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L’Equateur, la Colombie et le Venezuela se réconcilient

Publie le samedi 8 mars 2008 par Open-Publishing
16 commentaires

L’Equateur, la Colombie et le Venezuela se réconcilient au sommet du Groupe de Rio
NOUVELOBS.COM | 08.03.2008 | 07:15

Le président de l’Equateur s’est dit prêt à considérer comme "dépassée" la crise ouverte par l’exécution du numéro 2 des Farc. Le président colombien s’est alors levé pour serrer la main de ses homologues équatorien et vénézuélien , sous les applaudissements des dirigeants présents.

Le sommet du Groupe de Rio a scellé, vendredi 7 mars à Saint-Dominigue, une réconciliation générale entre l’Equateur, la Colombie et le Venezuela, une semaine après le déclenchement d’une grave crise qui a mis l’Amérique latine au bord d’un conflit armé.
A l’issue de débats parfois très vifs, Rafael Correa s’est dit prêt à considérer comme "dépassée" la crise, déclenchée par le raid de l’armée colombienne sur le territoire équatorien contre un camp de la guérilla marxiste des Farc.

"Ce grave incident"

"En tant que pays, nous pourrions considérer comme dépassé ce grave incident qui nous a fait tant de mal", a déclaré le président équatorien, qui avait pourtant débuté son discours en dénonçant les "mensonges" de la Colombie.
En signe d’assentiment, Alvaro Uribe s’est aussitôt levé pour aller serrer la main de son homologue équatorien, sous les acclamations des autres dirigeants latino-américains, qui se sont mis debout pour célébrer l’événement.
Le président colombien a également serré longuement la main de son homologue vénézuélien Hugo Chavez, qui soutenait l’Equateur dans son conflit frontalier avec la Colombie.
"Nous allons commencer à faire retomber la tension et les eaux vont retrouver leur cours normal", s’est félicité Hugo Chavez, à l’issue du sommet.
"Nous ne pouvons pas continuer à faire souffler un vent de guerre", a-t-il poursuivi, assurant que le Venezuela allait reprendre "le chemin de la paix" avec la Colombie.
Le président du Nicaragua Daniel Ortega, un des représentants de la gauche anti-américaine animée par Hugo Chavez, a aussi annoncé la reprise de ses relations diplomatiques avec la Colombie.

Un succès pour Chavez

Alors que certains observateurs craignaient ses diatribes enflammées, c’est finalement le président du Venezuela qui a mis le sommet sur les rails de la réconciliation.
"Nous avons encore le temps d’arrêter un tourbillon que nous pourrions tous regretter", a lancé Hugo Chavez, qui traitait encore il y a quelques jours Alvaro Uribe de "criminel de guerre" pour son raid militaire.
Cette attaque, lancée le 1er mars contre un camp des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en Equateur, avait provoqué la mort du numéro 2 de la guérilla marxiste, ainsi que d’une vingtaine de rebelles.
Alvaro Uribe qui a justifié ce raid, dirigé selon lui contre "l’un des plus sombres terroristes de l’histoire de l’humanité", s’est toutefois déclaré "prêt à demander pardon" à l’Equateur pour avoir violé son territoire.
Hugo Chavez a aussi plaidé pour la reconnaissance des Farc comme "force insurgée" et non terroriste, annonçant avoir reçu des preuves de vie de militaires colombiens.
"Le fait que nous les désignons comme des terroristes ne signifie pas que nous ne soyons pas disposés à négocier", a rétorqué Alvaro Uribe.
Les Farc, en rébellion contre la Colombie depuis 1964, réclament la libération de 39 otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, en échange de 500 guérilleros emprisonnés.
A Caracas, le ministre vénézuélien de l’Intérieur Ramon Rodriguez Chacin a annoncé avoir reçu des preuves de vie de dix militaires colombiens détenus par les Farc.
A l’instar de Rafael Correa, le ministre a démenti les informations de la presse équatorienne sur une libération imminente d’Ingrid Betancourt, l’ancienne candidate à la présidentielle en Colombie, qui possède aussi la nationalité française.
"Rien ne m’indique que cela (la libération de Mme Betancourt) est prévu dans les prochains jours", a déclaré Chacin lors d’une conférence de presse à Caracas.

- http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

Messages

  • je ne comprends pas cette série de points d’exclamation

    c’est la meilleure chose qui pouvait arriver, et venezuela et équateur sortent grandis tandis que la colombie fait profil bas

    la tentative conjointe des usa et de la colombie de mettre le feu et de stigmatiser chavez et correa est un échec

    les manifs du 6 en colombie sont sans doute pour quelque chose dans le net recul de uribe - dont la forme est un chef d’oeuvre de diplomatie

    • (y’a plus de points d’exclamation...)

      effectivement, il faut tout faire pour éviter la guerre...

      Thom

    • je suis effaré, pas un mot dans les médias sur les manifs en Colombie, qui expliquent en partie les poignées de mains , comment les habitants de France peuvent comprendre la politique et la situation avec si peu d’infos !

      Que font les rédactions ? Ce n’est pas possible que tout soit verrouillé à ce point !

      Boris

    • Il faut bien dire que les médias aux ordres (du capitalisme financier) jouent sur le fait que la trés grande majorité des Français se désinteressent totalement de ce qui peut se passer en Amérique du Sud. Leur perception de la situation en Colombie ne va pas beaucoup plus loin que le sort de Betancourt (et encore !). Ce phénomène est d’ailleurs plus général puisqu’il est admis que les considérations de politique étrangère ne soulèvent pas un grand intérêt au niveau national. Sauf lorsque quelques "pipoles" bien en cour dans les médias, genre BHL, s’occupent de battre le rappel.
      C’est ainsi que les médias Français, parmi les plus mièvres du monde occidental - on ne le dira jamais assez - peuvent se permettre de ne jamais voir une manif pro-Chavez au Venezuela (même s’il y a plusieurs centaines de milliers de manifestants) comme ils passent totalement sous silence les trés importants mouvements sociaux qui agitent la Grèce depuis 2 ans.
      On comprend mieux alors pourquoi Le Monde, Libé et France-Inter dénoncent régulièrement les médias internet comme des dangers pour l’Info.

      BRUTUS

    • Et pourtant, et pourtant ! force est de constater que la censure est bien réelle. Comment, sans ces manifs, justifier le retournement de Uribe ? l’AFP annonce maintenant que l’assassinat de Rios serait, interne aux FARC, dû à une course à la prime !

      CN46400

    • Curieuse analyse

      C’est au contraire (même si on peut le regretter) la Colombie qui sort grand vainqueur de la crise.

      1) elle élimine un adversaire
      2) elle viole l’intégralité territoriale de l’Equateur.

      3) quelque jours après, l’Equateur passe l’éponge... Chavez est bien obligé de suivre.

      De toute façon, personne ne souhaitait une guerre.

       L’arrêt des échanges économiques entre la Colombie et le Vénezuala aurait eu des conséquences catastrophiques pour ce dernier pays
       L’état des forces militaires en présence est de très loin à l’avantage de la Colombie.

    • Même si on peut le regretter, il est exact qu’Uribe semble sortir largement renforcé de cette crise.

  • Sur l’info en tant que telle :

    Je pense que c’est une bonne chose. Une guerre en amérique latine, entre le Vénézuela et ses alliés d’une part (quels qu’ils soient), et la Colombie chapeauté par les USA d’autre part, n’aurait rien apporté de positif à la révolution bolivarienne et au socialisme en général.
    Au contraire, pour les peuples concernés, cela n’aurait signifié que sang & larmes, cadavres & deuils.

    La guerre ne doit jamais être envisagée autrement que comme un ultime recours, lorsque tout a échoué, lorsqu’il n’y a plus aucune autre alternative pour sauvegarder les valeurs humanistes, socialistes, et surtout, la vie des hommes.

    Tout comme la violence ne doit jamais être un moyen aussi acceptable que n’importe quel autre.

    Promouvoir la violence ou la guerre, même en les circonscrivant à des périodes très courtes et à des zones de petite envergure, c’est prendre le risque de balayer d’un coup d’AK-47 l’ensemble des valeurs qui nous pousse au front. C’est prendre le risque de ne plus lutter que pour la lutte elle-même, et plus pour les idées qui lui donnent un sens.

    En revanche, je ne suis moi non plus pas vraiment persuadé que Chávez sorte réellement vainqueur dans l’histoire...

    (k)G.B.

  • 1) Si l’objectif de la Colombie ("l’Israel de l’Amérique latine") était de provoquer des troubles sur le continent, au nom bien sûr des Etats-Unis...

    2) Si l’objectif d’Uribe était de se blanchir et se faire passer par un héros dans son pays (300 000 manifestants pour dénoncer les exactions de lui et ses groupes paramilitaires - il en faut du courage pour manifester en Colombie contre Uribe)...

    Il n’a obtenu ni l’un ni l’autre.

    Les médias français ("ces imbéciles qui prétendent nous informer") peuvent dire ce qu’ils veulent, j’ai quand même l’impression que c’est Uribe qui s’est fait taper sur les doigts et promettre de ne plus recommencer. Ils ont du lui rappeler qu’on n’était plus dans les années 60,70 et que l’Amérique latine avait bien changé.

    Uribe a du se sentir bien seul pour traverser cette salle et serrer la main de Correa et Chavez...

    VDJ

    • Urribe s’en sort au contraire très bien, il n’a pas été humilié mais applaudi.
      C’est bien Corréa qui s’est dégonflé comme une baudruche en proposant de passer l’éponge (mais pouvait-il faire autrement)

      Par ailleurs

      Il n’est pas dans les intentions immédiates des Etats-Unis (ni de la Colombie) de voir surgir des troubles dans la région. La Colombie en pénétrant en Equateur savait parfaitement ce quelle faisait, elle savait bien qu’il y aurait une protestation diplomatique (pouvait-il en être autrement) elle savait bien qu’il y aurait des mouvements de troupes dont elle n’avait rien à redouter, et elle savait bien que la crise ne pouvait que se résoudre ne serait-ce qu’à cause de la complexité des échanges économiques entre pays de la région.

      Urribe en a strictement rien à foutre de sa réputation, ce qui l’intéresse c’est le pouvoir et point barre.

      Et si les manifestants anti-Urribe (qui ont toute mon estime) ne sont en rien du tout responsable du dénouement de cette crise.

    • vous surestimez l’importance d’uribe et au fond, de l’impérialisme et, en même temps, vous sous-estimez le poids des peuples et du rapport de forces qu’ils peuvent imposer

      vous voyez ces rapports de force comme on peut les constater dans une cour de récréation et vous voyez les gros biceps étatsuniens

      excusez-moi mais c’est plus subtil que ça : on ne peut lire le coup d’uribe et bush contre l’équateur que comme une provocation. Personne n’est tombé dedans

      avez-vous (et je suppose que oui) fait attention à la campagne médiatique qui a suivi ? Pendant quelques jours, la grande démocratie colombienne se battait contre le terrorisme incarné par chavez et correa. Qu’en est-il aujourd’hui ?

      il y a un langage diplomatique, et quand, comme le souligne viktor, uribe s’en va serrer les mains des "terroristes", ça a un sens

      vous n’y voyez que des histoires de cour de récréation : "uribe se fout de son image"

      évidemment ! c’est une marionnette de bush ! ce geste témoigne de bien autre chose que de l’orgueil des chefs d’Etat : c’est le signe d’une défaite

      ne pas voir que la mobilisation en colombie a joué (avec d’autres facteurs), c’est juger avec beaucoup de légèreté de ce qui fait l’Histoire - et ce n’est pas la psychologie des chefs d’Etat qui établit les rapports de force

      l’impérialisme a tenté de mettre un frein au mouvement qui gagne en puissance en amérique latine ; or, pour cette fois, manifestement, c’est raté

    • Attention Uribe ne sort pas vainqueur de cette affaire , bien au contraire ,personne ne souhaitait le conflit, sauf lui !

      Les usa n’ont pas envie du tout, d’ouvrir un autre front en Amérique Latine, ils ont assez de fers aux feux comme cela, avec en plus tous les risques de révolte des Latinos aux usa !

      Boris

    • fidel castro, dont on ne peut contester une certaine intelligence politique (euphémisme), considère, dans ses 7èmes réflexions, qu’il n’y a qu’un perdant : les usa

      notez bien : ce n’est pas la première fois qu’il est d’accord avec moi (humour)

    • Ci-dessous, ces Réflexions de Fidel (pour les francophones)

      [SEPTIÈMES] RÉFLEXIONS DU COMPAÑERO FIDEL

      L’UNIQUE PERDANT

      Ce fut par knock-out, dans la capitale de la République dominicaine. Nous avons pu suivre le match sur Telesur sans rien en perdre. Presque tous les présidents latino-américains du Groupe de Río y étaient. Correa, le président équatorien, l’avait annoncé la veille. Je me suis permis de souligner dans des Réflexions l’importance de cette réunion. Qui ne s’est pas déroulée au sein de l’OEA. L’essentiel est que les diplomates des Etats-Unis n’étaient pas là. Malgré de profondes divergences idéologiques et tactiques, tous les présidents ont brillé d’une façon ou d’une autre et ont reflété les qualités qui les ont conduits aux postes importants qu’ils occupent au niveau de l’Etat.

      Ces postes prennent de l’importance du fait de la crise actuelle. Le fait est que, alors que des conflits militaires entre des peuples frères étaient sur le point d’éclater à cause des intrigues yankees, la paix y a été scellée dans l’immédiat et la conscience que, peuples partageant de solides liens de fraternité, nous ne sommes pas obligés de guerroyer entre nous a pris le dessus.

      Tandis que tout ceci se déroulait à Saint-Domingue, Bush avait une réunion à Washington pour parler de la transition à Cuba.

      Bien que tout reste à faire, comme l’a prouvé la réunion de La Havane sur la mondialisation et les problèmes du développement, l’impérialisme a été de toute façon l’unique perdant.

      Fidel Castro Ruz
      7 mars 2008
      17 h 44

  • Il me semble que nouvelobs.com ne respecte pas la chronologie et embrouille qq peu son monde, à son habitude...

    S’il y a eu "réconciliation"c’est parce que Uribe devant l’unanimité de l’OEA reconnaissant le viol de la souveraineté territoriale de l’Equateur par la Colombie a été obligé de lâcher du lest : en ouverture du sommet, à St Domingue, il a donc déclaré, à l’adresse de Correa « Je reconnais que je ne l’ai pas informé de l’opération » ( alors qu’il avait jusqu’ici toujours nié avoir violé l’espace aérien de son pays voisin) ajoutant même « Je suis prêt à demander pardon, car nos hélicoptères sont entrés en territoire équatorien »

    C’est après ce geste que la "réconciliation" a pu avoir lieu. Reste à savoir si c’est pure façade ou si c’est le début de négociations véritables pour qu’enfin les prisonniers soient libérés, des deux côtés. C’est probablement le pari de Chavez.

    A noter qu’à la radio (Francinfaux) la nouvelle se résume à "réconciliation générale" sans s’embarrasser des concessions d’Uribe. L’auditeur, ainsi méprisé comme c’est d’usage, n’y comprend donc rien ce qui n’est pas fait pour l’intéresser à la chose. Mais c’est bien le but...