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Féodalité et post colonialisme en Inde - Les naxalites

Publie le samedi 15 novembre 2008 par Open-Publishing
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Lal Salaam - les naxalites en Inde
http://cineoeil.free.fr/man4/A5.pdf

catalogue des productions et éventuellement les lire en ligne
http://cineoeil.free.fr/catalogue.html

Ceci est un extrait d’un livre de 70pages sur les naxalites en Inde, essentiellement sur leur histoire, j’ai extrait ici le début de cet ouvrage qui montre en quelques chiffres la différence qu’il existe entre les vues des médias et la réalité de ce pays.

NB : Mais l’essentiel de l’ouvrage porte sur l’histoire ces chiffres sont justes l’introduction de cet ouvrage

Inde en quelques chiffres :

350 millions de personnes en 1947, 1,2 milliard aujourd’hui

l’Inde vit une véritable guerre, une guerre menée contre sa propre population
Une guerre menée notamment contre les femmes
il manque statistiquement 50 millions de femmes en Inde ; celles-ci sont en effet tuées à la naissance

dans une société patriarcale traditionnelle où l’infanticide est une pratique courante

si dans la plupart des pays naissent en moyenne 105 filles pour 100 garçons, le chiffre n’est que de 93 en Inde

l’absence de femmes pousse également à l’émigration et renforce également la prostitution, de plus en plus liée à la pédophilie

cette guerre contre les femmes rentre également dans un cadre plus grand : celui de la féodalité

la population est rurale à 71%

en pratique, le droit de cuissage féodal est une réalité quotidienne en Inde
l’Inde est en effet un pays qui n’est pas sous-développé,
mais bloqué dans un féodalisme d’autant plus fort qu’il a été organisé par le colonialisme et se renforce du système des castes
il existe quatre castes principales, se sub-divisant elles-mêmes en des milliers de castes socioprofessionnelles,

dont le colonialisme anglais a totalement rigidifié les structures afin de faciliter l’organisation sociale

les castes sont héréditaires et la violence des castes dominantes contre _ les castes inférieures fait partie de la domination
le système de castes n’est pas seulement propre à l’hindouisme : il existe également chez les musulmans, y compris au Pakistan
le système des castes en Inde doit être compris comme une gigantesque pyramide

le pays entier est entièrement séparé en de multiples castes vivant au rythme d’un gigantesque apartheid organisé
en ces centaines de sous-castes (les jati, au nombre de 4635)

les Dalits, les intouchables, c’est-à-dire 160 millions de personnes sont considérés comme des soushommes,
dont les droits sont inexistants

ils forment la base de la pyramide, où on trouve également les scheduled tribes, c’est-àdire les aborigènes (70 millions)
ils forment 10% de la population totale

les Brahmanes, la couche la plus élevée, forme elle-même seulement 3,5% de la population totale,
mais s’approprie tous les postes dirigeants

une statistique des années 1980 a constaté que dans les rangs les plus élevés de l’Etat indien, sur 500 responsables,
310 étaient brahmanes, dont 19 secrétaires de chefs d’Etat régionaux _ sur 26, 50 sur 98 vicechanceliers, 250 sur 438 magistrats,
2376 sur 3300 officiers de l’IAS, l’Indian Administrative Service qui a un rôle immense dans l’Etat indien puisqu’il contrôle
tous les postes-clefs de tout l’appareil d’Etat

l’exemple le plus marquant de cette violence institutionnalisée est l’Etat du Bihar, marqué par le caractère officiel de l’existence
des Sena, c’est-à-dire des armées privées de propriétaires terriens

une quinzaine ont historiquement marqué les esprits
(Kuer Sena, the Bhumi Sena, Lorik Sena, Sunlight Sena, Bramharshi Sena, Kisan Sangh, Gram Suraksha Parishad, Ranvir Sena...)
et surtout les chairs, de par leur ultraviolence

un ordre misérable : si les médias occidentaux parlent de mondialisation et de l’Inde comme pays de l’informatique,
en réalité seulement 50 millions d’Indiens ont un téléphone fixe et 166 millions un téléphone portable ;

3% disposent d’internet

40% de la population est analphabète notamment la majorité des femmes,

47% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition,

67% de la population ne disposent pas de sanitaires,

14% des enfants entre 5 et 14 ans travaillent

et 46% d’entre eux sont mariés

80% de la population vit avec moins de deux dollars par jour

la situation que vit l’Inde d’aujourd’hui ne tombe pas du ciel

le colonialisme anglais a monté les communautés entre elles, pratiquant la politique de diviser pour régner,

soutenant largement le projet totalement idéaliste de créer un Pakistan à partir des zones indiennes peuplées majoritairement
par des populations de religion musulmane

(Pendjab, Afghanistan c’est-à dire le nord de l’Inde près de l’Afghanistan, Kachemire, Sindh et Balouchistan)
le Pakistan de l’Est devenu le Bangladesh, arrachera sa séparation en 1971 au prix de deux millions de morts

et du soutien de l’Inde qui l’intégrera dans son orbite

la naissance du Pakistan et de l’Inde en 1947 a de plus amené le déplacement de 15 millions de personnes,
et des séries de massacres atteignant sans doute le million de morts

le pays est alors dans une situation catastrophique :

17% de la population sait lire et écrire,

4% des 550000 villages disposent d’un enseignement primaire obligatoire

2% de la population active travaille dans l’industrie, qui représente 6% du revenu national

les rares capitalistes nationaux d’envergure sont directement liés à l’ancienne puissance coloniale,

ce sont les grandes familles, comme les Tata, Birla, Jain, etc

au lendemain de la guerre, Tata avait les moyens de littéralement fonder la ville de Jamshedpur (un million d’habitants aujourd’hui)
pour satisfaire ses besoins en main d’oeuvre industrielle

Tata contrôlait alors déjà de grandes usines chimiques, des usines de ciment, de constructions mécaniques, de produits alimentaires,
des hôtels, etc. et dirigeait la Central Bank of India

de la même manière, Air India est issue de Tata Airlines

toujours en 1947, le groupe de la famille Birla dirigeait 89 entreprises,

dont une des cinq grandes banques principales et de grands groupes industriels
(textiles, jute, mines de charbon, sucreries, industrie mécanique, d’automobiles, de matériel électrique, de bicyclettes, de faïences
et porcelaine, de nombreux quotidiens et revues etc.)

en 1960 le nombre d’entreprises totalement contrôlées par le groupe Birla était de 291

ces grandes familles s’enrichissaient de manière phénoménale en travaillant directement pour les entreprises occidentales ;
de fait, aujourd’hui encore la situation n’a pas changé

l’entrepreneur Sunil Mittal a commencé sa carrière comme importateur de générateurs du japonais Suzuki
et dirige la plus grande société de téléphones portables en Inde, elle-même liée à l’anglais Vodafone,
son partenariat pour les assurances est avec le français Axa, ses exportations de fruits et de légumes se font
avec la famille Rotschild et il compte ouvrir une gigantesque chaîne de magasins en partenariat avec le nord-américain Wal Mart

la quasi totalité des activités liées à l’informatique sert les multinationales des pays capitalistes

si l’on parle des ingénieurs en Inde, on oublie toujours de préciser pour qui ils travaillent

l’Inde subit une énorme fuite des cerveaux, il y a :

80000 étudiants indiens aux Etats-Unis

22000 en Australie

16000 en Grande-Bretagne

4000 en Allemagne

aujourd’hui en Inde, la classe ouvrière ne représente que 3% de la population totale et 8% de la population active
90% de l’économie consiste en un secteur totalement désorganisé, marqué par l’agriculture

des 10% restants, formant l’économie organisée, 65% est géré directement par l’Etat, qui conduit de grands projets,
notamment pour l’électricité

il ne reste donc aux grandes familles que peu de place, et une dépendance inévitable vis-à-vis des puissances financières,
commerciales et industrielles des pays capitalistes

le système agraire est lui-même tributaire du colonialisme

lorsque les Anglais ont colonisé l’Inde, ils ont repris le système utilisé par les conquérants musulmans (turcs et mongols)
qui ont dominé le pays pendant plusieurs siècles, celui des zamindars,

c’est-à-dire des collecteurs d’impôts prenant au fur et à mesure la possession juridique des terres

cela signifie que le colonialisme anglais s’est accompagné de la destruction définitive du système jajmani,

le système de travail collectif communautaire existant auparavant

un phénomène qui s’est déroulé partout de par le monde avec le colonialisme
ainsi, dès le 18ème siècle, sur l’initiative de Lord Cornwallis,

la East India Company a transformé les anciens collecteurs d’impôts en propriétaires fonciers (zamindars),
expropriant les anciens possesseurs des terres

ce système a été instauré au Bengale, dans le Bihar, l’Orissa, la région de Bénarès et le Nord de Madras,
sous une autre variante en Uttar Pradesh, encore sous une autre variante (les Jagirdars) au Pendjab et au Rajasthan

parfois les droits donnés sur la terre sont permanents ou temporaires, transmissibles ou non par héritage, etc.
les zamindars contrôlant un ou plusieurs villages avaient le statut de grands propriétaires terriens ;

ils exigeaient les corvées, des redevances, etc.

Ils ne géraient pas les terres eux-mêmes, les confiant à des couches intermédiaires parasitaires,

elles-mêmes parfois les confiant à d’autres, dans un enchevêtrement sans fin.

une enquête au Pendjab en 1940 a montré que plus de 50% des paysans travaillant la terre avaient des contrats totalement précaires
et reversaient 80% du produit du sol

il arrivait comme au Bengale qu’il y ait 40 couches successives d’intermédiaire entre le paysan exploité et le propriétaire
de fait, aujourd’hui encore en Inde, les paysans sans terre (ou possédant mois de 0,2 hectares de terres) forment 43% des paysans
en pratique, le constat est simple :

si en 1931 32% des paysans étaient considérés comme sans-terre,

aujourd’hui 63% des paysans possèdent moins d’un hectare de terre, les parcelles de 10 hectares ou plus étant
dans les mains de 2% des paysans

pour comprendre leur analyse, il faut connaître la situation de l’Inde et son caractère féodal
le colonialisme anglais a en effet utilisé le principe des zamindars,

qui se sont vus confier des titres de propriété en échange de la collecte des impôts qu’ils pratiquaient déjà lors de la domination moghole
également usuriers, les zamindars pratiquaient en quelque sorte un esclavage organisé

en 1890, les paysans payaient aux zamindars à peu près 30 fois ce que ceux-ci payaient en impôts au colonialisme anglais,

sans compter les services gratuits, ni même les autres intermédiaires : rien qu’au Bengale en plus des 102000 zamindars,

on retrouvait 2730000 intermédiaires récoltant les impôts, chacun chargeant la barque davantage et vivant sur le dos des paysans
en plus de l’oppression et de l’exploitation, des exactions et des vols,

la misère la plus complète était donc elle-même caractérisée par la précarité

la férocité du colonialisme anglais a causé la mort de 2 à 4 millions de personnes lors de la grande famine de 1943,

les anglais voulant éviter à la fois que la population puisse se révolter après leur défaite en Birmanie
et que les Japonais puissent profiter de nourriture en cas d’invasion

mais déjà au 19ème siècle, entre 30 et 40 millions de personnes avaient été victimes de la famine
plus tôt encore, en 1770, soit 5 ans après la colonisation du Bengale par la East India Company,

10 millions de personnes succombaient à la famine

Messages

  • Pour rebondir sur les médias une petite phrase

    les journalistes-vedettes dissimulent leur position de classe en revendiquant leur autonomie de groupe
    (forums sur l’éthique journalistique, prix annuels, associations, écoles, plaques, toques, diplômes
    et autres fétiches du professionnalisme d’une information sans sujet réel)
    le mythe dominant s’appelle objectivité
    il se fonde sur des nouvelles techniques qui évoquent l’impartialité, l’exactitude, le sacrifice héroïque du journaliste pour nous informer
    parmi ces techniques dérivées du modèle étasunien, surgit le présentateur-vedette qui sépare information factuelle et opinion
    (Thierry Deronne)