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Fin de la gratuité au Louvre pour les enseignants : Le début à quoi ?

Publie le vendredi 3 septembre 2004 par Open-Publishing
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Depuis le 1er septembre 2004, l’accès au Musée du Louvre est désormais payant pour les enseignants, malgré le net refus exprimé par des milliers d’enseignants du Premier, du Second Degré, et du Supérieur, de métropole et d’Outre-Mer, par le biais de la pétition rédigée par notre collectif et mise en ligne sur ce site le 28 mai 2004.

Les signatures continuent quotidiennement d’affluer, malgré les tentatives de manipulation de certains médias tels que Libération. Le quotidien de l’ancien mao S. July a refusé pendant plusieurs mois de rendre compte de notre action, ce qu’ont fait l’Humanité et le Monde (22 juin 2004), puis Charlie Hebdo (7 juilllet 2004).

Devant les interrogations suscitées par cette forme novatrice de déontologie journalistique, le quotidien de la rue Béranger a fini par réagir : Nous a-t-il donner la parole pour informer ses lecteurs ? Que nenni ! Il a permis a Henri Loyrette (6 août 2004) de berner un certain nombre de lecteurs inattentifs. Le "président-directeur" du Louvre a juré ses grands dieux que la gratuité enseignante n’est pas supprimée.

Qu’en est-il dans les faits ?

Avant le 1er septembre 2004, rien au Louvre ne permettait de savoir que la gratuité était acquise aux enseignants. Nombre de témoignages attestent que des personnels du Louvre ont abusivement demandé aux enseignants de payer leur entrée. Certains se sont donc privés de 8,50 euros au mépris des textes en vigueur.

Notons au passage que la gratuité qui demeure acquise à d’autres groupes, les sans emploi en particulier, est une réalité qui dans les différents Musées Nationaux brille par sa discrétion physique, voire son abscence.
Selon Ouest France (25 août 2004) la gratuité a en revanche été offerte au Louvre aux salariés d’une banque qui a entretenu le service informatique du Musée.

La marchandisation du patrimoine collectif apparaît physiquement. Certaines salles ont ainsi "pu être rénovées" grâce au concours de telle société financière, ou de tel pétrolier responsable de la mort d’une trentaine de personnes dans les quartiers méridionaux de Toulouse.

La gratuité serait accordée de manière temporaire aux enseignants méritants ( s’ils acceptent de mener au Louvre des visites scolaires ).

Les mots ont un sens : un avantage conditionnel, soumis à une autorité n’ayant rien à voir avec l’Education nationale, n’est pas un droit.

La gratuité conditionnelle n’est pas la gratuité.

Certains se satisferont peut-être de voir leur mérite éducatif enfin reconnu par ...Henri Loyrette.
Les autres (enseignants du supérieur , en congé, subissant les conséquences des multiples impossibilités matérielles d’organiser des visites scolaires, et tous ceux qui comprennent que la disparition de leur unique acquis professionnel en annonce d’autres beaucoup plus graves) sont désormais privés de la gratuité d’entrée.

L’échec du formidable mouvement du printemps 2003 n’ a pas été encore été surmonté. Les retraits sur salaires pour faits de grève ont engendré des situations parfois graves. Le pouvoir d’achat enseignant diminue depuis plus de 4 ans, alors que les enseignants sont déjà, parmi les fonctionnaires de catégorie A, les plus mal payés. La décentralisation va devenir effective pour 90 000 TOS, heureux de savoir que leur transfert aux régions constitue une "avancée significative" (G. Aschiéri).

A la rentrée 2004, bien des classes de Seconde comptent des effectifs désormais proches des 40 élèves. Les actes de violence enregistrés en 2003-2004 ont connu une très forte progression par rapport à l’année précédente, en raison de la diminution du nombre d’adultes dans les établissements. Un rapport de la commission Thélot préconise un assujettissement accru des fonctionnaires enseignants et la destruction du décret de 1950 fixant nos obligations de service.

Est-ce le moment adéquat pour s’assoupir, céder à l’accablement ?

En Suisse, en Italie, les agents publics ont perdu la garantie de l’emploi.

Ne pas être capable de porter son regard au-delà des Alpes, c’est contribuer à favoriser la destruction du Statut de Fonctionnaire. Pour peu que le gouvernement s’en sente la force, il tentera de nous réduire au silence en cassant ce Statut comme cela a été fait en Italie.

Qui peut imaginer qu’il a intérêt à attendre 2007 ?

Qui dans l’Education nationale peut se permettre aujourdc’hui d’avoir des états d’âme ?

Hervé Gourdon

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