde toulousaine était déjà condamnée à disparaître avant l’explosion et que la chimie fine, mélange des dernières nécro-technologies s’implante dans le sud toulousain. A Fabre et consort, dealers de l’industrie pharmacologique, à nanOgm et autres biotechnologies mortifères... ?
Le système marchand fait fi de la vie et fonde une société sur le profit, de quelques uns au détriment du plus grand nombre. Il est entretenu par tous les états garant du progrès et de la croissance économique. Le capitalisme privé ou nationalisé engendre tous les jours de part le monde, ses lots d’horreurs et de malheurs. Ceux qui en font les frais ne manquent pas et tous n’ont pas le triste privilège de participer à de telles farces juridiques en tant que victimes officielles.

Au lendemain de l’explosion, la population (si tu ne sautes pas tu n’es pas toulousain) est descendue dans la rue pour exiger en toute logique la fermeture de tout le site chimique. Le « ni ici ni ailleurs » repris en coeur, restera au regard de l’histoire un slogan vide de sens, s’il ne s’adresse pas à l’ensemble des productions de mort et à la justice complice comprise.

Toulouse février 2009, des rescapés, mais pas des dupes.

Messages

  • La séquence de l’attentat comprend sur la partie Nord deux tirs d’engins aériens d’une portée de 1400 m au minimum. Les départs ont lieu sur la colline de Pech David à l’Est du site. Le premier tir manque le hangar 221 de quelques mètres et sectionne les sorties du transformateur voisin .Cette explosion associée à l’énergie magnétique du transformateur génère par autoinduction une impulsion énorme sur le réseau et différents phénomènes de nature électrique (remontée du potentiel de terre, électrocution , boules de plasma, départs de feux électriques, disjonctions, arrêt de montre, perturbations sismomètre OMP, îlotage SETMI, amorçages SNPE, percussion des bouteilles d’halon). Certains, plus tard, désigneront improprement cette impulsion par phénomènes électromagnétiques précurseurs.Les muscles respiratoires du jeune AR sont tétanisés par cette secousse électrique, l’autopsie de son corps concluera ultérieurement à une mort par asphyxie sans en comprendre la cause.
    La surtension électrique provoque la mise en route des enregistreurs électriques, millisecondes après millisecondes, sur les bandes de surveillance dont est équipé le site. L’ensemble des installations se met alors en sécurité en commutant ses différents organes d’isolation du réseau. L’amorçage des postes électriques provoque une lumière très vive vue à plusieurs kilomètres. La première explosion est entendue et vue par des témoins situés à la SNPE ainsi que sur le Golf de Vieille Toulouse. Ces derniers se précipitent vers le club house pour téléphoner aux pompiers. Cette explosion n’a été réellement audible que dans un périmètre restreint, de quelques centaines de mètres tout au plus. Dans une salle de réunion, l’ingénieur d’AZF M. Mauzac interrompt son exposé sans manifester de trouble pour ne pas inquiéter ses collègues. Il sera tué quelques secondes plus tard.

    Dix secondes après le départ du premier coup, un deuxième engin est tiré de Pech David. La secrétaire du Lycée Galieni alertée par la première explosion, regarde en direction du complexe chimique et voit la trace du deuxième engin dans le ciel en trajectoire plongeante vers le 221. Prise de peur, elle s’enfuit . Elle sera blessée quelques secondes après dans sa fuite.
    Ce deuxième engin touche le hangar 221 dans sa partie médiane et provoque instantanément l’explosion du silo. Cette explosion détruit le central téléphonique AZF, la dernière conversation enregistrée sur cet appareil donne la datation de l’explosion.

    Deux secondes après l’explosion, l’onde sismique fait vibrer les vitres de Toulouse. L’onde acoustique, plus lente, arrive dix secondes plus tard au centre ville où elle provoque d’importants dégâts. Le corps de Jandoubi sera retrouvé à proximité du cratère. Ce corps victime de multiples fractures n’est absolument pas démembré, ce qui aurait été inévitable s’il s’était trouvé au contact immédiat de l’explosion en tant que kamikaze.

    Moins de deux mois avant l’explosion, le 28 Juillet 2001, un journaliste Alexandre Martin, avait publié un article dans NH, dans lequel il révèlait qu’un attentat était imminent à Toulouse après l’attentat raté de Strasbourg à la Noel 2000 (certaines des informations de Martin seront confirmées et complétées par le Juge espagnol Garzon après les attentats de Madrid). D’après le journal suisse,le Matin de Genève , la CIA aurait elle-aussi averti la France d’un attentat.M. Biechlin, le seul inculpé de l’affaire, déclare devant le juge Perriquet responsable de l’instruction, que la CIA avait prévenu un de ses amis de l’attentat. Le juge Perriquet ne procèdera à aucune enquête ni vérification sur ce point.