Accueil > L’allemagne et les étrangers
En conséquence, le nombre des demandeurs d’asile est tombé en mars à
2.140 et a été réduit à nouveau d’un tiers, totalisant 1.500 en avril et
seuls 1,1 pour cent de ceux qui font une demande, la plupart en provenance
de Serbie et du Monténégro, de Turquie et de l’Iraq, se voient accorder
l’asile.
Des dizaines de milliers de personnes dont la demande d’asile n’a
pas abouti ou dont le visa temporaire a expiré sont obligés de quitter
l’Allemagne chaque année. Durant ces dernières années ou ces derniers mois,
les personnes touchées ont été de plus en plus souvent des personnes ayant
vécu durant de nombreuses années en Allemagne et dont les enfants y sont nés
et y ont grandi. Sur les quelques 200.000 personnes ne disposant que d’un
séjour toléré sur le territoire en raison d’un visa temporaire, 120.000
vivent en Allemagne depuis plus de cinq ans.
Depuis des années, l’organisation allemande pour les réfugiés, Pro
Asyl, ainsi que d’autres groupes de soutien ont fait appel aux ministres de
l’Intérieur des Länder pour qu’ils accordent une autorisation de séjour
permanente aux réfugiés de longue date en possession d’un visa temporaire.
Ceci a été refusé pour la énième fois lors de la dernière conférence des
ministres de l’Intérieur qui s’est tenue début mai à Garmisch-Partenkirchen.
Au lieu de cela, les conditions d’obtention de la nationalité allemande ont
à nouveau été durcies.
Ces mois derniers, l’office fédéral allemand des migrations et des
réfugiés (Bundesamt für Migration und Flüchtlinge) a retiré à des milliers
de réfugiés iraquiens le statut protecteur de réfugiés qui leur avait été
accordé auparavant. Les ministres de l’Intérieur des Länder examinent la
possibilité de commencer des expulsions vers l’Iraq, en dépit du fait que
tous les mois des attentats y font des milliers de victimes civiles. Selon
Pro Asyl, les agissements des autorités allemandes sont uniques en Europe et
violent le droit international des réfugiés.
Des expulsions vers l’Afghanistan ont lieu depuis longtemps.
Certains Länder allemands expulsent même des femmes afghanes alors que la
situation politique et économique dans ce pays en proie à la guerre et à la
guerre civile s’est continuellement détériorée au cours de ces derniers mois
Le nouveau ministre afghan des Affaires étrangères, Rangin Dadfar
Spanta, dans une interview à la presse écrite en a appelé à l’Allemagne pour
qu’elle cesse de déporter des réfugiés afghans et de créer des problèmes
supplémentaires : « Mon appel va dans ce sens : permettez à ces personnes de
rester en Allemagne et de s’y intégrer comme dans une deuxième patrie. Que
toute personne désirant rentrer au pays le fasse, mais les autres ne
devraient pas être expulsés, » dit-il au quotidien Frankfurter Rundschau
Mais, les autorités allemandes en charge des étrangers, ne se
soucient guère d’appels humanitaires ou d’expertises médicales ou de droit
international. Le bien-être des réfugiés et de leurs enfants intégrés dans
la société allemande ne les concerne guère plus. A titre d’exemples on peut
citer quelques cas d’expulsion ou de menace d’expulsion touchant des
familles entières qui ont vécu, ou qui vivent, depuis plus de dix ans en
Allemagne.
Khan Duy Trieu, jeune vietnamien de 15 ans, a dû quitter l’Allemagne
le 24 septembre 2005 en même temps que ses parents et son petit frère pour
éviter d’être déporté. Il avait vécu treize ans à Straubing et avait obtenu,
l’année dernière, la deuxième place à un concours de mathématique en
Bavière.
Les explications officielles avancées par les autorités en charge
des étrangers justifiant la menace d’expulsion étaient qu’il « n’existe plus
de raisons pour que ces anciens réfugiés vietnamiens restent plus longtemps
en Allemagne. » Des reportages télévisés ont été consacrés au cas de cette
famille qui était bien intégrée dans la communauté allemande. Le père et la
mère avaient du travail, Khan Duy Trieu comptait parmi les meilleurs élèves
de sa classe. La famille doit à présent se partager le petit appartement des
grands-parents à Hanoi.
Le fait qu’il ne s’agit nullement d’un cas isolé est confirmé par le
directeur de l’Institut Goethe à Hanoi, Franz Xaver Augustin. Le nombre
exact des expulsions de Vietnamiens en provenance d’Allemagne n’est plus
publié depuis trois ans. En 1995, un soi-disant accord de rapatriement avait
été signé entre l’Allemagne et le Vietnam. Entre 1995 et 2002, quelques
10.149 Vietnamiens ont quitté l’Allemagne.
Le 4 mai 2006, la chaîne de télévision allemande ARD a consacré son
émission « Kontraste » à un autre cas de brutalité arbitraire des autorités
allemandes et qui n’est pas non plus un cas isolé.
Quai Kamran, jeune Afghan de 22 ans, vivait depuis seize ans à
Friedberg en Hesse avec ses parents et ses frères et sœurs. C’est parce
qu’il recherchait une place dans la police qu’il a attiré l’attention des
autorités.
Il avait rempli toutes les conditions d’admissibilité pour cet
emploi : avoir vécu au moins cinq ans en République fédérale et maîtriser
l’allemand ainsi que sa langue maternelle. La seule condition qui lui
manquait c’était un permis de séjour permanent.
Quai Kamran a fait une demande de permis de séjour permanent auprès
des autorités compétentes de Friedberg qui le lui ont refusé parce qu’il
n’avait pas de travail régulier et parce qu’il bénéficiait d’une aide
sociale. Quai Kamran se trouve dans la même situation que des milliers
d’autres, à savoir dans un cercle vicieux : sans autorisation de séjour, pas
de travail ou de place d’apprenti, sans travail pas de permis de séjour.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Lui et sa famille doivent à présent
être déportés vers l’Afghanistan.
Bien que ses copains de classe et ses professeurs aient défendu sa
cause et collecté des signatures et que le directeur de l’école se soit
rendu personnellement auprès des autorités compétentes, au ministère de
l’intérieur et au parlement du Land de Hesse, ni les autorités ni les
politiciens ne se sont ravisés en faveur de sa famille.
Quai Kamran s’en veut à présent et se sent responsable de la menace
d’expulsion parce qu’il croit avoir attiré l’attention des autorités sur sa
famille en faisant cette demande d’autorisation de séjour.
Un autre cas, est celui de Hassan R., Marocain de 35 ans souffrant
de maladie psychique qui a été retiré du service psychiatrique d’un foyer
d’hébergement public pour malades mentaux à Haina, en Hesse du nord, pour
être déporté vers le Maroc. Deux semaines plus tard, les parents du jeune
homme malade avaient perdu toutes traces de lui. Le père de Hassan, qui vit
à Rödermark (près de Francfort), a pris l’avion pour Casablanca à la
recherche de son fils. Mais en vain. Depuis dix ans, Hassan R. souffre de
schizophrénie, d’hallucinations et d’épilepsie. Ses chances de survie sans
aide médicale et sans médicament sont minces.
Le cas d’une famille tamoule de Meschede, dans le Sauerland vivant
depuis plus de dix ans avec un enfant sévèrement handicapé mental, et qui a
été déportée vers le Sri Lanka en août de l’année dernière dans une action
qui s’est déroulée « dans la nuit et le brouillard », a fait l’objet, le 11
mai, d’un reportage dans l’émission « Härte mit System » de la chaîne de
télévision Westdeutscher Rundfunk Une voisine plus âgée de la famille et qui
avait été témoin de la scène de déportation a commenté ainsi les agissements
des autorités et de la police : « Sommes-nous de retour à l’ère de Hitler ? »
Messages
1. > L’allemagne et les étrangers, 20 juin 2006, 17:23
Triste réalité....j’ai habité 6 mois en Allemagne en j’en suis revenu avec - je crois - une notion plus claire de la différence raciste/xénophobe. Les Français racistes ? Ce genre d’affirmation me fait maintenant rigoler alors qu’il suffit de se retourner pour voir une bande de gamins métissés à qui mieux mieux jouant derrière vous ou un couple d’amoureux en noir et blanc assis sur le banc là bas.
J’ai sympathisé exclusivement avec des Camerounais lors de mon séjour (Munich) : facile, il y a une règle d’or : noir => Camerounais => parle français aussi (je parle allemand mais clairement pas comme le français !). Et bien aucun n’avait d’ami Allemand "pur souche". Pourtant cce n’étaient pas du tout des "sauvageons à karcheriser" comme on voudrait nous faire croire chez nous que sont les immigrés, mais des étudiants brillants. Tout le monde était correct avec eux (ce qui me parait la moindre des choses vu leur comportement irréprochable), mais pas plus...
J’ai pourtant pas l’impression d’être spécialement un modèle de "tolérance totale" etc. Comme pas mal de Français (dont certains doivent voter le Pen - une erreur, mais un PS inspiré des gouvernements allemands décrits ci-dessus est-il vraiment moins raciste ?), j’ai du mal avec le voile, je me hérisse qd Sarko consulte imams & Cie quand c’est la foire en banlieue (laïque ? quoi c’est ?)...en fait, je pourrais même sans trop forcer le trait me décrire comme un xénophobe type français : noir, arabe, yeux bridés etc. : m’en fous, tant que les gens s’intègrent bien, adoptent un minimum les valeurs locales (je demande pas de renoncer au manioc, tout comme j’aime bien les pizza etc !!). Un droit du sol généreux mais exigeant quoi...
Or en Allemagne j’ai pas eu cette impression, mais plutôt : "turc = pas allemand", à vie (quelqu’un connait bien les évolutions du code de nationalité par mariage à ce sujet au fait ? pourquoi tant de turcs à la x-ème génération à Kreuzberg ?). Et s’intégrer aide sûrement un peu à attenuer ça, mais ne l’efface pas. Bizarre non ? Des gens peuvent-ils infirmer ou confirmer ces impressions ? Les Allemands que je connais sont pourtant infiniment moins violent envers les immigrés que bien des Français de ma connaissance (violence verbale hein, je connais pas de sauvage sur aucune des rives du Rhin). La France a pourtant une guerre d’Algérie pas jolie (entre autres)...ceci dit on ne parle pas (encore ?) de "guerre de Namibie" : le conflit ethnique ne s’est pas vraiment mieux passé là bas...
A Münich j’ai tjrs eu à l’esprit cette question dérangeante :j’ai appris, petit, en géographie, qu’il y a plus "d’étrangers" en Allemagne que partout ailleurs en Europe (et en France notamment)...et pourtant, de visu, quelle impression contraire !!! En une heure à Chatelet-les-halles on voit plus de variété de teints qu’en 6 mois en Allemagne...je pense ça vient du statut différent de la notion "d’étranger" ici et là bas. ou alors je vois pas, j’ai pourtant pas mal bougé de la Baltique aux Alpes, je reste dubitatif.
Damned, pourtant y’a tant de côtés que j’adore en Allemagne...mais je dirais qu’il ne faut pas que l’Allemagne perde conscience de ses démons potentiels. Ceci dit je suis généralement impressionné par la conscience forte du nazisme et du sentiment de culpabilité afférent chez les Allemands que j’ai le plus côtoyé - bien plus réfléchi là dessus que les Français sur les périodes pas claires de leur histoires, je pense : le défi me paraît tout a fait relevable ! Et chez nous ça vient aussi, avec des Giscard qui prônent l’abandon du droit au sol au profit su droit au sang, ou des chgts insidieux de législation sur l’acquisition de la nationalité Française des enfants d’immigrés (qui n’est plus automatique, mais doit être demandée vers 17-18 ans).
Levochik