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GDF-Suez, vous paierez l’addition

Publie le vendredi 8 septembre 2006 par Open-Publishing
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Énergie . Contrairement à ce qu’affirment les partisans de la fusion GDF-Suez, celle-ci va bel et bien contribuer à alourdir la facture du consommateur. Explications.

Pourquoi le gaz a-t-il augmenté de 23 %

en deux ans ?

Selon la direction de Gaz de France, cette hausse du prix du gaz est justifiée par la flambée des prix du pétrole. Le cours du gaz étant indexé sur celui de l’or noir, l’entreprise se serait contentée de la répercuter sur les consommateurs.
Cette argumentation est contestée par la CGT. Selon le syndicat, les hausses accordées successivement depuis deux ans par le gouvernement traduisent en fait une évolution du mécanisme de formation des prix.
Jusqu’à présent le tarif du gaz se fondait essentiellement sur l’addition du prix d’achat et des coûts marginaux de développement. Le prix d’achat du gaz par GDF est inférieur de moitié au prix du marché.
L’entreprise ayant négocié, pour le compte de l’État français, avec les pays producteurs des contrats à long terme lui offrant des conditions plus favorables et surtout la mettant à l’abri des fluctuations du marché. Quant aux coûts marginaux de développement, il s’agit pour l’essentiel de provisions en vue de la réalisation d’investissements futurs nécessaires au maintien ou à l’amélioration des capacités gazières.
Avec l’ouverture du capital et dans la perspective de la privatisation de GDF, le mécanisme de fixation des tarifs évolue vers un alignement sur les prix du marché. Cette stratégie vise à accroître la marge bénéficiaire afin d’assurer de copieux dividendes aux actionnaires. En 2005, année record en matière de hausse des tarifs, GDF a amélioré sa marge de 6 % et augmenté de 60 % les dividendes versés aux actionnaires.

Le contexte international est-il favorable à l’abandon de la maîtrise publique ?

La tendance de l’évolution à venir du cours du gaz n’est pas à la baisse. En effet, le surenchérissement du pétrole et son épuisement annoncé poussent les États à désormais préférer le gaz pour satisfaire leurs besoins énergétiques. Cette hausse de la demande conduira à une hausse des prix pratiqués par les pays producteurs. Dans ce contexte, seule la maîtrise publique de l’approvisionnement en gaz peut permettre d’atténuer pour le consommateur le surenchérissement annoncé du prix du gaz.

Quelle conséquence

la fusion aura-t-elle

sur les prix ?

Les partisans de la fusion affirment que l’addition de GDF et Suez conduira à une baisse des tarifs du gaz car elle permettra de négocier avec les pays producteurs des conditions encore plus favorables que celles offertes aujourd’hui par les contrats à long terme. Pas si simple... D’une part, l’État, qui détiendra désormais une part minoritaire dans le capital, aura plus de mal à contenir l’appétit des actionnaires. D’autre part, la privatisation conduira à un changement de stratégie. Pour accroître ses profits, GDF-Suez sera tenté de spéculer sur le gaz acheté dans le cadre des contrats à long terme. GDF-Suez mettra en concurrence, pour l’achat de ce gaz, la France, l’Europe et les États-Unis et le vendra au plus offrant. Si cette spéculation doit permettre à GDF-Suez de réaliser de substantielles plus-values, elle mettra en péril la sécurité d’approvisionnement et contribuera à tirer vers le haut les prix du marché. Pire : en dévoyant les contrats à long terme de cette manière, GDF-Suez risque de provoquer leur disparition. Pourquoi les producteurs de gaz laisseraient-ils des groupes comme GDF-Suez réaliser sur leur dos de substantiels profits ?

L’ouverture à la concurrence sera-t-elle favorable aux consommateurs ?

Le texte qui est examiné à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale confirme l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité et du gaz aux

particuliers à compter du 1er juillet 2007. À compter de cette date, les particuliers pourront abandonner les tarifs administrés du gaz et de l’électricité et acheter l’électricité et le gaz au prix du marché à l’opérateur de leur choix. Les particuliers qui opteront pour la concurrence n’auront aucune possibilité de retour aux tarifs administrés... Sauf à déménager.

Les partisans de l’ouverture du marché soutiennent que la concurrence va faire baisser les prix. Cette affirmation est fausse. Les tarifs du gaz et de l’électricité en France sont inférieurs à ceux du marché. Les contrats à long terme d’approvisionnement en gaz et la dominante nucléaire dans le parc de production électrique expliquent cette particularité nationale (le coût du mégawatt d’électricité produit par des centrales nucléaires étant inférieur à celui du mégawatt produit par des centrales à pétrole). En ouvrant totalement le secteur de l’énergie à la concurrence, le gouvernement fait du prix du marché la référence sur laquelle vont tendre à s’aligner les tarifs réglementés. Une fois cet alignement réalisé, les tarifs administrés seront supprimés.

Pierre-Henri Lab
L’Humanité

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