Accueil > LA LOI FIORASO OU LA « LRU 2. »
La loi LRU, est la loi qui a rendu « autonomes » financièrement les universités en passant par une diminution considérable de la dotation budgétaire d’État et poussant ces dernières à rechercher d’autres sources de financements, notamment via les entreprises privées ou le mécénat. La loi LRU a également transféré la gestion financière et humaine de la « masse salariale » de l’État aux universités avec en même temps une accentuation des pouvoirs des conseils d’administration et surtout des Présidents d’universités, faisant de ces derniers de vrais chefs d’entreprises. Cette fameuse loi qui fait qu’actuellement plus d’un quart des universités françaises sont en déficit budgétaire et plus de la moitié en difficultés financières, et qu’elles utilisent leurs salarié-e-s comme variable d’ajustement en supprimant des dizaines et des dizaines de postes provoquant suppressions d’heures de cours, surcharges de TD et dégradation des conditions de travail et d’études. Cette loi qui pousse les universités à la compétition la plus totale, incite à des suppressions ou fusions de filières considérées comme insuffisamment rentables pour l’économie capitaliste…
Non seulement la loi Fioraso ne remet rien en cause, mais elle accélère et enfonce le clou de la marchandisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce projet de loi, préconise notamment la mise en place de « communautés d’universités » dont l’objectif principal est de faire fusionner les universités les unes avec les autres afin de créer de grands pôles régionaux de l’enseignement supérieur, sensés être compétitifs sur la scène internationale, passant par des fusions de filières et de centres de recherche pour une soi-disant question de « lisibilité ». Mais ce sont bien les étudiants les plus précaires et les personnels qui vont trinquer. Toute fusion génère des suppressions de postes. Et toute fusion supprime des filières empêchant les étudiants n’ayant pas les moyens de se déplacer à des centaines de kilomètres de chez eux de s’inscrire dans les filières de leur choix. Dans le même temps, les pouvoirs vont se concentrer dans les mains de l’instance dirigeante du regroupement/fusion d’universités, composée à 50% seulement de membres élus, les autres étant nommés et de préférence liés à l’économie régionale.
Le projet de loi transfère également « l’accréditation des diplômes » directement aux universités et laisse ainsi encore plus de largesse à ces dernières pour concevoir directement leurs propres diplômes, renforçant la régionalisation et la mise en compétition des universités. En parallèle, les UFR (Unité de Formation et de Recherche) vont être supprimées et les universités vont pouvoir créer les composantes qu’elles souhaitent. Rappelons que la nouvelle Licence mise en place à partir de 2012 et finalisée en 2014 introduit les représentants du « milieu socio-économique régional » dans la conception des enseignements, dans les enseignements et dans les jurys d’examens. Mis bout à bout, tout se tient : les universités créent des diplômes dont les objectifs sont de former une main-d’œuvre directement exploitable par le patronat local.
Transférée aux universités dans le cadre de la loi LRU, la gestion de la masse salariale reste à la charge des établissements. Cette charge financière ne sera pas compensée par la dotation annuelle de l’État, dont le montant reste fixe. De quoi creuser les inégalités entre établissements et faire fondre les budgets de fonctionnement.
Les personnalités extérieures, introduites dans les conseils d’administration universitaires avec la loi LRU, compteront plus de représentants des collectivités et pourront désormais élire les présidents. Les contrats quadriennaux, qui définissent l’offre de formation et l’attribution des crédits, seront passés directement avec les CUE (communautés d’universités et d’établissements qui regrouperont établissements publics et privés),et non plus avec les universités. Cela constitue de fait une fusion budgétaire, avec le risque d’appauvrir l’offre de formation et de voir une fois de plus l’argent public distribué au privé. Enfin, l’habilitation à délivrer un diplôme national est remplacée dans la loi par une accréditation donnant aux établissements, pour cinq ans, le droit de proposer les diplômes de leur choix. On déréglemente petit à petit le service public pour le transformer en marché…, pour le plus grand plaisir des entreprises privées.
D’après une doc de la FERC
http://2ccr.unblog.fr/2013/06/17/la-loi-fioraso-ou-la-lru-2/