Kerry : héros ou planqué ?

La polémique gronde aux USA

WASHINGTON La polémique fait rage depuis quelques jours aux Etats-Unis, où les brillants états de service de John Kerry durant la guerre du Vietnam ont été mis en doute par Swift Boat Veterans for Truth, une association de vétérans qui accuse donc le candidat démocrate à la Maison-Blanche d’avoir menti sur ses hauts faits d’armes.

Un spot publicitaire, diffusé la semaine dernière sur les chaînes de télévision américaine, montre un groupe d’anciens combattants du Vietnam accusant John Kerry d’avoir menti sur ses blessures de guerre et exagéré son « héroïsme » face à l’ennemi. L’accusation peut faire très mal : le sénateur du Massachusetts évoque à chaque intervention ce passé militaire glorieux, qui le différencie du président George W. Bush qui, lui, a tranquillement passé la guerre du Vietnam... au Texas.

Pas étonnant que John Kerry ait réagi, mais avec un temps de retard, face à cette campagne de dénigrement, clamant haut et fort qu’il avait bien mérité les médailles militaires obtenues durant sa participation au conflit vietnamien.

Une bourde du camp républicain l’a en tout cas bien aidé : l’association Swift Boat for Truth, censée être indépendante, comptait en son sein un certain colonel Ken Cordier, qui a participé à l’élaboration du spot publicitaire controversé. Or, ce même Ken Cordier était un membre de l’équipe de campagne de George W. Bush. Une confusion des genres dénoncée par John Kerry. Du coup, Ken Cordier a été prié de faire place nette par l’équipe de campagne du candidat républicain.

Reste que, pour beaucoup d’Américains, il n’y a sans doute pas de fumée sans feu. De récents sondages viennent ainsi montrer que la remise en cause du passé militaire de John Kerry a porté chez les électeurs indépendants, les plus courtisés car ils peuvent faire pencher la balance vers l’un ou l’autre candidat, dont 44% ont jugé la publicité au moins en partie plus ou moins crédible.

Qu’en est-il vraiment ? La vérité sur le comportement héroïque de John Kerry n’est guère aisée à établir, tant les témoignages des GI présents au moment des faits divergent. Ses détracteurs sont tous des vétérans républicains, qui semblent vouloir en rajouter pour mieux noircir leur adversaire politique. Les soldats prenant fait et cause pour leur compagnon d’armes sont, eux, tous démocrates. Un journaliste du Chicago Tribune, présent lors d’une escarmouche au cours de laquelle John Kerry avait obtenu en février 1968 une Etoile d’argent, a assuré qu’elle avait été méritée.

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