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L’Usine à Gaz : les heures sup à la francaise !!!!!
Publie le mardi 2 octobre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
"Travailler plus pour gagner plus"
BERNARD DELATTRE
Mis en ligne le 02/10/2007
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Depuis lundi, avec la détaxation des heures supplémentaires, le grand slogan de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy est entré en vigueur.
L’accueil fait à cette mesure est toutefois assez mitigé.
Cela marchera-t-il ?
AP
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
C’était le principal slogan de campagne du candidat Sarkozy : "Travailler plus pour gagner plus." Il traduit le souci du désormais Président de, à la fois, "revaloriser le travail" , desserrer le carcan du régime des 35 heures, doper le pouvoir d’achat des travailleurs et, partant, relancer la consommation et donc la croissance. Depuis lundi, ce slogan a trouvé une première application très concrète : la défiscalisation des heures supplémentaires.
Chaque heure supplémentaire sera dorénavant payée 25 pc de plus qu’une heure normale au travailleur. Ce dernier ne paiera ni impôt sur le revenu ni cotisations sociales sur ces heures. Son employeur, lui, bénéficiera d’une réduction forfaitaire de ses cotisations sociales.
"C’est la première fois depuis longtemps que l’Etat français investit dans le travail" , s’est félicitée lundi la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, qui a qualifié la mesure de "signal fort" donné en faveur du travail. L’accueil réservé à cette innovation a toutefois été assez mitigé. Nombre d’économistes et d’employeurs, en effet, s’ils jugent que la réforme va dans le bon sens de la libéralisation du travail, doutent qu’elle aura un grand effet en ces temps de croissance molle que connaît la France actuellement.
En effet, les carnets de commande des entreprises ne débordent pas. Elles ont donc un recours très modéré aux heures supplémentaires. Elles ont d’ailleurs peu profité des deux assouplissements du régime des 35 heures mis en oeuvre par la droite depuis son retour au pouvoir, en 2002. Dès lors, pour nombre de travailleurs, la possibilité qui leur est offerte de "travailler plus pour gagner plus" risque, de facto, d’être très virtuelle - d’où de possibles désillusions chez des bas revenus qui auraient été séduits par la promesse élyséenne d’accroître leur pouvoir d’achat.
"Un grand pari"
En revanche, le coût pour l’Etat de cette mesure - 6 milliards d’euros par an, en régime de croisière - n’a, lui, rien de virtuel et est au contraire très réel, a fortiori dans le contexte budgétaire amplement déficitaire qui est celui de la France aujourd’hui. La détaxation des heures supplémentaires est donc à maints égards, pour l’Etat, "un grand pari". Et, comme nombre de paris, rien n’assure d’emblée qu’il sera gagné.
L’opposition de gauche et les syndicats, en tout cas, n’y croient pas. Ils entrevoient même déjà des effets pervers à cette mesure. Elle pourrait, selon eux, inciter les entreprises à différer des embauches, et jouer donc en défaveur de l’emploi. Elle pourrait aussi alimenter la fraude. Des employeurs pourraient vouloir déguiser des hausses de salaires en heures supplémentaires, transformant donc ce nouveau dispositif censé vertueux en circuit vicieux de blanchiment de primes salariales.
Dans tous les cas, la gauche parle d’"imposture" et de "mesure idéologique". C ar, dit-elle, les éventuels gains de pouvoir d’achat donnés d’une main aux travailleurs leur seront immédiatement repris de l’autre main par les mesures d’austérité en cours ou à venir (franchises sur les soins de santé, etc.). En sens inverse, l’aile libérale de la majorité et des syndicats de PME déplorent que le chef de l’Etat ne se soit pas attaqué de front à un régime des 35 heures honni, plutôt que de le contourner.
"Une usine à gaz"
A droite, certains sont mêmes très critiques. Ainsi, le sénateur et ancien ministre des Finances, Jean Arthuis, voit-il dans ce dispositif "une usine à gaz" d’une telle complexité qu’elle sera très difficile à gérer dans les entreprises, au quotidien. Et encore n’est-ce rien par rapport aux difficultés auxquelles - au gouvernement y compris - on s’attend dans la fonction publique, où la réforme va être prochainement étendue. En effet, dans certains services notoirement débordés (hôpitaux, police, etc.), les heures supplémentaires non payées et/ou non récupérées se comptent déjà en millions d’unités.
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Messages
1. L’Usine à Gaz : les heures sup à la francaise !!!!!, 2 octobre 2007, 18:53
A savoir :
Sur le site Eurostat,
http://minilien.com/?pj20X5r1lr
ou
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-NK-04-007/FR/KS-NK-04-007-FR.PDF
Il est constaté que :
"Moins de la moitié des salariés sont rémunérés pour les heures supplémentaires qu’ils effectuent. Les hommes sont plus souvent rémunérés pour les heures supplémentaires que les femmes. Dans l’UE, 4,5% des femmes salariées à temps plein sont rémunérées pour les heures supplémentaires effectuées (en moyenne 3 heures par semaine), alors que ce pourcentage
atteint presque 9% chez les hommes (en moyenne 5 heures par semaine). En d’autres termes, à peine un tiers des femmes sont rémunérées pour les heures supplémentaires effectuées, tandis que la moitié des hommes le sont...."
Alors une réforme de la réforme est elle en vue !...