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Italie : la polémique sur les "fraudes massives" dénoncées par Silvio Berlusconi, s’est dégonflée

Publie le dimanche 16 avril 2006 par Open-Publishing

La victoire du centre-gauche de Romano Prodi est confirmée

de Jean-Jacques Bozonnet

La polémique sur les "fraudes massives" et les "magouilles en série" dénoncées par Silvio Berlusconi, le chef de gouvernement sortant, s’est dégonflée, vendredi 14 avril, après l’annonce par le ministère de l’intérieur italien d’une "erreur matérielle" dans le comptage des bulletins de vote "douteux" après les élections législatives des 9 et 10 avril. "Le nombre des bulletins contestés se réduit de 43 028 à 2 131 pour la Chambre des députés, et de 39 822 à 3 135 pour le Sénat", précise un communiqué officiel, expliquant que dans certaines provinces des bulletins "contestés" avaient été mélangés aux "nuls" et aux "blancs".

Du coup, les vérifications en cours ne risquent pas de modifier les résultats du scrutin qui donnent à la gauche une avance de 25 224 voix à la Chambre (348 sièges sur 630) et 158 sièges sur 315 au Sénat. Les résultats définitifs que la Cour de cassation devrait annoncer après le week-end de Pâques confirmeront le succès du centre gauche dans les deux assemblées. "La partie est finie, cela me fait plaisir, l’heure est venue de reconnaître ma victoire et d’en finir avec cette étrange comédie", s’est exclamé Romano Prodi, vendredi soir, à son domicile de Bologne.

"STRATÉGIE DE LA TENSION"

Le matin même, l’ensemble de la presse s’était agacé du "coup de bluff du Cavaliere", dont les accusations avaient été qualifiées par le président de la République de "déconcertantes". La Repubblica, proche du centre-gauche, dénonçait une "farce sordide". Le quotidien économique Il Sole 24 ore s’inquiétait de la tactique adoptée par le perdant : "S’il s’agit de tenir en échec en permanence la législature en soumettant le gouvernement à une délégitimation quotidienne, le pays entrerait dans un tunnel sans fin." Dans un entretien au Corriere della sera, le président des Démocrates de gauche (DS), Massimo D’Alema, invitait M. Berlusconi à cesser "ce qui apparaît comme une vraie stratégie de la tension". Enfin, La Stampa, dans un éditorial très dur, exhortait "qui détient encore des charges institutionnelles à retrouver, sinon la sérénité, du moins le sens du devoir".

M. Berlusconi n’a pas pour autant désarmé : "J’attends le décompte officiel et j’espère en une victoire de la Maison des libertés (nom de la coalition de centre droite)", a-t-il déclaré, vendredi soir, à Milan, où il assistait au derby de football entre son club, le Milan AC, et l’Inter. Dans l’après-midi, il avait incité les jeunes de son parti, Forza Italia, à ne pas baisser les bras : "Nous résisterons."

Samedi 15 avril, dans une lettre ouverte publiée par Il Corriere della Sera, le président du Conseil sortant s’accroche au match nul. Il écrit : "Nous sommes dans une impasse, sans vainqueur ni vaincu", qui requiert de "réfléchir ensemble à des solutions neuves". Ainsi, reprenant son idée de "grande coalition" à l’allemande, il propose à M. Prodi "une entente partielle et limitée dans le temps pour affronter les échéances institutionnelles, économiques et internationales du pays".

L’hypothèse a été aussitôt jugée "irrecevable" par Massimo D’Alema. Elle a déconcerté ses propres partenaires au sein de la coalition de droite, plutôt enclins, depuis deux jours, à reconnaître la victoire de Romano Prodi et du centre gauche. Sur la forme, ils reprochent au "Cavaliere" d’avoir fait cette proposition sans concertation préalable. "En continuant sur cette voie, il va détruire la Maison des libertés", a jugé le ministre de la justice, Roberto Castelli, l’un des responsables de la Ligue du Nord.

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