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L’erreur stupide américaine serait un acte suicidaire

par Ghaleb Kandil

Publie le vendredi 3 mai 2013 par Ghaleb Kandil - Open-Publishing

Le commandement syrien poursuit la mise en œuvre de ses nouveaux plans dans un timing politique et militaire adéquat, et à l’ombre d’une ambiance populaire résolument favorable à l’Etat et au président Bachar al-Assad, de l’aveu même des puissances occidentales.

Sur le terrain, l’armée est en passe d’anéantir de nombreux foyers terroristes, dont des centres de commandements. Les experts sont unanimes à estimer que la libération de Oteiba, au sud-ouest de Damas, constitue un coup dur à Al-Qaïda et sa branche syrienne, le Front al-Nosra. Dans le même temps, l’effondrement des structures terroristes se succèdent à Qoussair, tandis que les opérations de l’armée se poursuivent à un rythme accéléré dans les campagnes d’Idleb et d’Alep et dans les villes de Homs et d’Alep. A Daraa, Raqqa et Deir Ezzor, les troupes régulières assènent des coups durs aux groupes armés. Les analystes soulignent que la sécurisation de Homs et la libération de la ville de Qoussair trancheront la bataille dans le centre de la Syrie (les provinces de Homs et de Hama), qui constitue le quart de la superficie du pays. Dans la période à venir, l’armée syrienne va prendre le contrôle des grandes villes et de leurs environs, ainsi que des principaux axes routiers. Cet objectif, qui nécessite quelques mois d’efforts, permettra de relancer le cycle économique et de faciliter le retour des déplacés, qui vivent des conditions difficiles et humiliantes au Liban, en Turquie et en Jordanie.

Les menaces des Etats-Unis, qui utilisent le faux prétexte des armes chimiques, visent à intimider la Syrie et ses alliés -l’axe de la Résistance et les Brics. Si Washington met à exécution ses menaces d’une intervention militaire en Syrie, après l’échec de sa guerre mondiale à travers ses outils terroristes et ses auxiliaires régionaux (Israël, la Turquie et la Jordanie), il commettrait une grave erreur et un acte stupide.

Toute évaluation scientifique des options guerrières américaines, brandies par Barak Obama, permet de mieux comprendre les rapports de forces actuels. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux croulent sous leurs difficultés économiques et financières, qui ont nécessité des réductions drastiques des budgets militaires. En revanche, l’axe de la Résistance, qui va probablement s’engager immédiatement dans la confrontation si la Syrie est attaquée, dispose de moyens dissuasifs suffisamment importants pour provoquer une guerre mondiale. L’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger avait mis en garde contre un conflit de cette ampleur dès le début de la guerre contre la Syrie, lorsque certains responsables américains avaient caressé l’idée de passer de la guerre par procuration -via les groupes terroristes- à la confrontation directe, à travers les armées de l’Otan.

Les questions stratégiques soulevées si un tel scénario est mis en œuvre conduisent toutes aux mêmes réponses : toute agression contre la Syrie sera confrontée à une résistance féroce et globale. La défense anti-aérienne syrienne a montré son efficacité en abattant l’avion turc, en juin 2012, quelques minutes après avoir violé l’espace aérien syrien. Et les missiles syriens sont prêts à frapper Israël et les bases américaines en Turquie et en Jordanie, ainsi que les bastions terroristes au Liban. Certains analystes pensent aussi que la Résistance libanaise et l’armée syrienne ouvriront les fronts libanais et syriens contre Israël. Sans oublier les missiles iraniens et leurs formidables capacités, qui peuvent "réduire Tel-Aviv en poussière", comme l’a dit le guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, et bloquer les voies d’approvisionnement en pétrole. S’en suivra l’effondrement des économies occidentales. Les Etats-Unis craignent surtout que les grands puits de pétrole et les bases américaines dans le Golfe soient pris pour cible.

La question qui se pose est celle de savoir quelle sera la réaction de la flottille russe qui mouille au large des côtes syriennes.

Ces scénarios laissent penser que les menaces américaines s’inscrivent plus dans le cadre de l’intimidation, sans exclure, toutefois, un acte stupide. Quoi qu’il en soit, si la grande confrontation a lieu, et lorsque la poussière tombera sur le champ de bataille, l’Occident aura essuyé une défaite cuisante, qui entrainera une catastrophe pour Israël, la Turquie et tous les dirigeants du Golf et de Jordanie, impliqués dans l’agression. La résistance de la Syrie à une telle guerre aura les mêmes résultats qu’a eu l’agression tripartie, en 1956, contre l’Egypte, et qui s’est terminée par la fin du rôle de la France et de la Grande-Bretagne en tant que puissances coloniales.

1400 membres du Front al-Nosra auraient fuit au Liban

Les opérations foudroyantes menées par l’Armée arabe syrienne dans la campagne de Homs, en parallèle avec sa progression autour de Damas, ont donné naissance à de nouvelles réalités à la frontière avec le Liban. Cette région est presque entièrement sous le contrôle des troupes régulières, qui ont bloqué la plupart des sentiers et des passages empruntés ces deux dernières années par le Courant du futur et ses partenaires des services de renseignements du Golfe et des pays de l’Otan pour introduire en Syrie des centaines de tonnes d’armes et des milliers de combattants.

Le résultat direct de ces nouvelles réalités sur le terrain est que la plate-forme de l’agression contre la Syrie, mise en place par l’ancien Premier ministre Saad Hariri, est en train de se transformer en problème libanais interne et en danger pour la sécurité du Liban. En effet, selon divers services de sécurité, quelques 1400 membres du Front qaïdiste al-Nosra ainsi que de nombreux groupes armés, en plus de Libanais qui ont combattu en Syrie, ont trouvé refuge au Liban pour fuir l’avancé des troupes syriennes.

Le prochain élargissement des opérations de l’Armée arabe syrienne et la conquête de la totalité de la ville de Homs vont ouvrir la boite à pandore des secrets embarrassants. Première révélation, la présence en Syrie dans les rangs des groupes terroristes de nombreux officiers étrangers et de pays du Golfe, ainsi que de combattants libanais. Cela va avoir de graves répercussions au Liban.

Tout être censé reconnaitra que le pouvoir libanais est en grande partie responsable des dangers auxquels le pays est confronté aujourd’hui. Les fausses hésitations des dirigeants visaient en fait à couvrir leur connivence et leur complicité, qui répondaient à des demandes étrangères de fermer les yeux sur ce qui se passaient le long des frontières et au Liban-Nord. Cette politique a conduit à la paralysie de l’Armée libanaise qui a été poussé à démissionner de son rôle de gardienne de la souveraineté nationale et de protectrice des frontières.

La vérité que tous doivent savoir au Liban -et agir en fonction- est que l’Etat syrien, "appuyé par son peuple", comme l’a dit le ministre espagnol des Affaires étrangères, est confronté à une guerre coloniale et combat des gangs terroristes et takfiristes sur sa terre. Et aujourd’hui, le Liban fait face au danger de ces mêmes bandes terroristes.

Aussi, est-il du devoir de tout gouvernement libanais qui se respecte et qui est soucieux de défendre les intérêts de son peuple, de lutter contre ces groupes terroristes qui utilisent certaines régions du pays comme plate-formes et bases de repli... car dans un avenir pas très lointain, ces terroristes jugeront que le moment est venu de transporter leur prétendu jihad au Liban.

Tendances de l’Orient

New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
khalafpierre huz gmail.com
Tendances de l’Orient No 132 lundi 29 avril 2013.
Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.