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GEOPOLTIQUE DU PROCHE ORIENT

par allain graux

Publie le jeudi 9 février 2017 par allain graux - Open-Publishing

La situation politique de cette région a explosé au moment des « révolutions arabes » de 2011, déclenchées en premier lieu par l’autodafé humain d’un jeune tunisien. La révolte contre les dictatures dominantes dans toute la région se sont rapidement étendues à plusieurs pays : l’Egypte, la Libye, le Bahreïn, la Syrie, le Yémen. Elle a peu touchée les autres pays du Maghreb, l’Algérie où le pouvoir contrôlé par le complexe militaro – industriel pétrolier a brusquement lâché un lest social à l’administration et à la petite bourgeoisie (enseignants, médecins, fonctionnaires). Le pouvoir royal marocain, a su utiliser la dignité religieuse du souverain et ses forces répressives pour maintenir la contestation à un niveau qui n’a pas permis de remettre en cause la monarchie chérifienne.
En fait, au-delà des libertés démocratiques, ce qui était en cause et ce qui est toujours en cause, c’est la remise en question d’un ordre socio-économique bloqué depuis 1973, date à laquelle se sont consolidées et solidifiées les dictatures régionales.
En effet, tous les dictateurs, monarques ou Présidents « républicains » et même dits socialistes (la Syrie) ont pour caractéristique commune d’être les propriétaires de la redistribution de la richesse nationale produite. Ce qui est plus particulièrement visible et exemplaire dans les monarchies pétrolières du Golfe Persique : Arabie saoudite, Qatar, Emirats, où il n’y a pas de véritable bourgeoisie nationale, le capital étant détenu essentiellement par les seigneurs féodaux, et les dividendes redistribués selon le bon vouloir du prince. De même Bachar el Assad, président d’une République arabe syrienne dont la devise est : Unité, Liberté, Socialisme, possède 50 % de la richesse nationale dont il redistribue les fruits à sa famille, son clan, ses affidés, son armée, ses fonctionnaires...En Egypte, c’est l’armée qui détient 30 % du Capital ; on ne s’étonnera donc pas que tous les présidents depuis Nasser soient des militaires. De ce fait, on comprend pourquoi le Maréchal Sissi, appuyé par ses officiers est vite revenu au pouvoir après avoir utilisé et manipulé les forces populaires contre les Frères musulmans.
Lénine a énuméré en 1914 les conditions d’une crise révolutionnaire : « quand ceux d’en haut ne peuvent plus... ; quand ceux d’en bas ne veulent plus... ; quand ceux du milieu hésitent et peuvent basculer... Les trois conditions sont indissociables et combinées. Il s’agit alors, non d’un mouvement social qui s’approfondit, mais spécifiquement d’une crise politique de la domination, d’une crise d’ensemble des rapports sociaux, dont la forme est celle d’une “crise nationale” ». S’inspirant (volontairement ou non) de Lénine, Riadh Sidaoui expliquait récemment, dans une interview à propos de la Libye, ceci : « Pour réussir, une révolution doit regrouper trois facteurs. Le premier, la radicalisation de l’opposition populaire, qui ne demande plus seulement des réformes mais veut la tête de celui qui incarne le régime. Le deuxième, une division au sein de l’élite du pouvoir, un esprit de corps fragmenté. Le troisième, la neutralité de l’armée ou sa trahison envers le régime ».
Les peuples de la région, comme ailleurs dans le monde, aspiraient à la fin d’un pouvoir de domination totale. La réponse politique à ces aspirations n’a été apportée que pour la Tunisie. Pour d’autres pays, soit que l’intervention occidentale ait généré le chaos comme en Libye, en Irak (là, depuis la guerre du Golfe), soit que la réaction ait ramené la dictature : Egypte, Bahreïn, ou la guerre civile : Yémen, Syrie. Et, par une sorte de contamination issue du conflit syrien, le pouvoir turc du parti islam-conservateur AKP se transforme en une redoutable dictature avec son sultan, le président Recep Tayyip Erdogan. On doit également considéré le manque d’enthousiasme de membres de l’UE à la candidature d’entrée de la Turquie dans la communauté européenne, bien qu’elle y soit largement associée sur le plan économique et un partenaire essentiel dans l’Otan. La Turquie, à cheval entre deux continents, semble regarder aujourd’hui vers l’Est.

Le conflit syrien
Etant donné la nature clanique du pouvoir syrien, il est très difficile de le renverser, car nombreux sont ceux qui bénéficient aux différents échelons du régime des avantages distribués à ses affidés par le président alaouite. Difficile de fissurer l’appareil d’Etat, détenu depuis 45 ans par le clan Assad, qui a étendu ses ramifications dans toutes les institutions et les entreprises, comme une pieuvre qui vous enserre de ses tentacules. Par ailleurs, les minorités d’obédiences chrétiennes s’imaginent plus protégées par un pouvoir dit laïque que par un régime qui serait confessionnel ou dirigé par un musulman sunnite. Cela ne signifie pas que cette guerre civile soit un conflit religieux. Initialement la contestation, les revendications, étaient de nature politique et sociale : la liberté et le pain. On a pu observer ce caractère revendicatif, et on l’observe encore à chaque trêve où, dès que cessent les bombardements, les manifestations reprennent au milieu des ruines...
Etant donné la nature et la particularité de ce régime, il ne pouvait logiquement pas lâcher. Il avait en outre l’exemple de ce qui s’était passé en Tunisie avec Ben Ali, puis en Libye avec Kadhafi, lynché par les opposants.
C’est la réponse sanglante du clan Assad, outrageusement répressive, qui a provoqué des défections au sein de l’appareil d’Etat et dans l’armée, parmi les soldats et les officiers qui refusaient de tirer sur le peuple, leurs frères, leurs enfants, leurs femmes. Ensuite s’est formée l’ASL . Comme elle n’a pas bénéficié d’un soutien suffisant et efficace des puissances occidentales, par peur d’armer des « terroristes musulmans », d’Al Qaeda, puis de l’Etat islamiste, des groupes de résistants ont été armés par les Etats de la région, selon leurs obédiences : frères musulmans, chiites, etc... Chacun les siens et chacun agissant pour la défense de ses propres intérêts, une superposition pour satisfaire les ambitions des puissances régionales. Ces groupes constituent une force alternative contre-révolutionnaire composée de :

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