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Graves, confusion et contresens dans la pensée Politiquesur le sens à donner aux deux Libéralisme (politique et écono
par Paul Saint-Sernin
Publie le jeudi 30 mars 2017 par Paul Saint-Sernin - Open-PublishingGraves, confusion et contresens dans la pensée Politique sur le sens à donner aux deux Libéralisme et à leur relation avec les Socialismes.
( Toulouse le J 30 03 2017)
(Le socialisme n’est aucunement « antilibéral » mais ne saurait se fondre dans la nébuleuse « social-libérale » sans perdre son autonomie et sa raison d’être)
I °) La trahison de l’inspiration libérale initiale :
Le XVIII° siècle fut l’âge d’or de la « pensée libérale » dont les fondements philosophiques et politiques primaient sur leur soubassement économique. Montesquieu, Hume, Locke en furent les éclaireurs et les fondateurs. Ce qui est moins connu, c’est que le fondateur écossais de l’économie politique, Adam Smith, l’auteur de la « richesse des Nations » et le créateur du concept de la « main invisible » fut d’abord professeur de philosophie morale.
Contrairement à notre époque. Il ne serait alors venu à aucun des fondateurs de la « pensée libérale » de sacrifier les principes de Liberté à ceux d’autorité, de nationalisme ou même de sécurité !
Le paradoxe contemporain que nous faisons de l’usage du terme « libéral » depuis le tournant des années quatre-vingt du vingtième siècle, c’est que nous l’identifions à tort aux partisans voire aux dévots de l’économie capitaliste. Or c’est une erreur historique et théorique grave qui ne fait que bénéficier aux adversaires des socialises lesquels ont vite fait de les placer tous en vrac dans le camp des « collectivistes » peu soucieux des « libertés dites formelles ».
Or ceux qui se prétendent « libéraux » surtout en France, ne le sont bien souvent qu’économiquement, au sens étroit de la formule de Quesnay, de Turgot et de Bastiat : « Laissez faire, laissez passer » (il s’agissait alors de grains ; il s’agit désormais de capitaux et de flux bancaires).
En fait nos prétendus « libéraux » contemporains ne sont en fait de purs « libre-échangistes » et des adorateurs des multinationales et oligopoles « multinationaux » qui se soucient comme d’une guigne de l’élévation des conditions de nos Libertés et d’amélioration matérielle et spirituelle des citoyen(ne)s. Encore moins des pauvres. La seule chose qui leur importe c’est le maintien d’un « ordre social » pour assurer la marche de leurs « affaires » qui selon le mot de Dumas fils, sont très souvent « les affaires des autres ». Les anglo-saxons ont une expression pour désigner cet étroit égoïsme des possédants : « business as usual ».
– L’inspiration réellement « libérale philosophique et politique » trouva aussi plus tard au XIX° siècle en Italie l’un de ses meilleures expressions avec le philosophe Italien Benedetto Croce qui s’opposa dans ses écrits au fascisme et écrivit en 1929 un livre faisant l’apologie du « Libéralisme politique » qu’il désigna comme : « la religion de la Liberté. ».
Désormais nous sommes tombés d’une inspiration de valeurs morales dans la bourse des valeurs !
II °) La fragilité du « bloc progressiste » face à l’hégémonie du « Libérisme conservateur » :
Or, historiquement les socialismes sont nés avant tout de deux forts courants :
1°- La volonté de dépasser la simple égalité civile posée par la Révolution Française et par le code civil Napoléonien en allant vers une égalité plus réelle sans verser dans l’égalitarisme des conditions et des situations.
2° - d’une protestation morale contre la misère et la toute puissance économique de l’accumulation capitaliste.
Ces socialismes naissants n’étaient pourtant en aucune manière « anti-libéraux » même s’ils en dénonçaient parfois la cécité et les limites du « libéralisme politique » fermé sur lui-même et méconnaissant l’exigence de justice sociale. Ils se présentaient plutôt comme l’accomplissement « réel » et l’extension au domaine du social du libéralisme politique.
La plupart de ces socialismes et même celui de Kart Marx étaient « anti libéristes », c’est à dire opposés à la mainmise du « tout argent » et du capital sur tous les aspects de la vie de la Cité et des êtres. Ils n’étaient en aucune manière « anti libéraux » c’est à dire opposés au libéralisme politique et aux valeurs de liberté.
Au contraire, ils voulaient en étendre l’assise et le champ d’application.
Mais c’est en empruntant notion à la République Romaine la notion de « dictature temporaire » prétendument du prolétariat qui ouvrit une pente glissante et bientôt un gouffre sous les pieds des épigones de Marx. Cette formule fut adoptée après le drame de la Commune et voulait simplement dire que dans les conditions d’une contre révolution, le bloc des forces progressistes ne devait pas refuser de se défendre en usant exceptionnellement de tous les moyens « provisoires » de coercition contre ses adversaires armés.
Notons que l’emprunt et la transposition du concept Romain de « dictature temporaire » fut bien plus le fait d’Engels que de Marx lui-même. Cet emprunt jamais vraiment débattu avant 1914 se révéla une grave erreur politique et théorique rejetée très tôt par Rosa Luxembourg. Ses conséquences funestes, furent accrue par le cadre autoritaire de la pratique de Lénine et du parti bolchevik et se transforma lors de la terrible guerre civile russe en fétichisme et dictature de parti puis fut encore exacerbé par le stalinisme qui l’imposa à la troisième internationale.
* Abandonnant après le massacre de la Commune les illusions sur la violence minoritaire les leaders socialistes, d’abord Jean Jaurès puis Léon Blum. Décidèrent de faite donner toutes ses potentialités à la République en privilégiant l’action politique et le bulletin de vote.
Nombres de ces socialistes furent de parfaits « libéraux » en Politique mais rejetant le « laisser fairisme » en matière d’économie tout en soutenant toutes les grandes causes des Libertés et de l’émancipation des citoyen(ne)s dont l’antiracisme, le féminisme et la lutte contre l’homophobie.
Le grand paradoxe de la vie politique française fut que cette inspiration « libérale politique » des socialistes ne trouva jamais, à de rares exceptions près, d’assise et de soutiens politiques suffisants dans les rangs d’une droite Française restée longtemps monarchiste puis post monarchiste avec l’ « Action Française », les « Croix de feu » parfois les « bonapartistes », et plus tard le « Gaullisme » avec cette figure politique nouvelle qu’arriva à forger le Général de Gaulle. Le fil conducteur des « droites Françaises » n’a rien de libéral politiquement mais s’est constitué autour des figures d’autorité voire d’ordre et de pouvoir personnel renvoyant à une nostalgie de notre passé monarchiste.
Nécessité impérative fut faite aux vrais « libéraux politiques » minoritaires pour l’emporter face à leurs adversaires de droite aussi considérables et tournés vers un passé national magnifié de faire alliance et de s’appuyer sur les organisations ouvrières et socialistes.
C’est justement cette alliance interclassiste conduite sous la direction de la petite et moyenne bourgeoisie intellectuelle mais faisant une place importante aux classes populaires qui a en France installé définitivement la notion de « Gauche » laquelle nous vient des débats de la Révolution Française.
C’est aussi ce concept et la réalité idéologique et stratégique du cadre de cette alliance que récuse désormais la tentative Mélenchonnienne. En effet, ce leader charismatique et cultivé a rompu avec la stratégie bien établie de « front unique », s’est efforcé d’affaiblir et de diluer le PCF, et s’est engouffre dans une attitude et une pratique de "pouvoir personnel" en s’appuyant sur les théorisations hasardeuses et fragiles d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe.
Or cette alliance des socialistes les plus évolués et cultivés leur fit nécessité de passer des alliances avec les représentants les plus éclairés du vrai « libéralisme politique », tels les républicains avancés lors de l’indispensable défense morale du capitaine Dreyfus.
Aucune victoire progressiste n’a jamais été et probablement ne sera jamais possible en France sans la reconstitution patiente de cette alliance du « bloc des salariés » et des couches les plus avancées politiquement de la « bourgeoisie éclairée et libérale » au sens politique de ce terme laquelle en France fut souvent représentés par l’aile marchante du parti radical et par la plupart des courants de la SFIO mais aussi par la « ligue des droits de l’homme » s’appuyant sur les nouvelles couches intellectuelles formées par les enseignants et les professions intellectuelles.
Les trop rares victoires des « Gauches » en France furent chaque fois la traduction politique de cette alliance qui n’allait pas sans contradictions ni tensions, ni nécessités de dépassements vers une mutuelle définition d’objectifs. À la fois de justice sociale et d’extension des Libertés, ainsi que le montre le destin du Front Populaire de 1936 à 1938, celui de la première partie du septennat de François Mitterrand de 1981 à 1983 et les premières années de la législature de Lionel Jospin si l’on ne tient pas compte de l’ampleur qu’il donna des privatisations, avant l’application de la funeste politique d’austérité /rigueur qui brisa la solidité de cette alliance.
Les socialistes d’avant 1981, nommaient cette politique de large union le « front de classe », même si la notion d’ « hégémonie culturelle » aurait été mieux appropriée.
Mais bien sûr les idéologues des classes dirigeantes ont eu l’habileté de « brouiller » et même d’ « embrouiller » la réalité des faits et des doctrines pour maintenir leur domination et la prééminence d’un système qui leur apporte tant !
Efforçons-nous de trier le bon blé de l’ivraie et la vérité des enjeux d’émancipation et de libération. Les mots ont bien une histoire et un sens que le citoyen avisé ne peut méconnaître sans se priver de boussole dans la compréhension, dans nos choix et dans l’action.
Paul Saint-Sernin