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L’Union européenne place lemouvement Hamas sur sa listenoire

Publie le dimanche 7 septembre 2003 par Open-Publishing

par Yves Clarisse

RIVA DEL GARDA, Italie (Reuters) - L’Union européenne a décidé samedi de placer l’aile politique du mouvement palestinien Hamas sur sa liste des organisations terroristes au moment où la crise au Proche-Orient s’aggrave.

Les ministres des Affaires étrangères des 15 Etats membres de l’UE et des 1O pays candidats achevaient leur réunion informelle de Riva del Garda, en Italie, lorsqu’ils ont appris la démission du Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, en raison du blocage actuel du processus de paix et de la querelle interne qui l’oppose au président Yasser Arafat.

Tout en regrettant cette décision, ils ont souhaité reprendre immédiatement l’initiative afin de relancer la "feuille de route" qui doit mener à l’instauration d’un Etat palestinien "viable" d’ici 2005 selon un calendrier précis.

L’UE a d’abord envoyé un message à Israël en franchissant un pas qu’elle a longtemps hésité à franchir, la France étant la plus hésitante en raison du rôle social joué par le Hamas et des risques pour la trêve des attentats déclarée le 29 juin.

Mais la revendication par le Hamas de l’attentat du 19 août, qui a fait 22 morts en Israël, a eu raison de la distinction faite jusqu’à présent par les Européens entre la branche politique et l’aile militaire — les brigades Ezzedine al-Qassem qui sont sur la liste noire depuis longtemps.

"(L’Union) avait demandé au Hamas à Thessalonique d’observer un cessez-le-feu et nous avons souhaité en tirer toutes les conséquences à la suite de l’attentat de Jérusalem", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. "Un consensus s’est dessiné pour décider l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes".

Lundi, les experts se pencheront sur les modalités pratiques de cette décision politique, qui pourront prendre la forme de la création d’une liste de personnalités interdites de visa d’entrée sur le territoire de l’UE et d’un gel des avoirs des organisations caritatives qui les financent.

L’UE DEMANDES DES GAGES A ISRAEL

Les Européens ont désormais une position très proche de celle des Etats-Unis, qui les exhortaient depuis des mois à s’attaquer au mouvement Hamas dans son ensemble.

Fin août, George Bush avait fait geler les fonds de cinq organisations caritatives palestiniennes accusées de financer le Hamas et plusieurs de ses dirigeants, dont le cheikh Ahmed Yassine, sont sur la liste noire américaine.

La décision des Européens, souvent considérés par les Israéliens comme pro-palestiniens, a pour but de leur démontrer qu’ils sont à leurs côtés dans la lutte contre le terrorisme.

"Israël est très satisfait de la décision et pense qu’il était temps que l’intégralité du Hamas soit sur la liste terroriste et espère que cette étape et d’autres finiront pas mettre un terme aux activités du Hamas", a dit à Reuters Haïm Assaraf, porte-parole de l’ambassade israélienne à Bruxelles.

Mais elle s’accompagne d’un appel à Israël pour relancer le processus de paix en donnant des gages de bonne volonté.

"Israël doit s’engager pleinement sur la feuille de route", a souligné Dominique de Villepin en demandant l’arrêt de la colonisation juive et de la construction de la clôture de sécurité qui doit séparer à terme les territoires occupés d’Israël.

Un haut responsable du Hamas interrogé par la chaîne de télévision qatarie Al Djazira a pour sa part critiqué la décision de l’UE.

Ismaïl Haniyeh s’exprimait après un raid israélien dans la ville de Gaza qu’il a qualifié de tentative d’assassinat contre lui et le chef spirituel du mouvement, le cheikh Ahmed Yassine, qui a été légèrement blessé.

"Laissons la communauté internationale et laissons l’Union européenne, qui est en train de discuter de l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes, être témoins de cette attaque. Nous disons aux Européens : ’Vous devez être justes et placer l’ennemi sioniste en tête de la liste mondiale des groupes terroristes", a-t-il déclaré.

Pour la France, la convocation d’une conférence internationale sur le Proche-Orient et le déploiement d’une force chargée de surveiller l’application d’un éventuel accord de paix sont les solutions pour une sortie de crise.

Mais la démission de Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), réformiste modéré nommé fin avril et soutenu par Washington, démontre que l’avenir reste sombre pour le processus de paix.

Pour plusieurs ministres des Affaires étrangères de l’UE, ce geste est dû à la politique des Etats-Unis et de l’Etat hébreu.

"Nous avons toujours dit que c’était très dangereux, cette politique américano-israélienne de tentative d’exclusion d’Arafat, et qu’il y avait un risque que cela conduise à la chute d’Abou Mazen", a ainsi déclaré la ministre suédoise, Anna Lindh. "Et c’est ce que nous voyons maintenant".