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La Révolution, l’impôt, J-L Mélenchon et les termes du débat

par Canaille Lerouge

Publie le lundi 2 décembre 2013 par Canaille Lerouge - Open-Publishing
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ou sortir des pièges et poncifs de l’idéologie dominante.

la question c'est l’impôt ou la maîtrise de la richesse créée ?

la question c’est l’impôt ou la maîtrise de la richesse créée ?



Une citation de ce Descartes que par ailleurs Canaille le Rouge a étrillé il y a quelques temps :



"C’est peut-être cette déception qui alimente le pessimisme du philosophe, un pessimisme radical qui l’amène à chercher la compréhension des situations sans pour autant proposer des solutions".

 

Il s’agit d’une critique très enthousiaste du dernier bouquin de Finfielkraut. N’ayant lu que cette critique, La Canaille ne s’aventurera pas sur ce terrain ; d’autant que Finkielkraut n’est pas sa tasse de thé.



Vu le titre de la p 8Wm ge du carnet, pourquoi ce détour ? A cause de ce "compréhension des situations sans pour autant proposer des solutions".



Asticoté par un lecteur qui trouvait que La Canaille avait la dent dure et sélective à l’encontre de J-L Mélenchon, grisaille et chute des températures aidant, vite un détour sur le blog du dit J-L M.

 



Notons d’entrée que dans l’entourage de l’auteur et donc pas seulement de ce si éloigné Canaille le Rouge, des reproches ont du fuser sur le terme "d’esclaves" appliqué aux salariés se jetant dans la nasse de Quimper puisque le terme est transformé en "nigauds" ("qui agit d’une manière sotte, maladroite".) ce qui est tout autre choses qu’esclaves. Il reprend même le mot de benêt - ici dès l’origine employé- plus conforme à la situation de l’exploité qui croit qu’avec l’exploiteur il pourrait avoir des intérêts communs.

Après avoir fait une lecture attentive de son (dense) message du 29 novembre, si au delà du style propre à la personnalité de chacun des points communs nombreux peuvent se révéler, Canaille le Rouge persiste à dire sa différence dans l’issue et les voies proposées pour en trouver une.

Constat partagé des racines historiques de la réaction aux commandes de l’opération "bonnets rouges". Accord sur le fait que l’issue ne passe ni par les baronnies ni par les duchés et ne se débat pas dans les cloîtres et séminaires. Accord toujours pour montrer l’articulation entre la pire des réactions tirant via le corporatisme de type pétainiste vers des solutions qui ouvrent sur la fascisation de la société. Bien vue et démontrée toute l’articulation de la continuité des politiques fiscales de Sarkozy et Blummollet au service des gavés du "SBF 120" (pas que du CAC 40).

D’accord aussi sur la façon pour le moins différencié du traitement dont le personnage politique (lui), en s’appuyant sur des traits dont il fait lui-même un moteur pour caricaturer les positions qu’il défend, est victime (l’exemple du Télégramme de Brest est aussi parlant que depuis le 29 au soir cette sorte de télé-réalité non-stop de Ouest France pour passer la brosse à reluire sur les pompes de des commanditaires de l’héritier de l’Ouest Eclair).

La phrase qui conclut son message par :



"Il s’agit de gagner d’abord les têtes dures qui constituent le cœur du peuple citoyen que nous voulons construire. Eux et non les benêts et les nigauds qui se traînent derrière la bannière des curés, des fascistes et de leurs patrons, qui leur font détruire les portiques d’une taxe qui n’est pas en vigueur pour leur faire oublier que c’est eux qui se sont goinfrés et qui les licencient à présent ! "



Même si elle laisse "les benêts les nigaudssans espoirs d’en sortir dans les mains des forces de la réaction,  est ,hormis ce point, ici partagée.

Oui, cela est dans le pot commun,

Mais et c’est là qu’il faut mettre à plat les différences et omissions.

Une de taille qui engrène toute la mécanique : découverte (avec une part d’arguments justes et bien sentis) que la bataille est idéologique et que les outils de communication sont dans les mains de l’idéologie dominante. Mais pourquoi ne pas dire clairement qu’il s’agit d’idéologie et de lutte de classe laquelle sert de palier aux axes des engrenages de l’action idéologique ?

D’ailleurs lui-même alors qu’il dit appeler un chat un chat use d’un subterfuge pour ne pas affoler le chaland : il parle de
"conflictualité s’exprimant par les mots" précisant :

 

 "Cette méthode de la conflictualité pour créer de la conscience est le cœur de ce que nous appelons la « bataille culturelle » "

 

Alors que jamais la guerre idéologique n’a fait autant de ravage allant maintenant dans les entreprises jusqu’à pousser au suicide les plus vulnérables et(ou) les plus isolés.

 

"Bataille culturelle". C’est attaquer la canonnière avec un fleuret.



Omissions dans les dates repères : le réaliste tableau de la continuité fiscale et les cadeaux au capital ne commence pas avec l’arrivée du troll de Neuilly mais avec le dernier gouvernement Mauroy qui verra entamer un défilé, jusqu’au dernier jour de celui de Jospin et sa filière ex OCI , de toute la direction du PS et pas que celui de ce jour aux postes ministériel. (JLM , de ce que disent les syndicats de l’enseignement technique et professionnels portant sa part la responsabilité dans la liquidation de l’enseignement technique qui se hissait en terme d’excellence au niveau des bacs généraux et a participé ainsi - années 2000 2002- à la baisse du paiement de la qualification initiale des entrants dans la vie professionnelle quand surgissait la ponction sur la part socialisée des bas salaires par leur report sur le budget de l’état ...mais il n’était que ministre).

Là ou le débat doit prendre une tournure plus franche, c’est sur l’objectif poursuivi tel que définit par les mots d’ordre.

C’est la question de celui que Canaille le Rouge persiste à qualifier de néo-poujadiste : cette "
révolution fiscale". Il ne s’agit pas de ferrailler avec des épées forgées dans de la braise de sémantique mais, à partir du postulat énoncé par ce message de JLM de ne pas biaiser avec la vérité.



Il s’agit de sortir notre pays d’une crise dont tout le monde maintenant s’accorde à pointer son caractère massif, durable. Une crise qui sert de corne d’abondance à ceux qui l’entretiennent pour s’en repaître. 

 

Une crise dont le camp disant se situer du côté progressiste alarme sur son caractère systémique, exige des mesures structurelles pour s’en extraire, ce qui dans toutes les langues du monde se traduit par le mot redouté des nantis et porteur d’espoir pour les "exclus de la répartition" : Révolution. 

 

Faut-il une réorganisation de la répartition passant par la fiscalité, une question des formes de la collecte et de l’ inscription de ses fruits dans le budget ou n’est-ce pas d’autres choses qu’il s’agit ?



Proposer une réorganisation de la fiscalité, fut-elle révolutionnaire dans ses choix, fera-t-elle que la captation des richesses produites échappe avant impôts aux détenteurs du capital ? L’impôt, aussi progressif et réorganisé dans ce sens qu’il soit fera-t-il que le lien de subordination interdisant aux salariés d’avoir prise sur la richesse qu’ils sont seuls à créer, qui leur échappe et permette parce que le capital dispose des outils techniques pour y échapper et idéologique pour le justifier, qu’il puisse continuer ?



C’est donc bien que n’en rester qu’à ce niveau de proposition comme fond politique ne fait pas la maille. Il permet d’espérer de rassembler large dans une tactique calée sur des traductions électorales du mécontentement mais envoie le fleuve des exigences transformatrices dans les sables des calendriers électoraux. 

 

Espérer, parce que ceux qui sont les plus atteints n’ont pas envie de se mobiliser pour des clopinettes. D’où l’abstention galopante et massive dans les milieux populaires qui part effet de siphon fait gonfler l’image virtuelle du "f-haine".



Dans le cadre de cette fiscalité de classe fort bien dénoncée dans ses aspects, mais qualifié pour ce qu’elle n’est pas, le terme classe n’étant pas retenu, pour être objet de dénonciation, ne peut être l’objectif d’action. Sinon cela revient à regarder l’indicateur de la pompe a essence et pas les comptes du pétrolier.

Vous l’avez compris, même si La Canaille n’a pas tiré à boulets rouges sur la manif du 30 (la crainte exprimée par les militants et organisateurs d’être insuffisamment nombreux porte tant d’interrogations qu’il n’est pas indispensable d’en rajouter plus que nécessaire à ce que surtout les premiers s’interrogent). Ces questions qui ne peuvent avoir de réponse dans un cadre aussi contraint que ce mot d’ordre "petit bras" exige que la question du niveau de la transformation, ses formes d’organisation et ses objectifs anticapitalistes soient portés au cœur de la mobilisation. Et ce n’est pas le cas.

Dernière question, mais pas des moindres, une telle dépense d’énergie pour des objectifs en retrait sur ce qui est nécessaire aide-t-il à construire le rapport de force pour y arriver,

JLM donne lui-même la réponse :



"Il n’a donc jamais manqué de brillantes intelligences pour suggérer qu’en adoucissant la forme, on devrait recevoir moins de réactions ! Quelle trouvaille ! Dans leur fatuité, ignorant des décennies de luttes politiques et des dizaines de textes mûris collectivement sur le sujet, ils donnent cependant des leçons. Il est bien connu qu’en critiquant avec des mots aimables, en interpellant avec des gentillesses, l’anticapitalisme et la rupture de la révolution citoyenne seraient aussitôt adoptés dans l’enthousiasme par les puissances d’argent, leurs caniches médiatiques et ainsi de suite."



Certes, les puissances d’argent et les caniches médiatiques ne sont pas invités le 30, pas question de faire injure ici à ceux qui s’y rendront, mais cette révolution fiscale par rapport à la Révolution obéit aux mêmes mécanismes que justement JLM dénonce avec tant de style.

http://canaille-le-rouge.over-blog.com/2013/12/la-r%C3%A9volution-l-imp%C3%B4t-j-l-m%C3%A9lenchon-et-les-termes-du-d%C3%A9bat.html

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