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La Fête de l’Huma, un trésor national

par Philippe Marlière

Publie le mardi 17 septembre 2013 par Philippe Marlière - Open-Publishing
6 commentaires

La Fête de l’Huma est un trésor national. Depuis l’auto-sabordage du Parti communiste italien à la fin des années 80, aucun autre parti de gauche en Europe n’a ni la capacité ni la volonté d’organiser une fête populaire de cette importance. Car la Fête de l’Huma reste un événement politique majeur à gauche, y compris dans les années de reflux révolutionnaire ou de désunion à gauche.

De nos jours, nul besoin d’être communiste pour s’y presser. S’y rendent ceux qui se revendiquent de la gauche de transformation sociale. Peu importe la chapelle d’origine ou l’étiquette du jour. C’est la gauche de gauche qui se réunit à La Courneuve. Afficher un état d’esprit anticapitaliste et proclamer son attachement à un idéal socialiste (entendu de manière large), revêt ici une signification concrète. Quiconque à la Fête de l’Huma véhicule cet habitus politique voyage en territoire ami.

La Fête fait office de maison commune pour le peuple de gauche. C’est à ce titre que ce rassemblement est un joyau politique, un patrimoine commun d’une valeur inestimable. C’est aussi un véritable lieu de mémoire des gauches ; une mémoire pratique, incorporée et vivante. A la Fête de l’Huma, on y débat beaucoup de politique, bien sûr, mais on y joue aussi, on danse, on se divertit. Les jeunes et les enfants ne sont pas oubliés. Certains regrettent la part croissante prise par les concerts de musique « pour jeunes ». Pourquoi pas ? En quoi cela nuirait-il à l’apport politique de l’événement ? Et si ces concerts amènent un seul jeune dépolitisé vers la gauche, c’est en soi un acte positif.

En réunissant près de 280 auteurs, des universitaires et des artistes de premier plan, la Fête de l’Huma continue d’agir comme un aimant auprès de nombre d’intellectuels en France et en Europe. Mais ici, nul star system, nulle mondanité. Tout le monde est logé à la même enseigne. La visite du Village du livre est édifiante : on y trouve une masse de livres, de documents et de revues passionnantes.

La deuxième semaine de septembre, la Fête de l’Huma est inscrite sur l’agenda de quelques centaines de milliers de citoyens. Tous ne sont pas des militants au quotidien, loin s’en faut, mais ils appartiennent à la famille de la gauche. Ils sont de la gauche réelle, celle qui incarne la condition du peuple dans sa diversité : les gens de peu, les moyens, les petits ou les dominés. Tous ont en commun le refus de l’ordre capitaliste dominant.

Pourtant unitaires pour quatre, aucun des camarades rencontrés ce weekend n’accepte la fatalité d’une gauche de gouvernement qui tourne le dos aux intérêts du peuple. Il suffirait qu’un ministre socialiste ou Vert vienne se promener dans les « Avenues » de la Fête (toutes baptisées du nom d’un personnage illustre de la gauche internationale), pour se rendre compte combien ce gouvernement « de gauche » a trahi les (maigres) espoirs de celles et ceux qui avaient voté pour François Hollande il y a plus d’un an à peine. Ce rejet est tellement massif et radical qu’il suscite en moi un sentiment vertigineux : dans ces conditions, comment la gauche pourra-t-elle espérer remporter les prochaines élections ? Evidemment, ces ministres évitent soigneusement de venir à la Fête et, ainsi, la probabilité que ma prédiction se réalise se renforce.

La Fête de l’Huma est enfin un lieu de socialisation intense. Les plus anciens et les plus assidus comprendront ce que j’entends ici. On y rencontre tant d’ami(e)s, de camarades ou de simples connaissances. On s’y fait des ami(e)s aussi. On boit, on mange la cuisine régionale préparée dans les stands des fédérations du PCF. Le travail et l’abnégation militants sont époustouflants. Il est réjouissant et émouvant de voir ces milliers de bénévoles s’activer sans répit pendant plus de trois jours ; pour leur parti, mais pour la gauche de transformation sociale, leur gauche.

La Fête de l’Huma est au cœur du patrimoine de la gauche française et internationale. La forte représentation internationale dans les allées du parc de La Courneuve en fournit la démonstration chaque année. Cette Fête aide à résister à l’air du temps actuel, morose et souvent ignoble.

Twitter : a8z PhMarliere

Messages

  • ". On boit, on mange la cuisine régionale préparée dans les stands des fédérations du PCF. Le travail et l’abnégation militants sont époustouflants. Il est réjouissant et émouvant de voir ces milliers de bénévoles s’activer sans répit pendant plus de trois jours ; pour leur parti, mais pour la gauche de transformation sociale, leur gauche." AU BENEFICE DE QUI ? DE L’ AUTRE ENERGUMENE DE MELENCHON ?

  • Mais ici, nul star system, nulle mondanité. Tout le monde est logé à la même enseigne

    C’est absolument inexact. quiconque connait VRAIMENT la "fête de l’huma" sait qu’il y a des stands où l’on peut rentrer boire le champagne avec telle ou telle figure, ou pas, en fonction de ses "connaissances" et de ses "places"....

    Ne parlons pas du dîner des entreprises de la presse (cette année présidé par ..François d’Orcival...)... qui n’ rien à envier à un pince-fesse bourgeois...

    Ne parlons pas non plus de la quasi impossibilité d’y aller avec des jeunes enfants - contrairement à d’autres fêtes politiques, plus modestes, certes, rien ou presque n’est fait pour eux. Cette "Fete" ressemble désormais à une grosse quinzaine commerciale, bruyante assourdissante et qui colporte de plus en plus les "mêmes valeurs" que celles que l’on trouve... partout (et c’est bien dommage)... plusieurs années que l’on y croise du Ps et même de l’UMP, invités à "débattre" !

    Bref, cette "fête" fut un joyau, probablement, mais elle ne l’est plus depuis longtemps et ce papier nostalgique arrive 20 ans trop tard.

    C’est très triste et n’enlève rien au magnifique travail des militants du PCF mais c’est ainsi...

  • L’entrée devrait être gratuite le jour de le fête du patrimoine en France ahahahahah