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Hausse de la pauvreté en France : le cri d’alarme du Secours catholique

Publie le jeudi 7 novembre 2013 par Open-Publishing

Le Secours catholique l’assure dans son rapport annuel publié ce jeudi : la pauvreté continue de s’étendre en France et concerne de plus en plus de couples avec enfants. L’association humanitaire constate aussi que les plus fragiles ont de moins en moins accès à l’emploi.

En 2012, elle a rencontré 1,43 million de personnes, dont 672 000 enfants.

La très grande majorité vit sous le seuil de pauvreté (977 euros en 2011), voire de très grande pauvreté (644 euros), explique le secrétaire général du Secours catholique, Bernard Thibaud. Près d’une personne sur six (17%) ne dispose d’aucune ressource et 45% ne vivent que d’aides sociales.

Constat alarmant, leur niveau de vie a baissé de 2,5% depuis 2011, à 497 euros, souligne Bernard Thibaud, qui note « une part croissante de couples avec enfants » (23%). « Désormais, même le deuxième emploi n’est plus là », souligne-t-il. Un tiers sont étrangers (dont 48% avec un titre de séjour), avec des niveaux de vie encore plus faibles.

INFOGRAPHIE. Qui va au Secours catholique ?

L’infographie ci-dessus montre la surreprésentation de certains types de ménages au Secours catholique. Les familles monoparentales représentent ainsi 31% des ménages aidés alors qu’elles ne sont que 8% des ménages français. Même chose, dans une moindre mesure, pour les hommes seuls, qui constituent 24% des aidés, contre 14% sur l’ensemble de la France.

A l’inverse, les couples sans enfant, qui représentent 26% des ménages en France, ne représentent que 6% de ceux qui reçoivent une aide du Secours catholique. A noter : les « ménages complexes » sont ceux composés de 2 familles ou de plusieurs personnes isolées. Ils sont intégrés dans les autres types de ménages dans les comptes de l’association.

Les impayés liés aux dépenses contraintes, en hausse, touchent près de 6 personnes sur 10, avec un montant mensuel médian de 797 euros. Sont principalement concernés les impayés de loyer, les dépenses d’énergie et les découverts bancaires. « Le reste à vivre continue à se réduire », souligne Bernard Thibaud.

« Le marché de l’emploi est quasi inaccessible aux plus précaires », déplore également Bernard Thibaud : 18% des bénéficiaires sont des travailleurs pauvres et 37,5% sont au chômage, dont 26% sans indemnité. Alors que les bénéficiaires du Secours catholique font partie des publics prioritaires pour les emplois aidés, seulement 4,1% en bénéficient, note le secrétaire général, qui demande des contrats aidés spécifiques pour les plus démunis, de plus de deux ans.

Le Secours catholique fait huit propositions : il souhaite notamment « un véritable accompagnement personnalisé » des chômeurs avec des moyens supplémentaires pour Pôle emploi, insiste sur la « responsabilité sociale des entreprises » dans la lutte contre le chômage, et la formation professionnelle, pas assez accessible aux plus démunis.

La galère de Vickie, célibataire de 34 ans

Pour Vickie, 34 ans, le reste à vivre « c’est même pas 50 euros », explique-t-elle à l’AFP. Cette célibataire, qui vit à Carnac (Morbihan) et veut rester anonyme, travaille entre 18 et 21 heures par semaine, comme auxiliaire de vie auprès d’une personne âgée, pour un salaire moyen de 730 euros. Après le loyer, l’eau, l’électricité, et la taxe d’habitation mensualisée, « c’est très difficile », dit-elle, surtout depuis qu’un arrêt-maladie consécutif à une fracture du poignet a diminué ses revenus de moitié pendant six mois.

Avec 700 euros de découvert sur son compte, Vickie « compte au moins un an pour (s’en) sortir ». « J’ai pas droit à la CMU », la couverture maladie universelle pour les plus démunis, ajoute la jeune femme qui refuse de se faire réopérer du poignet, mal remis, pour éviter un nouvel arrêt : « Financièrement, je ne peux pas me priver de travailler, même pour ma santé. » « J’ai perdu une dent, je ne peux pas la remplacer », ajoute-t-elle. Elle doit déjà 120 euros au dentiste. Son seul loisir : les activités du Secours catholique, dans lesquelles elle s’investit.

Pour se rendre à son travail, elle fait entre 8 à 12 km aller-retour. Un trajet qu’elle effectuait à pied, avant que l’association lui procure un vélo. « J’ai le permis, mais pas les moyens d’acheter une voiture », note-t-elle. Elle voudrait travailler plus, mais « sans voiture, quel employeur me voudra ? » et « sans ordinateur, on fait comment pour envoyer des CV ? » Se rendre à Pôle emploi lui coûte 4 euros. « Moi avec 4 euros, je mange trois jours », dit-elle.

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