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FUMEE BLANCHE ET NOIRS PRESAGES ! Afin que nul n’en ignore !

par Joannès

Publie le samedi 16 mars 2013 par Joannès - Open-Publishing
4 commentaires

MERCI ! A Jean HORTIZ de ce rappel historique !

> *Fumée blanche et noirs présages*
>
> L’élection d’un pape est toujours politique. Le Vatican et la hiérarchie
> de l’Eglise, mis à part quelques périodes comme celle du "Concile
> Vatican II" et du "bon pape" Jean 23, ont rarement penché du côté des
> peuples.
>
> L’élection de "François Premier" l’Argentin, n’est donc ni "un
> tournant", ni une révolution", ni "un aggiornamiento", ni "un virage
> vers la modernité"... comme s’esbaudissent et ânonnent la quasi totalité
> des commentateurs, des politiques, et des médias.
>
> Cette élection me rappelle la terrible humiliation dont fut victime en
> 1983 le père Ernesto Cardenal, prêtre et ministre de la culture du
> gouvernement sandiniste. Jean Paul II avait exigé que les quatre prêtres
> qui participaient au gouvernement de libération, après le renversement
> de la dictature de Somoza, démissionnent. De passage à Managua, il avait
> refusé de serrer la main d’Ernesto et l’avait menacé du doigt sur le
> tarmac, l’obligeant à s’agenouiller. Le père Cardenal fut suspendu, et
> interdit de ministère, coupable d’engagement aux côtés des humbles et de
> leur lutte.
> Dans ces années 1980, au même moment où au Salvador, au Guatemala ...,
> des prêtres et des religieuses inspirés par la théologie de la
> libération étaient assassinés (dont 7 Jésuites de l’université
> centraméricaine de San Salvador), de même que l’archevêque Monseigneur
> Romero, le Vatican mena une offensive impitoyable contre les tenants de
> la "théologie de la libération", n’hésitant pas à utiliser y compris la
> répression contre les partisans de cette "Eglise du peuple". On connaît
> le résultat.
> L’Eglise officielle s’éloigna des pauvres, perdit du terrain en Amérique
> latine (le continent le plus catholique), ouvrant la porte à toute sorte
> de sectes aliénant les individus, et servant les intérêts des classes
> dominantes et des partis les plus conservateurs.
>
> *Aujourd’hui, l’Amérique latine vit une véritable émancipation*, des
> mouvements de souveraineté et d’indépendance sans précédents, des
> "révolutions" qui engagent la construction de sociétés nouvelles. Voilà
> ce qui préoccupe réellement le Vatican. L’élection du jésuite argentin,
> Jorge Mario Bergoglio, s’inscrit dans la continuité des options
> conservatrices du Vatican, même si l’homme est présenté comme "Monsieur
> Toutlemonde".
>
> Plus grave encore, le nouveau pape, censeur implacable de l’avortement
> et du mariage homosexuel, a collaboré avec la dictature militaire
> argentine (1976-1983). Il était alors "Supérieur provincial de l’ordre
> des Jésuites". On lui reproche d’avoir "lâché" deux prêtres jésuites qui
> furent par la suite séquestrés et torturés. Ses relations avec le
> pouvoir étaient si étroites qu’en 2010, on l’obligea à témoigner dans
> les procès pour crimes contre l’humanité commis à l’Ecole Supérieure de
> Mécanique la Marine (ESMA), centre de l’horreur. Pendant cinq heures, il
> fut interrogé sur l’affaire de ces deux prêtres jésuites qui
> travaillaient dans un bidonville ("villa miseria") malgré son
> opposition. Selon l’accusation, le nouveau pape "mentit". Monseigneur
> Bergoglio fut également appelé comme témoin dans une affaire d’enfant
> volé (Ana de la Cuadra) par les militaires et accusé de complicité par
> les "Grands-mères de la Place de Mai".
>
> Pas un mot non plus de celui qui depuis 1998 était archevêque de Buenos
> Aires sur les 30 000 disparus, pas une autocritique sur le silence de
> l’Eglise durant toutes ces années noires. Le nouveau pape, était, et
> demeure, un adversaire résolu des époux Kirchner, ceux-là mêmes qui ont
> annulé les lois d’impunité ("loi de point final"...), transformé l’ESMA
> en musée de la mémoire, et traduit devant les tribunaux nombre de
> tortionnaires, de chefs militaires, aujourd’hui emprisonnés.
>
> L’élection de ce pape, François Ier, me paraît un mauvais signe. Elle
> s’inscrit à contre-courant des nouvelles réalités latino-américaines et
> est destinée à les contrecarrer, sous couvert de proximité avec les
> pauvres, de simplicité. La tâche lui sera plus difficile qu’à Jean Paul II.
>
> *Jean Ortiz*, universitaire (PAU)

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