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Fukushima + 3 ans : l’industrie nucléaire mondiale en déclin brutal et irréversible
par OBSERVATOIRE du NUCLEAIRE
Publie le mardi 11 mars 2014 par OBSERVATOIRE du NUCLEAIRE - Open-PublishingLa part du nucléaire dans l’électricité mondiale est
passée de 17% en 2001 à environ 9% aujourd’hui
La WNA a fait disparaître de son site web la courbe mauve (la part du nucléaire
dans la production
mondiale d’électricité) au lieu de la mettre à jour comme ci-dessus. Voir ici la mise au
jour de ce peu
glorieux subterfuge. Mais il est vrai que la tendance est désespérante pour les
promoteurs de l’atome...
Trois ans après le
début de la catastrophe de Fukushima, dont les conséquences vont hélas continuer à
s’aggraver pendant des décennies, l’industrie nucléaire tente de faire bonne figure et
prétend même "repartir de l’avant". Des organismes de propagande comme l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA) ou la World nuclear
association (WNA) diffusent des chiffres sidérants : des centaines de
réacteurs seraient d’ores et déjà commandés et seraient "bientôt" mis en
chantier, la production nucléaire serait amenée à progresser massivement dans les
années à venir, etc.
totalement différente, et il suffit pour s’en convaincre de consulter les données
officielles (il convient donc de ne pas confondre information et communication, cette
dernière relevant de la tromperie).
On peut ainsi constater
que :
- la part du nucléaire dans l’électricité mondiale
s’est effondrée depuis 10 ans, passant de 17% en 2001 à environ 11% en 2011 (1), et
est à coup sûr passée désormais sous les 10% du fait de la baisse
nette de production nucléaire en 2012 et 2013 (cf point suivant). Il est très important
de noter que ce phénomène est structurel, commencé bien avant Fukushima,
et qu’il continue bien entendu depuis.
- la production nette d’électricité nucléaire
décline depuis 2006 (hormis un "rebond" en 2010, effacé depuis), comme on
peut le voir sur le propre site de la World nuclear association (2). Ce n’est pas
seulement la part relative du nucléaire qui diminue (sachant que les autres énergies
progressent vite, en particulier les renouvelables) : la quantité d’électricité
nucléaire diminue année après année. La WNA a d’ailleurs censuré sa propre
publication pour faire disparaître la courbe (en chute libre !) de la part du nucléaire
dans l’électricité mondiale (3)
(publication en juillet 2014).
On note par ailleurs que la part des énergies renouvelables dépasse 20%
(plus du double de celle du nucléaire) et est en augmentation rapide.
- 42% du parc nucléaire mondial a plus de 30 ans
: les fermetures définitives vont se multiplier.
Ces derniers mois, 4 réacteurs ont été définitivement fermés aux USA (Crystal River
1, San Onofre 1 et 2, Kewaunee 1) et un autre le sera en fin d’année (Vermont Yankee). Ce
sont les prémices d’un phénomène général qui va voir la production nucléaire
continuer décroître inexorablement.
- les réacteurs en construction ne pourront
compenser les fermetures
La WNA agite le nombre
"record" de 72 réacteurs en construction mais certains le sont depuis 20 ou 30
ans, et même 40 ans pour Watts Bar (USA). On connaît aussi les problèmes insurmontables
rencontrés par Areva en Finlande et EDF à Flamanville. Par ailleurs, la majorité des
chantiers en cours le sont en Chine, pays qui investit bien plus dans les renouvelables
(les éoliennes produisent désormais plus que le nucléaire) : c’est donc un
"engouement" bien virtuel qui cache mal le déclin net de l’atome mondial.
- De nombreux chantiers annoncés ne verront en fait
jamais le jour
D’innombrables nouveaux
réacteurs ont été annoncés avec tambours et trompettes ces dernières années, mais
ont pour la plupart été ensuite discrètement annulés. On peut ainsi citer le prétendu
programme nucléaire turc, annoncé puis annulé à de nombreuses reprises… depuis
1967 ! De même, les réacteurs EPR que EDF prétend construire en Grande-Bretagne
bénéficient de la part de Londres de subventions massives qui ne passeront assurément
pas le filtre de Bruxelles : il est injustifiable de rendre "rentable", avec
l’argent public, un projet gravement déficitaire. Ces EPR ne seront assurément jamais
construits.
Conclusion
: l’avenir du nucléaire est assuré… par ses catastrophes et ses déchets
radioactifs.
L’industrie nucléaire
n’a aucune perspective d’avenir : elle va seulement tenter de survivre en
prolongeant le plus longtemps possible la vie des réacteurs actuels, pourtant déjà
anciens et plus dangereux que jamais. Les fermetures de réacteurs sont
néanmoins inéluctables et vont se multiplier dans les années à venir, les quelques
nouveaux réacteurs (principalement en Chine) ne faisant que freiner momentanément ce
processus.
Par contre, l’avenir du
nucléaire est "assuré" par… ses catastrophes et ses déchets radioactifs
: des situations insolubles et dramatiques qui vont empoisonner (au sens propre comme au
sens figuré) la vie des humains pendant des millénaires, et cela seulement pour
seulement quelques dizaines d’années de production électrique nucléaire.
(1) Agence internationale de l’énergie, Key
world energy statistics 2003 et 2013, p24 :
Chiffres 2001 : http://observ.nucleaire.free.fr/2003-Keyworld-AIE.pdf
Chiffres 2011 : http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf
(2) http://world-nuclear.org/info/Current-and-Future-Generation/Nuclear-Power-in-the-World-Today
(3) http://observ.nucleaire.free.fr/wna-censure-effondrement-nuc.htm