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LE DERNIER QUI S’EN VA ÉTEINT LA LUMIÈRE : essai sur l’extinction de l’espèce.
par Ernest London
Publie le mercredi 29 juin 2016 par Ernest London - Open-PublishingLa théorie de la main invisible d’Adam Smith, censée réguler naturellement l’économie, est désormais mise à mal. Depuis 50 ans, la « peste de la marchandisation » envahit tout les domaines : éducation, recherche, santé… C’est le juriste Alain Supiot qui dénonce « la gouvernance par les nombres », responsable de la recherche constante du profit, parfaitement quantifiable, au contraire du bonheur, par exemple. Face à ce constat qui ne peut que conduire au pire, Paul Jorion regrette que jamais « le Prince ne fut philosophe ou n’écouta le philosophe ». Il pointe un certain nombre de dysfonctionnements :
– 1975 vit la victoire du court-termisme quand fut décidé d’aligner les intérêts des dirigeants des grandes entreprises à ceux des investisseurs, au moyen des stock-options. Dès lors, l’avenir fut sacrifié au présent.
– La croissance n’est nécessaire que parce qu’elle permet le paiement des intérêts. Pour sortir de cette logique exponentielle insoutenable, il faut régulièrement déclarer faillite ou instaurer une forme de servage. Au choix !
– L’une après l’autre, les nations ont abrogé, dans la seconde moitié du XIXème siècle, les lois prohibant la spéculation !
– Les salaires versés contre le travail sont comptabilisés comme une charge mais pas les dividendes distribués aux actionnaires.
– La prétendue « science économique » qui a remplacé l’économie politique, obscurcit délibérément la réalité en la complexifiant pour masquer sa dimension idéologique.
– Un réseau de contrôle global des entreprises repose sur 147 compagnies transnationales dont la puissance économique est supérieure à celle des États. Les trois quarts sont des établissements financiers.
Dès lors ce n’est plus le « bien commun » et l’intérêt général qui sont la préoccupation des gouvernements. Par exemple, les institutions européennes requièrent un vote à l’unanimité pour l’adoption de mesures progressistes et seulement majoritaire pour les décisions réactionnaires. Des systèmes de cliquet sont discrètement mis en place pour rendre les décisions irréversibles. La démocratie est réellement enchaînée. L’absence de réaction ne peut que déboucher sur une tragédie.

LE DERNIER QUI S’EN VA ÉTEINT LA LUMIÈRE : essai sur l’extinction de l’espèce.
Paul Jorion
288 pages – 19 euros
Éditions Fayard – Paris – mars 2016
Article complet sur le blog de la BIBLIOTHÈQUE FAHRENHEIT 451 : http://bibliothequefahrenheit.blogspot.fr/2016/06/le-dernier-qui-sen-va-eteint-la-lumiere.html