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Jouer sur la peur : qui roule pour Marine Le Pen ?

Publie le lundi 7 mars 2011 par Open-Publishing

Un sondage du Parisien donne Marine Le Pen en tête du premier tour des
élections présidentielles de 2012. Tout en dénonçant le peu de viabilité
des sondages et l’utilisation anti démocratique qui en est faite, le
MRAP tient à alerter sur les dangers que représente l’extrême droite.

Concernant les sondages, rappelons nous qu’ils donnaient Jean-Marie Le
Pen et François Bayrou au coude-à-coude en 2007 ; ceux de 2002 donnaient
Lionel Jospin largement en tête ! Le sondage du Parisien est une
“ enquête ” par internet. Cela signifie entre autre chose que personne
ne peut certifier que les réponses sont bien données par les
interlocuteurs à qui la question a été posée. Nicolas Sarkozy aurait
tout intérêt à ce que Marine Le Pen arrive au second tour ; c’est sans
doute la seule candidate qu’il pourrait battre.

Au delà de ces manipulations de l’opinion publique, le danger "extrême
droite" est bien réel et pas seulement pour les élections
présidentielles. Un vent mauvais souffle sur la France : la recherche
permanente de boucs émissaires vise à faire oublier les vrais problèmes
qui préoccupent les Français. Etrangers, Sans-papiers, Roms, Gens du
voyage, chômeurs, fonctionnaires, magistrats, musulmans ... sont livrés
tour à tour à la vindicte publique. Le racisme se banalise au plus haut
sommet de l’Etat. Le Président de la République, ses ministres, le parti
qui les soutient, franchissent toujours plus les garde-fous qui
séparaient la droite républicaine de l’extrême-droite xénophobe. Cette
stratégie de la diversion permanente vise à compenser les effets d’une
crise de confiance croissante entre les citoyens et le pouvoir
politique ; elle se traduit par une course poursuite électorale entre
ceux qui nous gouvernent et l’extrême-droite, comme le prouvent les
derniers propos de Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen voulant faire croire
au danger d’un afflux massif de migrants suite aux révolutions en cours
dans les pays arabes.

Même si Marine Le Pen est présentée comme un personnage plus “ soft ”
que son père, elle reste fidèle à l’héritage intellectuel de la vieille
extrême-droite raciste xénophobe, sexiste, homophobe.

Son projet, soit-disant social, ne doit pas faire illusion. N’oublions
pas qu’elle veut :

tout privatiser, poursuivant ainsi la destruction des services publics
renforcer les cadeaux fiscaux au patronat, supprimer les charges
sociales patronales (le programme du Front National offrirait au
patronat et aux banques une augmentation de leurs profits)
poursuivre la casse de la sécurité sociale et de la retraite par répartition
instaurer une plus grande flexibilité du travail, une baisse du temps de
travail sans maintien des salaires
le retour des femmes à la maison
l’interdiction de faire grève

Comme Nicolas Sarkozy, elle fait l’amalgame insécurité-immigration mais
elle nie l’insécurité sociale, le chômage, la précarité, la difficulté
pour les jeunes de trouver un emploi, l’impossibilité pour certaines
familles de se loger, de se soigner, la casse de l’école, la fermeture
des hôpitaux..

C’est d’une politique sociale et économique qui respecte les droits de
toutes et tous dont les citoyens ont besoin ; ceux qui se refusent à
répondre à ces aspirations brandissent la peur, la stratégie du bouc
émissaire, le rejet de l’Autre comme arme de gouvernement. L’histoire
nous enseigne les conséquences désastreuses de cette stratégie.
Le MRAP en appelle à la vigilance démocratique et aux mobilisations
unitaires pour faire échec à ces incendiaires sans attendre les
présidentielles.

Paris, le 7 mars 2011.