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Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix… en eaux troubles ! (NPA de La Réunion)
Publie le samedi 30 avril 2011 par Open-Publishing7 commentaires
Le « coprésident » du PG vient de passer trois jours chez nous. Son voyage a été décidé et préparé exclusivement par son attaché parlementaire et celui d’Elie Hoareau (Parti Communiste Réunionnais) à l’Assemblée européenne sans même que les militants Réunionnais du PG n’aient été préalablement consultés. Certains d’entre eux –ainsi que des camarades du Front de gauche, membres de la FASE-, ont été traités par l’équipe de Mélenchon …« d’amateurs ».
De fait, Mélenchon est apparu aux yeux de la presse, mais aussi de pas mal de militants comme « dans la pogne » de Paul Vergès, leader historique du PCR. Mélenchon n’a d’ailleurs pas lésiné sur la flagornerie « visionnaire », « j’en ferai mon ministre du développement durable »…
Il est vrai que le poids électoral du PCR est encore important à La Réunion (de l’ordre de 25% à 30%). Mais ce n’est pas la seule différence avec le PCF : la stratégie de Paul Vergès depuis fort longtemps est celle de « l’Alliance » , alliance tous azimuts pour l’essentiel avec des secteurs de la droite locale souvent peu ragoûtants. Un exemple parmi d’autres, celui du Conseil Général dont la majorité se compose de 11 PCR, 11PS et 11 droite dite « sociale » et MODEM, et dont la présidente Nassimah DINDAR, récemment réélue, est une UMP.
Sur le terrain social et économique, la stratégie de l’alliance mène à limiter les mobilisations et les revendications à ce qui peut être acceptable par l’Etat français ou les institutions européennes. Il y a recherche permanente d’un consensus avec le patronat local au motif qu’il existerait une aile authentiquement réunionnaise de la bourgeoisie avec qui un compromis historique serait nécessaire.
Là encore, nombreux sont les exemples :
En 2004, l’OCDE produit un « examen territorial » de La Réunion qui fixe les perspectives à vingt ou trente ans pour notre île. Ces perspectives se déclinent en maintien du chômage de masse, baisse du coût du travail, réduction des services publics… L’introduction de ce rapport est un long panégyrique de Paul Vergès.
En 2009 à la suite de la Guadeloupe se développent des mobilisations de masse à La Réunion. Le secrétaire de la CGTR appelle à la grève générale. Le mouvement est cassé par le PS et le PCR.
En 2010, une association d’aide aux personnes en difficulté, l’ARAST est liquidée par le Conseil Général, laissant 1200 salariés sur la carreau. Le PCR et le PS dirigent de fait cette collectivité et portent la responsabilité de cette liquidation.
Toujours en 2010, au moment du débat sur la défiscalisation outremer les élus du PCR, du PS prennent fait et cause pour le patronat et défendent publiquement un dispositif qui fait la part belle aux riches (50 000 euros de réduction fiscale en moyenne pour 10 000 foyers fiscaux) et qui a fait depuis longtemps preuve de son inefficacité.
De fait, le PCR mène une politique en aucun point différente de celle de la social démocratie.
Par contre, la fraction Vergès (1) du PCR ne répugne pas de temps à autres à se donner une image de gauche, quand ceci peut se révéler payant électoralement. Elle est par ailleurs adepte du double ou triple discours, de gauche à l’Assemblée européenne, de droite à La Réunion. Son souci reste d’éviter à tout prix le surgissement d’une force politique à sa gauche qui pourrait faire basculer son emprise sur la société réunionnaise.
A de nombreuses occasions elle a pu prendre le contrôle puis réduire à néant des groupes comme le mouvement des citoyens de Chevènement, elle travaille dans le même sens avec une fraction des Verts, et donc tout récemment avec le PG et le FDG.
Le NPAR a toujours développé une orientation d’unité de la gauche de la gauche mais hors du PS et du PCR. L’intervention de Mélenchon à La Réunion au profit du seul PCR, pour glaner quelques voix aux présidentielles, rend bien plus difficile notre travail militant et celui de tous ceux et celles qui veulent un nouvel instrument politique de lutte dans notre île.
NPA Réunion, le 21 avril 2011.
(1) Le PCR n’a aucune vie démocratique interne. Trois fractions qui se haïssent se partagent le pouvoir conservant une étiquette commune pour de seuls intérêts électoraux.
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Voir par ailleurs : Critique du bilan fait par Mélenchon de son séjour à La Réunion (Bellaciao)
Messages
1. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 30 avril 2011, 21:53, par Zembrocal
Faux ! Le PCR n’est plus allé aux élections sous sa propre étiquette depuis une éternité ! Preuve qu’il ne pèse plus rien.
Mélanchon est parti pour être humilié, électoralement au moins, s’il fréquente Paul Vergès qui est devenu le repoussoir absolu pour la grande majorité des Réunionnais. Il n’a qu’à demander à MGB qui en sait quelque chose.
Il nous prend pour des imbéciles, nous les Réunionnais. Pour moi, depuis son allégeance à Vergès, voter pour lui est devenu impossible.
De très nombreux articles, sur ce site même, décrivent les alliances absolument incompatibles avec une idéologie de gauche et parfaitement immorales que Paul Vergès est capable de faire.
Ce que Mélanchon n’accepte pas en métropole, il le juge convenable pour la Réunion. Les Réunionnais sont des abrutis pour Mélanchon.
Zembrocal (Réunionnais)
1. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 30 avril 2011, 22:59, par Antoine (Montpellier)
Si en effet le PCR se présente aux élections à travers l’ Alliance, il me semble difficile de conclure de cet "effacement" qu’il ne "pèse" plus rien. C’est quand même son responsable historique, Paul Vergès justement, qui parvient à décrocher, au nom de l’Alliance, 30% au premier tour des Régionales de 2010 et 35% au second tour (ce qui s’est bien évidemment traduit par une défaite face au candidat de droite)
Le fait qu’il représente l’Alliance dénote que c’est lui qui la domine et atteste que les 30-35% obtenus lui sont largement imputables, ce qui, pour un parti qui "ne pèse plus rien" est assez paradoxal, non ? Tout cela n’enlève rien, bien sûr, au fait que ce "poids relatif maintenu quoique en déclin" repose sur les pratiques opportunistes que l’on sait et qui rendent l’allégeance de Mélenchon à son chef inadmissible. Du moins si l’on prétend rester dans la problématique claironnée de construire "l’autre gauche" !
2. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 30 avril 2011, 23:34, par Vacoa
Sauf que le PCR n’a plus que deux municipalités ! Celles de Saint-Paul et de Saint-André sont détenues par des maires PCR qui sont anti Vergès. Ne lui restent plus, réellement, que celles de La Possession et de Sainte-Suzanne. C’est peu pour un monsieur qui "pèserait lourd" dans la population !
3. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 1er mai 2011, 16:10, par GGrun
et Le Port municipalité historique du PCR, quand même
4. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 1er mai 2011, 22:55, par Luis
Encore une fois, comme en s’opposant à la grève générale,
Mélanchon et tous les dirigeants des restes PC et associés,
démontrent qu’ils ne s’intéressent qu’à la lutte des places.
Comme n’importe quel réformiste.
C’est ce que certains rêveurs, y compris (encore ?) dans le NPA, appellent "la gauche radicale".
Ils veulent sans doute dire radicale socialiste,
cad rouge dehors, blanc dedans, et toujours près de l’assiette au beurre !
2. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 30 avril 2011, 23:41
Sais-tu que le Vergès ne se gêne pas pour faire des "Alliances" avec l’UMP et le MEDEF, purs et durs, locaux ? Penses-tu que cela puisse convenir au NPA local ou d’ailleurs ?
Faut lire les nombreux articles publiés ici-même !
3. Jean Luc Mélenchon à La Réunion : la pêche aux voix …en eaux troubles ! (NPA de La Réunion), 30 avril 2011, 23:49, par Antoine (Montpellier)
Déjà précisons que le PS et Vergès semblent s’être rabibochés et ensuite, pour suivre le raisonnement implicite dans cette remarque, en transposant à l’échelon "national", si l’on veut résister à "la droite UMP, pure et dure", c’est-à-dire à Sarkozy and Co, il faut envisager que la gauche s’allie avec Borloo, Bayrou, de Villepin...
Pourtant on devrait le savoir, les vieilles recettes de l’ouverture à droite ne peuvent donner que des confitures pourries : s’allier avec la supposée droite dite molle (mais souvenons-nous que Villepin n’a pas hésité à faire bastonner plus que rudement les jeunes des QP et les antiCPE !) pour barrer la route à la droite dure, c’est fourvoyer la gauche et ramener systématiquement la droite au pouvoir. Et en général en plus dur !
Pas à dire, on a des aigles à gauche !