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L’humain ou le butin d’abord ?

Publie le lundi 12 décembre 2011 par Open-Publishing
8 commentaires

Mélenchon a déclaré sur un plateau il y a quelques semaines, “je ne suis pas révolutionnaire, je suis keynésien”. C’est ce que confirme la lecture du programme du FdG “L’humain d’abord” . Les faits saillants :

Adieu au socialisme

« Contrôle », mais pas expropriation de tout le secteur financier, pas plus d’ailleurs que du CAC 40, ce qui revient à la vieille et douce chimère de la réforme du capitalisme. Pas étonnant que l’objectif de ce qui devrait être l’objectif de tout Front de Gauche, le socialisme, ne mérite aucune mention dans le programme, qui n’est plus dès lors qu’un ramasse miettes.

Chomage : demi-mesure

Pas de réduction de la semaine à 32 heures et interdiction seulement des licenciements boursiers…Mais qu’est-ce qu’un licenciement boursier ? C’est loin de répondre à l’urgence de vaincre le chômage par la répartition du travail entre tous.

Salaire : de misère toujours

Smic à 1 600 euros brut, ce qui nous laisse loin du minimum pour vivre aujourd’hui. On passerait à 1600 net seulement à la fin de la législature. (page 2). Le minimum, ce serait 1600 net tout de suite, et l’échelle mobile qui protège contre l’inflation.
Redistribution : pas trop…
Revenu maximal autorisé de 20 fois supérieur, non pas au plus bas, mais au revenu médian. L’écart sera bien plus important pour les 5 déciles de revenus inférieurs au médian. Donc très loin par exemple de ce que proposait Marchais, de 1 à 15 entre le plus haut et le plus bas. (page 2)

Retraite : le flou

Sabotage pendant la mobilisation , en balançant un projet de référendum contre celui de la grève générale, et maintenant, logiquement, aucun engagement à retablir une conquête essentielle, les 37,5 ans.

Nucléaire : pas de campagne pour la sortie

Comme les Verts, le FdG a renoncé à faire campagne pour la sortie du nucléaire, alors que la démonstration cruelle de Fukushima et les présidentielles offrent une opportunité en or, comme dans les autres, pays, pour forcer une sortie, possible en 10 ans.
Au lieu de cela, seulement la promesse d’un référendum, si le FdG venait à diriger le gouvernement…Et même si c’était le cas, le référendum sur le nucléaire était déjà la promesse n°38 des 110 propositions pour « changer la vie » en 1981. On sait ce qu’il en est advenu.
En fait le programme du FdG donne déjà la réponse à la question : “l’ensemble des possibilités - dont la sortie du nucléaire ou le maintien d’un nucléaire sécurisé et public - sera alors tranché”(page 5). L’expression « nucléaire sécurisé » est l’oxymore parfait, la formule même du mensonge commandé par lobby militaro-nucléaire.

Dette : pas de répudiation

La question de la dette est mentionnée deux fois. Il s’agit d’une restructuration , pas d’une repudiation : “Nous voulons libérer les finances publiques des griffes des marches financiers. Notre stratégie se décline en quatre axes : reprise du contrôle des mouvements de capitaux aux frontières de l’Union Européenne, possibilité que les banques centrales contribuent directement au financement des biens et des services publics, obligation de détention de titres de la dette publique par les institutions financières, abrogation du pacte de stabilité et du pacte euro-plus” (page 4).Et plus loin “Nous agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques, l’échelonnement des remboursements, la baisse des tauxd’intérêts les concernant et leur annulation partielle.” (page 10).

Pas touche aux politiciens professionnels

Le programme sur ce point est un flou artistique protégeant les ambitions des politiciens profesionnels : “Le cumul des mandats sera strictement limité en nombre et dans le temps.” (page 9) De même est evacuee la nécessité d’une procedure de revocation et d’une limitation de la remuneration des élus au revenu moyen des salariés.

Impérialisme ? connait pas.

Non seulement le mot impérialisme a disparu d’un programme, pourtant signé par des « communistes » mais il n’est même pas question de retirer les troupes françaises d’Afrique ou de reconnaitre le droit à l’autodétermination des peuples de ce qui reste des colonies françaises.

Cerise sur le Flan de Gauche

Les dirigeants du FdG n’ont pas osé le mettre sur le papier, mais ils le proclament face aux jeunes et travailleurs : ils feront "la révolution par les urnes". Jamais nulle part cela n’a existé. Jamais une classe dirigeante n’a cédé ainsi le pouvoir.

Conclusion :

Le programme est suffisamment ambigu pour négocier avec le PS des accords de gestion du système et des sinécures pour les dirigeants, au niveau national, comme ils existent déjà aux autres niveaux de pouvoir. La « révolution » n’est qu’un mot pour ratisser à gauche dans les urnes, et s’en voir récompensé par le système.

Messages

  • Résumons.

    Mélenchon est keynesien.

    Lordon est fordiste.

    Le PCF est altercapitaliste.

    CQFD.

  • En attendant, faute de société communiste (dont personne ou presque ne veut en France), c’est quand même un bon début, non ?
    Un réformiste qui réforme va toujours plus loin qu’un révolutionnaire en quête d’une introuvable révolution !

    • Vas y le réformiste réformons le système de retraite , le système de la sécurité sociale, moralisons le capital et surtouit faisons en sorte de ne pas trop le déranger, pourvu que l’on garde notre place de notable .
      Réformons et surtout fermons la, sur les principes fondamentaux de la société : l’humain d’abord.
      Si c’est écris, ça suffit, tu nous prends pour des naïfs, ou tu es dans la combine ?

      Avec des mecs comme toi, la faim dans le monde n’est pas près de régresser et les restos du coeur ou le secours populaire n’ont pas fini d’exister.

      Vas faire un tour, dans les quartiers populaires, cela t’éviteras de citer des phrases creuses et toutes faites ;

      Les égos, les lutteurs de places et ceux qui ont la science infuse ne sont pas près de nous faire bouffer à notre faim.

      Nous ne pouvons faire confiance qu’a nous même si on veut sortir de ce système injuste et "inégalitaire", au risque de ne pas le voir , je serais toujours pour un système révolutionnaire autogestionnaire.

      Respectons les hommes, la paix et la vie.

      Amitiés

      MCoco Le Rebelle Médocain

    • Les réformes, quand il y a un espace pour en faire de réelles, pourquoi pas. On ne peut pas être "contre par principe". Même si le réformisme implique nécessairement une partie de collaboration de classes. Mais il y a des solutions qui diffèrent dans leur justesse en fonction des époques...

      Donc, là où le bât blesse c’est quand on continue à suivre la voie réformiste quand le capitalisme a sonné depuis un moment la fin de la collaboration de classes.

      Dans une telle période, les propositions "réformistes" pour être révolutionnaires doivent comporter de hauts niveaux d’exigences et des propositions franchement progressistes pour avoir au moins la faculté d’ouvrir les esprits à un autre possible. Est-ce le cas de ce "programme" ? Non.

      Proposer des réformes, surtout aussi nulles, face à un adversaire de classe qui est, lui, entré dans un combat révolutionnaire (le K) c’est comme proposer à un crocodile de bouffer de l’herbe alors qu’il peut croquer du buffle ou de l’antilope, vous voyez...

      Donc à ce niveau les "partis de goooche" qui s’en tiennent à un stade "réformiste" (et en plus faut voir le réformisme en question) ils deviennent suspects de complaisance coupable...et de foutage de gueule.

      LL

    • En attendant, faute de société communiste (dont personne ou presque ne veut en France), c’est quand même un bon début, non ?
      Un réformiste qui réforme va toujours plus loin qu’un révolutionnaire en quête d’une introuvable révolution !

      Oui, si ce programme était appliqué (ou même simplement applicable), ce serait déjà plutôt sympa...

      Mais il ne sera pas appliqué :

       un, parce que ce n’est pas en alliance avec le PS qu’il a une chance de l’être,
       deux, parce que les forces sociales opposées ne le laisseront pas appliquer (elles ne connaissent que la contrainte, le rapport de force)
       trois, parce que la situation du capitalisme aujourd’hui rend une politique keynésienne hors de propos.

      Chico

    • Olé, L.L.je ploussoie.
       :)

      100 pour cent d’ACCORD.

      Désormais la nov lang donne a l mot REFORME le sens de"Nécessaires reculs humains , imposés par une "crise" qui oblige à revenir en arrière avec "courage" tant on a trop abusé du "progrès"..

      Celui qui dit le contraire est donc, un ignare , un démago, un pov con qui comprend rien à ce queles élites lui expliquent !
       :))

      Donc , des militants qui s’obstinent à se dire"réformistes" faisant comme si nous étions du TEMPS ou le CAPITAL pouvait laisser du "grain à moudre"sont ,parfois de bonne fois, maispas toujours...,, ... des gens qui oublient ou essaient defaire oublier que la CRISE du Capitalisme IMPOSE , dans la guerre des classes, le choix simple, :

      -Ou bégayer de l’incantation "régularisatrice," annoncer du "moindre mal" préférer ceux qui proposent d’anesthésier le malade pour l’amputer d’une jambe, alors qu’elle n’est pas malade, afin d’éviter l’arrachage du membre sans anesthésie ( Hollande contre Sarko)

       ou refuser la douloureuse chirurgie et organiser la LDC pour OTER son pouvoir de Nuisance à celui qui POSSEDDE et donc DECIDE.!

      En le dépossédant, pardi !

      La Pallice eut été Marxiste..


      Tout NON Révolutionnaire est donc, un CONTRE REVOLUTIONNAIRE.

      Ce n’était pas le cas quand Marx écrivit le Manifeste ou le Capital.
      NI quand "nous" nous en prenions aux" réformistes"dans les années 50 ou70..

      A l’époque ils pouvaient passer pour des modérés voulant bien nager avec "nous" sans tenter de passer sur l’’autre rive.".
      Aujourd’hui ils veulent nous entrainer à la noyade..

      C’est pour cela que nous les combattons !!

      Que ça "dérange" c’est regrettable !

      "La Vérité est toujors révolutionnaire "a bien fait de dire Gramsci

      A.C

    • Les réformes, quand il y a un espace pour en faire de réelles, pourquoi pas. On ne peut pas être "contre par principe". Même si le réformisme implique nécessairement une partie de collaboration de classes. Mais il y a des solutions qui diffèrent dans leur justesse en fonction des époques...

      Le problème est là en ce moment c’est que pour obtenir des réformes il n’est pas possible d’être réformiste.

      Le paradoxe c’est que les dirigeants le FdG n’ont aucun moyen d’obtenir la moindre réforme et, souvent, obtiennent des... reculs.

      La ligne du FdG , indépendamment de choses fort déplaisantes sous-jacentes, est totalement irréaliste et désarmante.

      Il y a un intervenant là qui a indiqué :

      Un réformiste qui réforme va toujours plus loin qu’un révolutionnaire en quête d’une introuvable révolution !

      Où est la réforme ? où sont les réformes obtenues par les réformistes ?
      Nulle part.

      Depuis 30 ans les réformistes ont une ligne qui a été de catastrophe en catastrophe, incapable de développer une orientation protectrice de la classe populaire, servant de larbins du capitalisme quand ils étaient au gouvernement (on veut bien croire qu’ils ont changé, mais manquent les preuves).

      Réformistes ! où sont vos réformes progressistes ? celles qui créent un nouveau climat favorable aux travailleurs ?

      alors que bien des peuples secouent bien des jougs et partout sur terre, le réformisme organisé français parait bien incapable et inutile de la moindre victoire.

      On le voit même systématiquement reculer comme ses pas de deux sur la retraite en France .

      Plutôt que de construire une stratégie sur la seule chose efficace dans l’histoire, la mobilisation populaire, le FdG n’appelle qu’à rabattre vers des solutions électorales. Solutions électorales d’ailleurs introuvables.

  • Les rappels des camarades ci-dessu peuvent être prolongés ainsi :

    Dans la crise qui ne fait que commencer, les réformes proposées par le FdG n’aboutiront jamais par les urnes. Il faudra un rapport de force considérable. Nous en avons fait l’expérience lors de la bagarre sur les retraites. La crise est pire et sera pire dans les mois et années qui viennent. Les dirigeants du FdG le savent très bien. Les militants rarement, il faut le leur expliquer.

    Mais l’examen du programme du FdG permet d’affirmer qu’il n’est même pas réformiste au sens classique, c’est à dire de la deuxième internationale et de SFIO (ancêtre du PS) qui proposait le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société sans classe, le socialisme, par des réformes progressives, donc en écartant une stratégie révolutionnaire. Le socialisme effectivement est totalement absent du programme du FdG.

    Que cherchent alors les dirigeants du FdG ?
    La réponse est claire : "Le butin d’abord"

    Leurs ambitions sont conformes à leur conduite dans le passé (gauche plus rien) et en cours dans les collectivités comme rabatteurs de gauche du parti bourgeois d’alternance, le PS.