Accueil > Fillon se désolidarise des chômeurs de longue durée

Fillon se désolidarise des chômeurs de longue durée

Publie le jeudi 25 septembre 2003 par Open-Publishing

Versée sans limitation de durée à ceux qui ont épuisé leurs droits aux Assedic, l’allocation spécifique de solidarité ne pourra plus être perçue que pendant deux ou trois ans, selon le plan du ministre des Affaires sociales.

Par G. T.

omment équilibrer le budget de la Nation tout en poursuivant une politique de cadeaux fiscaux aux ménages les plus aisés ? François Fillon trace la piste gouvernementale : il suffit de faire des économies sur le dos des plus mal lotis. Le quotidien économique « Les Echos » a en effet révélé vendredi matin que le pourtant ministre de la Solidarité (ainsi que des Affaires sociales et du Travail) entendait profondément réviser les règles d’indemnisation des demandeurs d’emplois à la charge de l’Etat.

Actuellement, les chômeurs ayant épuisé leur droit à l’Assedic (déja réduits par « l’accord » de décembre 2002) basculent dans le système de l’allocation spécifique de solidarité (ASS), financé et géré par l’Etat. Cette allocation de survie plafonnée à 406 euros par mois est censé compléter les revenus (allocations familiales par exemple) des bénéficiaires (1). L’ASS est pour l’heure versée pour une durée illimitée sous réserve d’un réexamen du dossier tous les six mois. 420.000 personnes en fin de droit sont actuellement concernées par cette aide. Ce qui coûte annuellement un peu moins de 2 milliards d’euros à l’Etat. A titre de comparaison, la baisse de 3% des impôts sur le revenu adoptée par le gouvernement Raffarin supprime 1,7 milliard d’euros des caisses de l’Etat.

Selon « Les Echos », dont les informations ont été confirmées dans la matinée de vendredi par le ministère, l’allocation sera désormais limitée à deux ans pour les futurs allocataires à compter du 1er janvier 2004 ?et à trois ans pour ceux qui en bénéficient déjà. Quelque 130.000 demandeurs d’emplois se retrouveront ainsi à la rue dès l’année prochaine, beaucoup plus ensuite. Seuls les plus de 55 ans devraient en partie échapper au couperet. La mise en ?uvre du nouveau dispositif permettra à Fillon d’économiser 150 millions d’euros en 2004 pour son budget, quelque 500 millions en 2005.

En dehors d’un effet d’annonce « serrage de boulonnerie », cette mesure, destinée à « favoriser le retour à l’emploi » selon des propos gouvernementaux cités par le quotidien, semble peu opérationnelle. Les plans sociaux se bousculent en France et les entreprises nationales augmentent leur potentiel de chômage partiel. La conjoncture n’est certes pas à l’embauche de chômeurs de très longue durée. Les exclus de l’ASS vont tout simplement se retrouver dans les rangs des bénéficiares du revenu minimum d’insertion (RMI). Un beau tour de passe-passe.

(1) Pour atteindre un maximum de 950 euros mensuels pour une personne seule et 1492 pour un couple.

http://www.liberation.com/page.php?Article=143275