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L’exécution de Saddam Hussein : un assassinat politique avec comme finalité la « fitna »*

Publie le mercredi 3 janvier 2007 par Open-Publishing
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Saddam Hussein avait des comptes à rendre à son peuple. S’il avait vécu, peut-être qu’un jour son peuple lui même l’aurait jugé : guerre contre l’Iran, massacres de civils, répressions...Cette opportunité de justice, les Irakiens en seront privés définitivement. Le véritable procès n’aura jamais lieu. L’impérialisme en aura décidé autrement. L’Irak est aujourd’hui un pays occupé en voie de dépeçage et dont le peuple subit des campagnes de terreur sans égales menées par l’armée d’occupation et ses supplétifs, les escadrons de la mort à recrutement communautaire. Des deux côtés, on s’étripe avec la bénédiction américaine. Des deux côtés, la haine communautaire entretenue est poussée à son paroxysme. Une purification ethnique et confessionnelle est en œuvre. Comment ne pas voir dans ce démantèlement de l’Irak la continuation du processus initié par les accords Sykes-Picot de mai 1916 sur le découpage de l’ancienne grande Syrie et de la Mésopotamie entre puissances impérialistes ? C’est-à-dire, la désintégration de l’Orient arabe en mini Etats confessionnels ou ethniques dont l’aboutissement a été la création des principautés pétrolières avec en prime l’Etat d’Israël comme gendarme de la région ?

L’occupation américaine et le gouvernement fantoche irakien se sont rendus coupables en moins de 4 ans de la disparition de 750 000 Irakiens (chiffre avancé par le magazine médical britannique « The Lancet ») faisant eux-mêmes suite au million de morts victimes d’un embargo/blocus de 10 ans. Ce sont les mêmes qui viennent de pendre Saddam Hussein en l’accusant du massacre de 148 villageois irakiens. Ils ont tenu à ce que l’assassinat de l’ex-président ait lieu le 1er jour de l’Aïd el Kébir, suprême provocation contre les musulmans sunnites irakiens et véritable acte de défi et de mépris à l’encontre de l’ensemble du monde arabo-musulman.

Maintenant, pour ceux qui se demandent pourquoi nous disons « assassinat » plutôt qu’ « exécution » nous répondons ce qui suit :

Saddam Hussein a été capturé à Tikrit par l’armée d’invasion américaine. Il aurait dû dès lors être considéré comme un prisonnier de guerre et se voir appliquer les conventions de Genève. L’armée américaine était donc responsable de son intégrité physique, or il a subit des violences pendant sa détention. Il aurait dû avoir un procès équitable, or ce ne fut pas le cas selon la plupart des observateurs indépendants et selon Kofi Hanane lui-même. De plus, le fait que le procès se soit déroulé en Irak sous occupation a conduit à l’assassinat de trois de ses avocats. De fait, la procédure judiciaire dans sa totalité est entachée de nullité. Enfin, sa mise à mort, curieusement, a été appliquée par ses pires ennemis, la milice de Moqtada Sadr, auxquels il a été livré en connaissance de cause. Ceux-ci, l’invectivant et l’insultant jusqu’au dernier moment. Rappelons, qu’en 1945, à l’issue du procès de Nuremberg, les pires criminels nazis eux-mêmes eurent droit à davantage d’égards et en tout cas à un procès équitable. Saddam Hussein a donc bien été assassiné. Ce lynchage, dans la pure tradition de l’ouest américain, est une barbarie supplémentaire à mettre au compte de la civilisation. Et la France des Droit de l’Homme dans tout ça ? Suprême hypocrisie, elle a officiellement pris acte de cette « exécution ». Par cette formule lâche, elle reconnaît les termes de ce lynchage. Elle n’en dénonce même pas la procédure. De fait, elle confirme par là que le prétendu droit international dont elle aime se draper, n’est que le droit du plus fort. Mais ça vous le saviez déjà...

Lalla Fatma M’semer et Zulficar

* Selon les Ecrits Saints : guerre civile entre musulmans

Source : http://www.indigenes-republique.org

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