Accueil > Frédéric Chatillon mis en examen pour "faux et usage de faux" : (...)

Frédéric Chatillon mis en examen pour "faux et usage de faux" : un intime de Marine Le Pen au profil très sulfureux

par Geoffroy Clavel

Publie le mardi 3 février 2015 par Geoffroy Clavel - Open-Publishing

La série noire continue pour la présidente du Front national. Après les bisbilles internes qui ont parasité le message d’unité affiché par Marine Le Pen, voilà qu’un de ses conseillers de l’ombre et intime de longue date est mis en examen pour "faux et usage de faux", "escroquerie", "abus de bien social" et "blanchiment d’abus de bien social".

L’information est révélée ce jeudi 29 janvier par Le Monde : après 48 heures de garde à vue, Frédéric Chatillon, ancien responsable du syndicat étudiant d’extrême droite GUD, a été mis en examen dans l’enquête judiciaire concernant le financement des campagnes électorales du FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012.

Une instruction qui concerne au premier chef la présidente du Front national puisqu’elle porte sur le rôle joué auprès des candidats frontistes par le microparti personnel de Marine Le Pen, Jeanne, dont Frédéric Chatillon, par le biais de sa société de communication Riwal, est devenu le fournisseur officiel dès 2011.

Une société d’anciens "gudards" prestataire officiel du FN

"Je n’ai pas été auditionnée. Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement", a esquivé Marine Le Pen en apprenant la mise en examen de ce proche.

Vraiment ? Lors des législatives de 2012, son micro-parti Jeanne prêtait de l’argent aux candidats pour faire campagne et dans le même temps leur vendait des kits de campagne (photo, tracts etc) fournis pour la plupart par Riwal. Signe qui a intrigué les enquêteurs, Axel Loustau, autre ancien du GUD, est le trésorier de l’association Jeanne.

Les comptes de Jeanne pour l’année 2011 font apparaître quelque 1,7 million d’euros d’achats et 1,8 million d’euros de "services" facturés aux "candidats pour les campagnes électorales". Ces chiffres s’élèvent à près de 9 millions d’euros dans les comptes de 2012. L’actuel secrétaire général du FN, Nicolas Bay, a lui-même été temporairement salarié par Riwal pour la "coordination et la rédaction des documents de campagne" du FN pendant les législatives de 2012.

Selon des documents consultés par l’AFP, le taux d’intérêt du prêt consenti par Jeanne pouvait se situer autour de 6,5%, pour des kits coûtant environ 16.500 euros. Le FN s’est toujours défendu de toute irrégularité, en faisant notamment valoir que "rien ne s’oppose" à ce que Jeanne "prête à des candidats aux élections" et que ses comptes sont régulièrement validés par la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP).

Si la loi interdit aux partis politiques de financer directement la campagne de leurs candidats, un flou juridique entoure les prêts consentis par les partis et micro-partis. Plus grave, selon des sources proches du dossier, les enquêteurs se demandent si les prestations fournies par Riwal ont pu être surfacturées alors que les dépenses de campagne sont remboursées par l’Etat. Comme un écho aux surfacturations de la société Bygmalion qui ont failli faire imploser l’UMP. Une perquisition chez l’ancien trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy a justement eu lieu ce jeudi.

Frédéric Chatillon, l’homme du réseau Assas

Inconnu du grand public, Frédéric Chatillon n’apparait nulle part dans l’organigramme du Front national, même s’il n’a jamais caché ses sympathies pour le parti d’extrême droite. L’ancien mari de Marie d’Herbais (mais si souvenez-vous, celle qui animait le blog de Jean-Marie Le Pen jusqu’à cette "quenelle" malencontreuse) a rencontré Marine Le Pen sur les bancs de la faculté de droit d’Assas où il dirigeait le syndicat d’extrême droite Groupe Union Défense (GUD), réputé pour ses méthodes musclées et son idéologie ultra-nationaliste.

Rangé de la politique et du syndicalisme, installé à Rome, Frédéric Chatillon a su conserver son physique d’athlète et un franc parler qu’il continue à exprimer sur son compte Twitter.

Farouchement opposé à l’intervention française en Lybie, soutien de Bachar al-Assad en Syrie, proche notoire d’Alain Soral et de son courant "antisioniste" Egalité et réconciliation, anti-américain, Frédéric Chatillon cultive le parfait profil du militant d’extrême droite à l’humour potache, comme lorsqu’il "balance" le ministre socialiste Jean-Marie Le Guen, accusé (à tort ?) d’avoir été membre du GUD.

S’il assume ses convictions, Frédéric Chatillon n’a jamais franchi le pas de se présenter aux élections tout en soignant les liens noués avec Marine Le Pen. Bien lui en a pris : l’élection de l’eurodéputée à la présidence du FN coïncide avec la période où la société Riwal est devenue le partenaire privilégié du parti d’extrême droite.

http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/29/frederic-chatillon-mis-examen-faux-marine-le-pen_n_6571766.html