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Jean-Luc Mélenchon en embuscade

Publie le mardi 24 mai 2011 par Open-Publishing
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Le coprésident du Parti de gauche mise sur une victoire de Hollande à la primaire PS.

Jean-Luc Mélenchon a « une pêche d’enfer ». Jusqu’ici, la « position » du coprésident du Parti de gauche (PG) était « balisée par deux bords : ni la gauche sectaire de Besancenot ni la gauche sociale-libérale de DSK, explique-t-il à Libération.Les deux personnages ont disparu de la scène. Franchement, je ne vais pas le regretter ! »

Certes, le député européen n’a pas encore reçu l’investiture communiste pour pouvoir se présenter officiellement avec la tunique Front de gauche pour 2012. Il doit attendre la conférence nationale du PCF des 4 et 5 juin, puis le vote des militants deux semaines plus tard. Si ce devait être une formalité, l’affaire pourrait être plus compliquée. Son style continue d’irriter une partie des troupes PCF, tandis que les sondages restent collés au plancher.

Qu’importe… Jean-Luc Mélenchon enchaîne passages médias et déplacements. Il est aujourd’hui à Nice, puis demain dans le Var pour s’afficher en adversaire de Marine Le Pen et s’enraciner dans le paysage de 2012.

« Sophiste ». Dominique Strauss-Kahn éliminé, quel ex-camarade PS préfère-t-il affronter ? « Ça m’est égal. Tous leurs candidats, à l’exception d’Arnaud Montebourg, se situent dans l’accompagnement du système. » Mélenchon vise désormais « le débat sur le fond [et veut] sortir du piège du vote utile. Notre but est de conquérir cinq marqueurs, explique-t-il. Un partage des richesses avec le salaire maximum, une Constituante et la VIe République, une planification écologique, la sortie du traité de Lisbonne et celle de l’Otan avec retrait des troupes françaises d’Afghanistan ». Avec ces propositions, il compte bien s’inviter dans les débats de la primaire PS d’octobre pour récupérer ensuite les fruits des campagnes d’Arnaud Montebourg ou de Ségolène Royal : « Pour tous les gens qui auront voté pour eux, où se trouvera l’offre à gauche ? Chez moi ! »

Le duel Aubry-Hollande se profile : ses proches s’efforcent de ne pas laisser s’installer l’idée d’une première secrétaire « plus à gauche » qui réduirait d’autant l’espace de leur patron… François Hollande, meilleur candidat pour Mélenchon ? Le silence de l’ex-sénateur sur son ancien premier secrétaire est éloquent… Dans son livre En quête de gauche, publié après la défaite de 2007, Mélenchon peignait pourtant un Hollande, « précurseur de la ligne démocrate dans le socialisme français ».« Chez lui, la forme rejoint le fond, écrivait-il. Le cœur de la ligne "démocrate" réside dans l’effacement des contradictions qui traversent la société, l’effacement de la notion même d’affrontement. […]C’est un sophiste raffiné […].Si bien qu’après une joute avec lui, il est absolument impossible de savoir sur quoi on est d’accord et sur quoi on ne l’est pas. » En 2010, Mélenchon le qualifiait encore de « fromage pasteurisé » pour railler son côté consensuel. Aujourd’hui, plus rien… « On se le garde pour la bonne bouche », sourit-il. « Hollande investi, ça fait ses affaires », confirme un ancien camarade.

« Vexations ». Surtout s’il souhaite que s’incarne clairement à gauche sa thèse des « deux lignes irréconciliables ». Affronter Hollande aurait aussi une saveur « personnelle » : « la détestation est plus grande », pointe un socialiste. « Il va pouvoir aligner toute une ribambelle de petites humiliations et de grandes déconvenues » : ses 9% du congrès de Brest en 1997 (contre 91% à François Hollande) ; les « petites vexations » lors des bureaux nationaux. Son staff a travaillé les argumentaires. Que ce soit sur la jeunesse ou la fiscalité. Mélenchon prévient : « Maintenant qu’il est en tête, on va commencer à y aller. » Sans se presser…

http://www.liberation.fr/politiques/01012339183-jean-luc-melenchon-en-embuscade

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