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Jacques-Alain Miller toqué d’Elisabeth Roudinesco

Publie le mardi 11 octobre 2011 par Open-Publishing

Je ne m’attendais pour cette rentrée où la presse célèbre avec intelligence et dignité le trentenaire de la mort de Lacan (avec des conférences de Jean-claude Milner, Alain Badiou et Elisabeth Roudinesco notamment), à voir surgir sous la plume collective d’une petite secte convaincue de détenir la seule lecture possible de l’oeuvre de leur maître, des écrits dignes des pamphlets de l’entre-deux-guerres, façon Léon Daudet ou des imprécations staliniennes des années cinquante.
Tel est bien le style de Madame Nathalie Jaudel, illustre inconnue, qui écrit sous la dictée de son mentor-psychanalyste Jacques Alain Miller, le tout étant hébergé par le site, genre Corée du Nord, de la Règle du Jeu (par BHL alias Botul) : « Roudinesco plagiaire de soi-même ». Diantre ! Nouveau concept dit lacanien ? De quoi se tordre de rire si l’on ignorait que hélas des cinglés de cette espèce mènent des cures psychanalytiques à cinq minutes la durée de séance, cinq fois par semaine comme ils s’en vantent eux mêmes dans un film documentaire passé récemment à la télévision, réalisé sous la houlette de Gérard Miller, frère du précédent (on s’y perd). Un analyste allumé y explique que Lacan volait de l’argent dans la poche de ses patients. Et il trouve ça formidable, très « lacanien », absolument génial....

C’est quoi un "plagiat de soi-même" ? : on recopie ce qu’on a déjà écrit ? Mais pas une ligne du livre de Roudinesco, Lacan envers et contre tout, n’est la copie de ce qu’elle a écrit. Un plagiat de soi-même ? Un auteur reprend des conférences dans un ouvrage ? Tout le monde le fait. Et c’est normal. Mais ce n’est pas le cas du livre de Roudinesco. Et quand elle souligne qu’elle reprend des arguments déjà avancés, elle ajoute une note en bas de page comme tous les auteurs sérieux.

Incapable d’achever la transcription des séminaires de son beau-père - Miller, Jacques-Alain, le frère de l’autre, en a fait 15 en 38 ans, il en reste 10 et il a 67 ans, jugez vous-même - et incapable d’écrire la moindre ligne qui ne soit pas insultante, le voilà parti en croisade maniaque contre Elisabeth Roudinesco, historienne de renommée mondiale, dont il est à l’évidence jaloux. Il ne l’aime pas, la belle affaire ! Miller, amoureux même pas éconduit, Miller toqué de Roudinesco, la suivant à la trace depuis trente ans. Il peut courir longtemps...

Aveuglé par sa haine, il a ordonné à ses troupes, qui lui obéissent comme des robots, d’organiser chaque jour un déluge d’immondices. Tout le monde en prend pour son grade : Michel de Certeau, le grand historien, traité de sale curé antilacanien, Henri Ellenberger, autre grand historien insulté, Derrida voué aux gémonies (il avait l’habitude), d’autres encore. Badiou en prend plein la figure. La tribu n’aime ni l’histoire ni la philosophie, ni la littérature, elle n’aime rien que son gourou adoré, elle se vautre dans la calomnie.
Lors de la manifestation de l’ENS du 9 septembre pour le trentenaire de Lacan - comme me l’a raconté un ami philosophe qui se marrait bien - Miller, Jacques-Alain, est arrivé vers 23h45 entouré de sa petite famille (enfants, petits-enfants) et de sa secte, hurlant et vociférant, tapant sur des tables sous l’oeil médusé de ceux qui étaient là. Et l’ancien normalien, devenu dingue de Roudinesco, laquelle enseigne justement dans cette prestigieuse école, s’est fait huer par les jeunes élèves qui buvaient tranquillement un verre dans le jardin face au magnifique bassin....

Inutile de dire qu’on ne doit jamais répondre à de tels brulots - tendance jaudéliens-millériens - qui déshonorent ceux qui en sont les auteurs. Et Roudinesco l’a bien rappelé dans son entretien à Libération (1er octobre, « Comment former des psychanalystes équilibrés ? »)

Donc pas question de commenter les sottises robotiques de la pauvre Jaudel, certainement éprise de son mentor, qui n’a pas lu une ligne des textes qu’elle prétend commenter, qui se trompe de sources, de références et de citations : pas une seule n’est conforme à la réalité. Repassez vos examens Madame pauvre Jaudel, vous insultez, vous calomniez et vous êtes illisible. Et en plus, vous traitez d’antisémite un brillant universitaire, Jeffrey Mehlman, traducteur de Roudinesco (justement, ça ne vous plait pas), de Vidal-Naquet et de Régis Debray. Et accusé d’être le complice en antisémitisme de Roudinesco. On n’y comprend plus rien.
Quelle somme de conneries !

Lacan a dit que la psychanalyse ne pouvait rien contre la connerie. Elle peut encore moins contre la connerie des psychanalystes qui se prennent pour ses seuls héritiers et qui calomnient tous ceux, psychanalystes ou non, qui ne pensent pas comme eux. Amusant spectacle ! Mais très triste quand on pense aux vrais événements d’aujourd’hui. Cette bande d’insulteurs professionnels, qui se disent psychanalystes, défigurent le débat psychanalytique français...

Michel Rotfus