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LES LUTTES DU PRINTEMPS

Publie le jeudi 11 septembre 2003 par Open-Publishing

Nous avons à plusieurs reprises décrit les conditions de vie épouvantable du prolétariat en Serbie, et au-delà dans l’ex-Yougoslavie. Le problème principal des travailleurs reste le chômage de masse, la misère et les licenciements qui se poursuivent au nom des privatisations. On compte déjà plus d’un million de chômeurs et 600.000 ouvriers travaillent au noir pour survivre. Et les licenciements continuent : ainsi par exemple, dès le mois de mars 2002, la compagnie aérienne JAT (5000 salariés) a amorcé un plan de réduction massive du personnel ; et en un an 800 salariés ont d’ores et déjà été licenciés ou mis à la retraite. Dans le secteur de l’énergie, la modernisation capitaliste a des conséquences encore plus dramatiques pour les ouvriers. Le projet du gouvernement prévoit en effet le démantèlement de tout le secteur de l’énergie (mines et électricité), de son morcellement en petites unités qui devront être « rentabilisées » puis « privatisées » avec à chaque fois des plans de licenciements.

Ainsi, le ministère de l’énergie a été au printemps autorisé à donner un statut « d’autonomie » à la mine de charbon de Resavica, afin « d’augmenter la productivité ». Officiellement, cela se traduira par le licenciement de 1.300 travailleurs. Il faut ajouter que cette rentabilisation du secteur énergétique ne touche pas que les travailleurs du secteur, mais plus largement l’ensemble des classes populaires de Serbie. Depuis le 1er juillet, en effet, le prix de l’électricité a augmenté de 10% à 15% selon les ordres donnés par le FMI au gouvernement.

Mais face à cette situation, l’Union Sacrée qui avait été mise en place après l’assassinat de Djindjic (ancien premier ministre serbe) vole en éclat et les travailleurs prennent le chemin des luttes. Ainsi, plusieurs mines débrayent, et le 16 juin, c’est l’ensemble du secteur de l’énergie qui fait grève.

Le 25 juin, une immense marche de protestation déferle dans les rues de Belgrade. On y trouve des travailleurs de tous les secteurs d’activité, ainsi que des chômeurs, des retraités et des invalides. Des ouvriers de Kragujevac, Nis, Novi Sad, Negotin, Kraljevo, Valjevo, Cacak et d’autres villes viennent pour participer à cette manifestation. En tout, plus de deux cent autocars, venant de tout le pays et même du Monténégro, ont été nécessaires pour faire venir des manifestants. Les slogans les plus visibles étaient « Nos enfants ont faim » ou « Nous avons faim ». En fin de manifestation, selon la presse bourgeoise, de nombreux ouvriers regrettaient que la SSSS n’ait pas donné la consigne d’investir les bâtiments du gouvernement ou de l’assemblée nationale.

A donner enfin que la SSSS a récolté plus de deux millions de signatures de travailleurs, pour une pétition qui, en plus des revendications ouvrières, demande la destitution du gouvernement. Cette pétition est bien entendu ambiguë, de nombreux bureaucrates de la SSSS ayant des liens avec le parti de Kostunica (opposition). Il n’empêche que cela démontre le ras-le-bol et la combativité des travailleurs de Serbie. La rentrée risque d’être chaude…

Article de HOBOCTb, Numéro double, N°14/15 été/sept 2003

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