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La Mairie de Nouméa installe des caméras pour chasser les SDF du centre-ville
Publie le mercredi 21 octobre 2009 par Open-PublishingLa délinquance des jeunes est une réalité en Nouvelle-Calédonie depuis fort longtemps. Elle ne revêt pas la gravité de certaines banlieues de la Métropole mais elle est source d’un sentiment d’insécurité générale.
Pour satisfaire son électorat, le Maire UMP de Nouméa Jean LEQUES avait promis d’installer des caméras dans la ville lors des dernières municipales.
C’est chose faite aujourd’hui puisque onze caméras sont en cours d’installation. Là où le bât blesse c’est que ces caméras sont installées n’importe comment et n’importe où : 2 caméras dans une rue commerçante qui n’est pas spécialement connue pour ses actes de délinquance ; cinq caméras sur la Place des cocôtiers qui n’est pas l’endroit le plus criminogène de Nouméa ; 1 caméra devant l’entrée de la cathédrale qui n’est pas une cour des miracles ...
Ces choix sont absurdes mais pas incohérents : il s’agit de "rassurer" les commerçants du centre ville, la base électorale de l’UMP locale, en chassant de la zone commerçiale les SDF qui y trainent parfois...
Rien à voir avec la délinquance réelle.
Ces choix sont de plus illégaux, la loi exigeant comme condition pour autoriser un tel système de surveillance de la voie publique qu’il y ait "atteinte à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés à des risques d’agression et de vol"... ce qui n’est évidement pas le cas.
Malgré celà, répondant sans doute à des instructions de l’Intérieur, le Haut-Commissaire a donné son autorisation. La Commission locale prévue par la loi pour surveiller le système a été mise en place en quatimini. Elle est pilotée par les représentants de l’Etat sans la présence d’une organisation de défense des droits et libertés comme l’OSPEL ( Observatoire de la sécurité publique et de l’état des libertés ) ou la Ligue des droits de l’homme.
Cette opacité laisse craindre des atteintes sérieuses aux libertés.
D’autant que c’est la Police Municipale de Nouméa qui est chargée du visionnage des images. Cette institution, en crise depuis des années,
n’est toujours pas pourvue du statut national des polices municipales.
Elle s’est illustrée par des "bavures" multiples et des grèves à répétition.
Son Directeur actuel ( un officier de Gendarmerie ) tente bien de procéder à sa réforme mais tant que le système clientéliste mis en place par la Mairie demeurera, il y a peu de chance que la police municipale soit modernisée.
Il faudrait au préalable "démocratiser" cette quasi-milice, en commençant par la doter d’un code de déontologie ( ce qu’elle n’a toujours pas ) avant de lui confier la vidéosurveillance des lieux publics.
Malgré les efforts de quelques journalistes courageux, l’information est globalement orientée autour des "arguments" avancés par le maire et sa coterie. Le journal " LES NOUVELLES " a ainsi refusé de publier un communiqué de l’OSPEL critiquant le système mis en place.
Même pusillanimité à RFO ou un débat sur le sujet a eu lieu récemment en l’absence de notre Observatoire qui est le seul, en Calédonie, à mettre en cause depuis plus de deux ans cette politique de vidéosurveillance.
Enfin, pendant que la Mairie installe ainsi à grands frais et bien inutilement des caméras dans le centre ville pour satisfaire commerçants et touristes, à quelques centaines de mètres, dans les quartiers populaires ( Kanaks et Wallisiens ) livrés aux bruits, à la pollution, aux dégradations et incivilités de toutes sortes .. réclament - en vain- une présence policière réelle et efficace.