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Fukushima : les radiations freinent la recherche des victimes du 11 mars

Publie le vendredi 1er avril 2011 par Open-Publishing

L’agence japonaise de sûreté nucléaire a jugé inutile jeudi d’élargir la zone d’évacuation autour de la centrale de Fukushima Dai-ichi, secteur dans lequel les alertes à la radioactivité ralentissent la recherche des corps des victimes du séisme et du tsunami du 11 mars.

Des centaines de kilomètres de la côte nord-est du Japon ont été dévastés et des dizaines de milliers de personnes déplacées par la catastrophe qui pourrait avoir fait jusqu’à 19.500 morts. Plus de 11.000 cadavres ont été retrouvés pour le moment.

"On trouve des corps partout : dans les voitures, les rivières, sous les gravats et dans les rues", témoigne un responsables de la police de la préfecture de Fukushima ayant requis l’anonymat.

Des officiers en combinaison blanche ratissent les ruines mais leurs efforts sont ralentis par l’inextricable amoncellement de débris et la peur des radiations dans la zone d’exclusion de 20km autour de la centrale nucléaire. Dix-neuf corps ont été extraits des décombres mercredi, précise la même source.

Les autorités refusent d’avancer un chiffre mais les médias locaux estiment que des centaines de cadavres se trouvent encore dans la zone évacuée. Les policiers sont équipés chacun d’un détecteur de radiations et ont ordre de quitter la zone en cas d’alerte, ce qui se produit souvent. Ils ont ainsi dû abandonner l’extraction d’un corps dimanche.

Quant aux funérailles, le ministère de la Santé recommande de laver les corps et de ne confier ceux qui présenteraient même de légers niveaux de radiations qu’à des personnes portant des combinaisons, gants et masques. La crémation pose problème, dans un pays où c’est le rituel le plus fréquent, car le feu propage les radiations.

Les radiations compliquent aussi les opérations de sécurisation de la centrale de Fukushima Dai-ichi. De l’eau contaminée a commencé à s’infiltrer dans le sol et passer dans l’océan et les équipes doivent injecter de l’eau pour refroidir les réacteurs en surchauffe tout en extrayant l’eau contaminée.

Les autorités japonaises cherchent de plus en plus de l’aide extérieure et ont notamment fait appel à l’expertise du groupe nucléaire français Areva, qui a dépêché des spécialistes des réacteurs à eau bouillante et du traitement de l’eau contaminée ainsi que du combustible nucléaire.

Les Etats-Unis ont de leur côté envoyé un robot télécommandé que des responsables de l’opérateur de la centrale, TEPCO, espèrent pouvoir utiliser d’ici quelques jours pour l’évaluation des zones présentant de fortes radiations.

Tokyo a annoncé jeudi la mise en place d’un collège d’experts nucléaires japonais et américains et la participation de militaires américains pour répondre à la crise de Fukushima.

Si les 20km autour de la centrale ont été évacués, les autorités recommandent aussi aux habitants dans un rayon de 30km de partir. Une base qui servait auparavant à l’entraînement des athlètes d’élite a été aménagé pour accueillir les employés, soldats, pompiers et autre personnel travaillant sur la centrale.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé mercredi qu’un niveau de radioactivité environ deux fois supérieur au seuil recommandé pour l’évacuation des populations avait été relevé au village d’Iitate, à environ 40km de la centrale, mais un porte-parole de l’agence nationale de sûreté nucléaire, Hidehiko Nishiyama, s’est voulu rassurant.

Il a affirmé que le niveau de radiations restait inférieur de moitié au maximum d’exposition des êtres humains toléré au Japon et que cela ne nécessitait pas l’évacuation immédiate du village.

Des niveaux de radiation 4.385 fois supérieurs à la limite légale ont aussi été relevés jeudi dans l’eau de mer à 330 mètres du rivage mais cela ne présenterait pas de risque pour la santé humaine. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20110331.FAP7113/fukushima-les-radiations-freinent-la-recherche-des-victimes-du-11-mars.html