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Joseph Stiglitz détonne sur France inter : Un autre monde contre le fanatisme du marché

Publie le mardi 12 septembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Étonnante émission que celle de France inter ce matin, où le prix Nobel américain énonce tranquillement qu’il faut garder Edf Gdf publics, ne pas laisser l’idéologie libérale l’emporter, que nous avons la chance en France, d’avoir un fort secteur public...

Dans la foulée, il explique qu’aux Usa, il y a protectionnisme et endettement, intervention hypocrite de l’état (acier, armement coton pétrole) que l’électricité ne fonctionne pas, qu’il faut un équilibre entre capitalisme privé et services publics, que la mondialisation pourrait être autre et humaine, qu’en Uruguay des décisions ont été prises par l’Omc sur les médicaments qui ont fait des millions de morts en Afrique, qui explique les menaces du capitalisme financier sur l’état du monde, critique le Fmi, souligne que les Usa exigent des autres qu’ils ne vivent pas au dessus de leurs moyens, mais qu’ils le font pour eux-mêmes...
L’américain moyen s’en sort moins bien qu’il y a cinq ans, le nombre de pauvres a augmenté...

“Mais ça marche la mondialisation et ca n’est pas prêt de s’arrêter”, dit l’animateur de France inter, “mais oui, répond Stiglitz, ça marche, mais pour certains, pas pour le plus grand nombre”...

...et alors, on a la surprise d’avoir une vraie psychanalyse en direct des journalistes de France inter, pris à contre-pied, et qui essaient de défendre leur credo libéral habituel, de critiquer Joseph Stiglitz parce qu’il n’aurait rien pu faire auprès de Bill Clinton, qui défendent, en passant, le profit des entreprises qui est le ressort de l’économie, et donc qui ne permettrait pas de changer les choses, etc.

On les sent tous, le coeur sur la main, prêts à redire ce qu’ils disent tous les matins, de façon spontanée, contre le prix Nobel qu’ils ont invités... Quoi ? On peut faire autrement ? Ils s’en étouffent nos journalistes libéraux biberonnés au “Jean-Marc Sylvestre” (absent de cet interview) qui-assure, en général, qu’il n’y a-pas-de-débat-possible-en-économie, que c’est une science avec une seule voie...

Gérard Filoche, mardi 12 septembre, allez à la manif edf gdf !

Messages

  • je ne l’ai pas encore écoutée mais je garde avec délectation cette interview pour ce soir (sur le Net). Je suis néanmoins convaincue que la seule voie pour sortir du néo-libéralisme c’est de revenir vers du protectionisme. Hélas personne n’ose prononcer le mot ni à droite ni à gauche parce que comme le dit une contribution sur ATTAC France :

    "Au-delà du débat théorique, il y a un obstacle de nature plus pratique et psychologique : la notion de libre-échange a une connotation positive puisqu’il y est question de liberté, plus positive que celle de protectionnisme qui véhicule des idées de contrainte. (...) les consommateurs des pays riches sont très attachés à leur liberté individuelle de consommateur qu’ils assimilent à la notion de libre-échange. La notion d’un commerce organisé et coopératif est entièrement ignorée."

    Mais c’est là que se situe la clef du problème. C’est ce que demandent ceux qui ont voté NON à la constitution : l’Etat doit reprendre son rôle de protecteur de sa population (l’Etat Providence). Que ce soit au niveau de la nation ou au niveau de l’Europe, il faut revenir à un certain protectionisme. C’est dans cette optique que doit se situer le débat de la prochaine élection présidentielle.

  • Vous regrettez quoi au juste ? Que les journalistes posent des questions de journalistes en avançant des contre-arguments ? Vous préféreriez qu’ils se comportent comme des militants ?Pourquoi ne pas tout simplement se réjouir de l’invitation de Joseph Stiglitz à cette heure de grande écoute sur inter ? Pourquoi supposer que toute la station partage les thèses de Jean-Marc Sylvestre, qui est uniquement chroniqueur sur inter et ne participe JAMAIS aux interviews ?
    Un peu moins de mauvais esprit systématique.. ça serait pas mal de temps en temps.

    Cordialement.

    Corinne

    • Je souhaiterais juste citer trois auteurs.

      Serge Halimi in "le grand bond en arrière" rappelle que "le vrai nom du prix nobel d’économie est "prix de la banque de Suède de sciences
      économiques en mémoire d’Alfred Nobel" et cite frédérique Lebaron
      "contrairement à ce que l’on entend souvent le "prix" nobel de sciences économiques n’existe pas . Ce que l’on appelle ainsi couramment n’émane pas de la Fondation Nobel mais d’une banque centrale, la banque royale de suède, qui, parce que ses dirigeants la considèraient comme la plus vieille banque centrale ont voulu fêter cet anniversaire en créant (en 1969) un nouveau prix pour les économistes, "prix en mémoire d’Alfred Nobel", richement doté
      par elle (et non par la fondation Nobel), que l’on a vite proclamé "prix Nobel""
      F Lebaron in "La croyance économique : les économistes entre sciences et
      politique"

      Jacques Généreux (in "les vraies loi de l’économie" 2 tomes), qui a le mérite (au moins) de rappeler que si les sciences économiques se sont fourvoyées à un moment (dans une dérive
      scientiste) en se "comparant " à des sciences telle les sciences physique et en mettant de côté notamment la "partie" sociale, historique nécessaire de l’économie ; elles fournissent 3 siècles de recherches économiques qui "conduisent à des conclusions contraires aux lieux communs les plus répandus" -en ce moment et au moment de l’écriture de ce livre-. Les lieux communs donc les plus dits et entendus (un peu de tautologisme) font partie bien évidemment des thèses néolibérales...

      Qu’ un économiste comme stiglitz se serve de ce qu’il a appris à l’école (en plus de ce qu’il a surement pu trouver lui-même) de manière objective, sans juste saisir les quelques outils ou résultats qui arrangent la conclusion à laquelle il veut aboutir, n’est rien d’autre que son travail. De même que son travail d’écrivain chercheur est de vendre son livre.
      Ce qui est terrible, en dehors des commentaires que vous faîtes sur ces "journalistes", c’est que l’on doive chercher des personnalités, chercheurs (et non faux experts) qui ont accès aux médias, ce qui est terrible c’est que l’on soit "heureux, extasié", soulagé quand enfin quelqu’un dont la "compétence" ne peut être remise en cause dit une vérité que tout le monde voit, la vérité que même ces 3 siècles de recherches économiques "n’arrivent pas" à faire entendre, assourdis qu’ils sont par le tintamarre des vendeurs de verroterie.

      Respectueusement

      S

  • je trouve vos émissions généralement de bonne tenue.
    mais assez souvent je trouve que votre position est en faveur de ce système libéral.
    par exemple comment laisser dire que le capitalisme cree de la richesse alors que pour faire un riche il faut fabriquer 100 pauvres ! (je suis peut être même en dessous de la réalité)

    autre exemple que je trouve regretable : la notion de race n’est pas applicable à notre espèce.
    (voir les travaux et pulications de A. Jacquard.) et vous laissez dire sans poser le problème ?

    quand je pense que cette notion était primitivement au programme des terminales scientifiques, et qu’elle a disparue dès le premier allègement !
    à qui cela sert_il ?

    vous dire que je suis ravi de la position de MR Stiglitz.
    notre planète est exangue
    nous devons trouver d’autres solutions pour assurer nos échanges
    remplacer l’avoir par l’être.
    merci à vous
    faites de la publicité pour ses idées enfin réalistes.
    c’est, le plus souvent, un plaisir de vous écouter. merci.

    A Rocher
    ancien èléve de l’ENS St Cloud
    agrégé de l’université

  • je suis étonné par le discours de ce monsieur, il a probablement raison, au regard des propos d’un industriel ( journal A2 13heures ) qui a quitté EDF il y a 3ans et qui gemissait sur la hausse de 78% de son tarif chez son nouveau fournisseur concurrent d’EDF . Il souhaitait que EDF le reprenne a son ançien tarif régulé . Ce monsieur veut du libéralisme, dans la mesure ou il gagne a tout les coups
    Pathétique ce triste sir !
    Ce n’est pas le moment de privatiser EDF et GDF, l’énergie est devenu un enjeux trop stratégique et politique pour le confier a des actionnaires privés ,qui se moqueront de la péréquation des tarifs du service public qui est si important pour la désserte en énergie des zones rurales les plus éloignées
    Les vrais Gaulistes ont disparus pour faire place a des libéraux intégristes et dogmatiques

  • Evidemment le grand complot des journalistes-pasd’accord-avec-nous.
    Reste qu’en effet, comme d’ailleurs beaucoup d’analistes le disent et l’écrivent (plus encore depuis la crise financière), le tout libéral ne peut être LA seule réponse pour permettre une croissance forte et partagée. M. Stiglitz est lui aussi dans cette posture.
    Pourvu que cette contre vague ne soit pas discréditée et dénaturée ou pire utilisée pour détruire par des extrêmistes de tout poil, nous assistons à un retour de balancier qui se traduira en actions dans les prochains semestres. Rappelons que l’objectif est de faire évoluer en efficacité ces organismes internationaux dont la mission est précisément de garantir le respect de règles du jeux équitables.