" L’Espoir Têtu" Serge UTGE-ROYO

L’Espoir têtu, c’est le 8 et 9 avril au Vingtième Théatre. L’Espoir têtu , c’est aussi avancer dans un silence médiatique unanime ou presque, mais avec la détermination de rester debout quoi qu’il arrive.

Vivez frères humains, comme vous le pouvez
mais je vous le demande, laissez ma liberté,
Danser comme un oiseau dans le jour qui va naître
Ne priez pas pour moi, j’ai besoin d’amitié
Je vous aime sans dieu et vous souhaite sans maître
(...)
Je te salue la vie comme un cadeau du temps.

C’est dans les chemins de traverse que Serge Utgé-Royo avance depuis des années, là où la vie n’est pas mise en code-barres pour la grande distribution, mais en bouillonnement permanent de résistance aux aliénations qui deviennent l’ordinaire des humains. Vous voyez les choses, et vous demandez « pourquoi ? ». Mais je rêve de choses qui n’existent pas encore, et je demande « pourquoi pas ? » disait Georges Bernard Shaw. La poésie est une arme chargée de futur.*
L’utopie étant une vérité prématurée, merci à ces prophètes poètes de la proposer comme alternative aux marasmes et incohérences des temps modernes. Merci aussi de rappeler que rien n’est jamais acquis sans se bouger un peu le fondement de son fauteuil, ça reste de plus en plus d’actualité, suffit de lire le journal, entre les lignes parfois, car il arrive qu’on ne nous dise pas tout.
’’ L’histoire nous dit que toute obéissance est une abdication, que toute servitude est une mort anticipée »**


« L’espoir têtu » le dernier album de Serge Utgé-Royo est une chronique

lucide de l’époque, dans l’esprit critique salutaire, nécessaire à une bonne santé mentale. Il ne suffit pas de hurler des incantations encore faut-il qu’elles soient audibles et compréhensibles. Utgé-Royo sait faire ces chansons qui racontent, qui font vivre parfois des pages d’histoires mal connues.L’écriture est toujours impeccable, pas de ces rimes de convenance qui viennent casser la magie du récit, pas de bricolage approximatif dans le vocabulaire, chaque mot est à l’exacte place qu’il doit occuper pour servir le propos, et pas des ces finales insupportables, qui feraient de l’espoir-re, un soleil-le, sur le trottoir-re et qui font fuir-re mes oreilles insultées. Et comme il sait s’entourer aussi de compositeurs émérites quand il ne compose pas les mélodies, ses chansons restent de ces classiques qu’on pourrait dire de référence, intemporels dans la forme, universels dans le fond.
On retrouve dans l’Espoir têtu l’excellent Léo Nissim, compositeur d’une partie de l’album, et chef d’orchestre et de choeur, et ses fidèles complices de scène, compagnons musiciens au sens le plus noble, Jean My-Truong, Jack Ada, Jack Thysen, et quelques passants familiers, David Venitucci, Gérard Carocci, Mywa Rosso, Myriam Serfass, et toutes les voix amies des compagnes de route, Natacha Ezdra, Valérie Barrier, et Cristine...

On chantait une chanson
« Tous ensemble » à contre vent,
en repoussant l’horizon
à grands pas vers le couchant...

Pour différentes raisons (la chanson qui raconte, celle qui entre dans la mémoire avec une page d’histoire, et les notes d’une très belle ballade) ma préférence, ou ma faiblesse ira à ce Nuage espagnol, l’histoire de « la nueve » cette compagnie de républicains espagnols avant-garde de la 2 ème DB qui a libéré Paris le 24 août 1944... écho aux mémoires en rouge et noir. Le rouge pour naître à Barcelone Le noir pour mourir à Paris, Thank you Satan...***
En parlant de mémoire, il y a 2 ou 3 ans, un superbe coffret « Contrechants de ma mémoire » réunit toutes les chansons de révoltes populaires, de Giroflé Girofla au Déserteur, en passant par les chansons de la Commune, ou Bella Ciao, Victor Jara, et monsieur Clément avec ses cerises. Rouges.
On peut noter que ces classiques de nos folklores socio-politiques sont toujours servis par de très belles mélodies. En 4’10, Nouvelle Extrémadure est une leçon d’histoire plus explicite qu’un cours magistral.
http://www.utgeroyo.com/
Pour attaquer le printemps sur quelques airs toniques, rendez-vous au Vingtième Théâtre, le 8 et le 9, à 20 h. http://www.vingtiemetheatre.com/2012-2013/templates/?page=saison

Citations : *Gabriel Celaya ** Elisée Reclus *** Léo Ferré

Norbert GABRIEL