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L’hôpital Necker a-t-il vraiment été « dévasté » par les « casseurs » ?
par Luc Peillon et Sylvain Mouillard
Publie le jeudi 16 juin 2016 par Luc Peillon et Sylvain Mouillard - Open-Publishing2 commentaires
Unanime, la classe politique s’est émue des dégradations commises mardi sur la façade de l’hôpital des enfants malades. Au risque d’en exagérer la nature.
Un hôpital « dévasté » : les mots sont de Manuel Valls, invité ce mercredi matin sur France Inter. Au lendemain d’une manifestation parisienne sous haute tension contre le projet de loi travail, le Premier ministre a dénoncé avec force l’action des « casseurs » au cours du défilé, et notamment les incidents qui se sont déroulés aux abords de l’hôpital Necker pour les enfants malades, dans le XVe arrondissement de la capitale.
Dans la classe politique, la condamnation a été unanime. Côté gouvernement, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, a parlé d’une « attaque insupportable », assurant, sur France Info, que « personne ne pouvait ignorer que c’était un hôpital auquel on s’en prenait et qu’on attaquait ». Et d’ajouter : « Il y a des enfants qui entraient dans les blocs opératoires et certains n’étaient pas encore endormis, ce sont des choses qui sont choquantes. »
Son homologue de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, est allé plus loin, en s’en prenant aux « hordes de manifestants violents » et aux « sauvageons » qui ont brisé les « vitres de l’hôpital Necker » alors « qu’il y a l’enfant des policiers [assassinés lundi à Magnanville, ndlr] qui s’y trouve ». Nicolas Sarkozy, sur Twitter, s’est fendu de ce message : « #Necker : je demande que soit engagée la responsabilité civile et financière de la CGT. »
Mercredi matin, Manuel Valls s’est rendu sur place avec Marisol Touraine pour apporter son soutien aux équipes médicales de l’établissement. L’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), de son côté, a déposé une plainte contre X pour « dégradation de biens publics et mise en danger de la vie d’autrui ». Vingt-quatre heures après les faits, Libération fait le point sur un dossier devenu symbolique.
Que s’est-il passé ?
Il est près de 15h30 quand le cortège de tête, constitué notamment de plusieurs centaines de manifestants cagoulés et équipés pour harceler les forces de l’ordre, arrive à l’angle du boulevard du Montparnasse et de la rue de Sèvres, au niveau du métro Duroc. Les affrontements avec les CRS, qui n’ont pas cessé depuis le départ de la manifestation place d’Italie, reprennent de plus belle. Des militants radicaux, tout de noir vêtus, lancent des projectiles en direction de forces de l’ordre situées sur leur gauche, qui répliquent à coups de grenades lacrymogènes.
L’hôpital Necker, juste à côté du cordon des forces de l’ordre, n’est clairement pas la cible de la majorité des manifestants. S’il est tout à fait probable que des pierres ou des canettes de bière aient pu endommager sa façade, c’est surtout les coups de marteau portés par un ou deux manifestants qui ont causé la majorité des dégâts. On le voit sur cette vidéo tournée par un journaliste du Monde (à partir de 4’20"). A noter, par ailleurs, l’intervention d’un homme qui tente d’arrêter l’individu en lui disant : « Hé, c’est un hôpital de gosses. »
Les échauffourées au milieu du carrefour durent assez longtemps, peut-être une vingtaine de minutes. Sur cette vidéo, on voit même des « casseurs » détacher des plaques entières de bitume à coups de marteau, pour s’en servir ensuite de projectiles. Il faut l’intervention du canon à eau de la préfecture de police, qui scinde le cortège en deux, pour repousser la tête de manifestation plus en avant, vers le boulevard des Invalides.
Quels sont les dégâts ?
Les principaux dégâts concernent des bris de vitres, au niveau du rez-de-chaussée de l’établissement. Une quinzaine de parois, côté rue, ont ainsi été fracturées, sans par ailleurs céder. Mais « personne n’est entré dans l’hôpital, il n’y a pas de dégâts à l’intérieur », explique le professeur Noël Garabédian, présent sur place mardi. Il souligne en outre que les patients et les équipes médicales ont été « extrêmement choqués par cet épisode traumatisant ».
Devant l’hôpital Necker ce mercredi. (Photo Jacques Demarthon. AFP)
Aussi gratuits et stupides qu’ils puissent être, ces actes sont donc loin d’avoir laissé derrière eux un bâtiment « dévasté », comme l’a dit Manuel Valls. Ce qui fut en revanche le cas de nombreux commerces sur le parcours de la manifestation. Quant aux « enfants qui entraient dans les blocs opératoires et certains n’étaient pas encore endormis », comme le souligne Marisol Touraine, difficile de savoir s’ils ont entendu précisément les coups de marteau, au milieu d’une ambiance où se mêlaient cris des manifestants, jets de grenades lacrymogènes et surtout tirs de grenades assourdissantes, au volume sonore bien plus important.
Messages
1. L’hôpital Necker a-t-il vraiment été « dévasté » par les « casseurs » ? , 16 juin 2016, 19:34, par Gwern
« #Necker : je demande que soit engagée la responsabilité civile et financière de la CGT. »
Je demande la même chose aux Républicains pour les dégâts collatéraux occasionnés par l’intervention Sarkosyste en Libye ! Chiche !
Plus sérieusement très déçu que Patrick PELLOUX s’y soit mis aussi !
2. L’hôpital Necker a-t-il vraiment été « dévasté » par les « casseurs » ? , 16 juin 2016, 20:54, par jean 1
Juste un cas particulier en rapport avec l’hôpital en général.
Il y a 3 semaines un f(ph)armacien nous conseille de nous rendre aux urgences de l’hôpital de bagnols-sur-céze .
A 10H00 nous sommes dans ce service , ma femme subit une endoscopie sans résultat .
La responsable nous dit alors d’attendre 14h00 la venue d’un oto-rhino-laryngologiste de l’hôpital de Nîmes.
A 14h10 elle nous dit que ce spécialiste est retenu à Nîmes pour une autre urgence et nous conseille d’aller directement à caremeau nîmes par nos propres moyens .
Après 50 km. nous nous retrouvons , après être passés par l’entrée des urgences de caremeau nîmes dans le service d’oto-rhino-laryngologie .
Après 2h00 d’attente le responsable qui assurait son travail trouve un créneau pour nous recevoir et après examen nous demande de repasser aux urgences.
Et c’est là que nous avons découvert le véritable service des urgences.
Après l’accueil , entrée dans les couloirs encombrés à la queue leu leu de lits occupés par des jeunes , des moins jeunes , des personnes âgées et plus à moitié dénudés et pour certains là depuis la veille .
Avec ma femme nous sommes restés ébahis et figés .
Et dans ce dédale les aides soignantes , les infirmières , les internes , les docteurs toujours affairés , présents , attentifs , professionnels ....Respect et chapeau à ces gens là pour qui le bien commun a du sens .
Alors ce n’est pas avec quelques vitres cabossées , peut-être abîmées sciemment par des flics déguisés , que le premier sinistre peut affirmer que Necker est dévasté .
C’est bien par leur politique libérale que "nos responsables" ont vendu la santé au privé .
Souvenez-vous de la bachelot qui a fait cadeau de 3 milliards d’euros aux labos privés en achetant des vaccins et des masques pour le résultat que l’on connait avec "l’absolution" des sénateurs .Entre soi on se comprend .
Et l’avidité de ces labos qui font payer très chers des traitements avec des coefficients multiplicateurs à 2 ou 3 chiffres .
Nous les cotisants et nos responsables "démocratiquement" élus pourquoi acceptons nous cet état de fait pourquoi les moyens ne sont-ils pas mis dans la recherche publique pour le bien de tous et non le profit d’une minorité .
Nos politiques n’ont pas ces problèmes leurs places sont réservées a l’hôpital américain ou des armées ou autres cliniques inaccessibles .