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Gauche : des prolos aux bobos ?

Publie le jeudi 23 octobre 2008 par Open-Publishing
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En 1981, au second tour de la présidentielle, 74 % des ouvriers votaient pour François Mitterrand. Ils ne sont plus que 49 %, en 2007, à choisir Ségolène Royal - contre 51 % pour Nicolas Sarkozy.

Tandis que la candidate socialiste est majoritaire (54 %) chez les « Français qui s’en sortent facilement ». En vingt ans, donc, le peuple a largement déserté la gauche…

A moins que ce ne soit l’inverse : que la gauche n’ait déserté le peuple. C’est la question sociale que, auparavant, le PS plaçait au cœur de son discours. Mais les ténors socialistes se montrent plus habiles, aujourd’hui, pour bavarder de « métissage » ou de « complexité » que pour réclamer une meilleure « répartition des richesses » : une exigence qui a disparu de leur vocabulaire…

Le Mitterrand candidat lançait des tirades contre « les maîtres de l’argent », « contre les nouveaux seigneurs », défendait « l’OS opprimé, dominé, poussé à la révolte », s’exclamait : « C’est une lutte de classes entre ce petit groupe de privilégiés et la masse des salariés. »

La Ségolène candidate ne s’emporte jamais, elle, contre la « finance », ou contre les « dividendes » des actionnaires, ou contre les « profits du CAC 40 » : des mots qu’elle n’emploie pas. Tout juste propose-t-elle de « réconcilier les salariés avec l’entreprise »…

Mieux : lorsque 79 % des ouvriers, 67 % des employés, 71 % des chômeurs, 55 % des Français s’expriment contre l’Europe libérale, que fait le Parti Socialiste ? Que font, du moins, la majorité des parlementaires socialistes ? Ils s’asseoient sur cette expression populaire. Ils aident Nicolas Sarkozy à ratifier le Traité de Lisbonne, sans repasser par les urnes.

Alors, trois semaines avant le Congrès de Reims, alors que ses hiérarques jouent à « plus libéral que moi, tu meurs », nous poserons les questions qui fâchent :

 Comment le PS a-t-il viré à droite ?
 Peut-il encore revenir à gauche ?
 Faut-il le reconstruire ?
 Faut-il l’anéantir, le détruire pour que de ses cendres renaisse une espérance ?

François Ruffin.

http://www.bakchich.info:8080/article5481.html

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