GATTAZ

M Gattaz,

Précaire, pauvre selon des critères économiques, j’accuse ici ton manque de dignité de savoir-vivre à l’égard de ma condition.Condition non choisie, mais subie dans une nation qui fait outrage chaque jour un peu plus à ses citoyens.
Alors malgré cette condition, ce déclassement, ce sentiment d’être salie ou considérée comme sous-homme, femme sans doute, je tente de garder malgré tout la tête haute, une fierté dans mon acharnement à survivre, regarder la vie du bon coté.
Mais crois moi, ce n’est pas si simple.
Conjuguer avec un salaire de précaire et condition de travail de domestique c’est fatalement frôler l’abnégation de soi.
Serrer les dents mais aussi retenir son envie de vomir.
Non seulement à t’écouter mais surtout quand bonniche dans un quatre étoiles, je change tes draps de lit, je nettoie tes chiottes, et très asservie et très domestiquée, je t’apporte ton petit déjeuner au pied de ton lit.
Au delà de prendre sur moi pour assister ta petite personne, c’est la vulgarité et ton mépris pour l’autre qui heurte ma dignité. Des propos de l’arrogance et finalement de la bêtise, de l’ignorance.
Je te dis juste que tu ne dois pas beaucoup t’aimer pour avoir si peu de considération pour l’autre, pour celui que tu ne vois pas, ou plutôt celle qui respire tes sueurs nocturnes , qui torche ta cuvette, qui beurre tes tartines , t’assiste dans tous tes geste du quotidien.
Assisté.
Alors je vous dis que tu ne dois pas beaucoup t’aimer, t’estimer pour ne pas être capable de voir que je suis plus digne et plus courageuse que toi.

Une pauvre.